Quelques infos sur la famille de Vladimir, et sur sa mère qui a subi le siège de Léningrad
Que savons-nous sur l’enfance de Vladimir Poutine ?
(...) Sa mère Maria Ivanovna était une rescapée du siège de Léningrad. D’origine paysanne, elle travailla durement sa vie durant, en usine puis comme concierge. Ses deux premiers fils décédèrent en bas âge, l’aîné quelques mois après sa naissance et le second d’une diphtérie pendant la guerre. Elle-même faillit alors mourir de faim et d’épuisement : c’est donc une femme gravement psycho-traumatisée qui engendra un troisième fils, à l’âge de 41 ans. Avec pour conséquence notable l’impossibilité d’établir un lien authentique avec lui.
Un traumatisme collectif
Pour avoir une idée de la mémoire traumatique refoulée par la mère du futur président de Russie, il faut revenir sur le siège de Léningrad – un calvaire de 872 jours qui fit près d’un million de morts (fig. 1). Ce fut une lutte de chaque instant contre la famine et l’isolement, loin du choc héroïque entre Nazis et Soviétiques présenté par les discours officiels. Faute d’un approvisionnement suffisant, les habitants finirent par manger tout ce qui pouvait l’être : la colle des papiers peints, le cuir bouilli, les animaux domestiques. On parla même de cannibalisme...
Dans son journal intime, une adolescente rapporta les angoisses de sa survie quotidienne : « Je suis en train de devenir un animal. Il n’y a pas de pire sentiment lorsque toutes vos pensées sont tournées vers la nourriture[2]. » Il ressort de nombreux témoignages que la mort par famine est particulièrement effroyable. Elle oblige le corps à se nourrir de lui-même et à se détruire, mais fait aussi des ravages dans les esprits et déstabilise toutes les valeurs fondamentales. Par la suite, le pays s’est largement identifié au martyre de cette ville qui devint un symbole des souffrances du peuple russe.
Transmission transgénérationnelle
Mais qu’en était-il précisément de Maria Ivanovna ? Lorsqu’elle titubait jusqu’à l’hôpital pour rendre visite à son mari blessé, celui-ci lui donnait ses propres rations de nourriture, ce qui leur fut interdit. Un jour, Maria eut tellement faim qu’elle en perdit connaissance. Ses voisins la prirent pour morte et allongèrent son corps auprès d’autres cadavres. Par chance, elle retrouva ses esprits avant d’être jetée dans une fosse commune. À la naissance de Vladimir, elle était encore obsédée par la mort et constamment envahie par les réminiscences de ce vécu traumatique. Sans doute pour conjurer le sort, Maria s’empressa de le faire baptiser à l’insu de son mari athée, sur les conseils d’une voisine orthodoxe.
photo Maria Ivanovna et Vladimir Vladimirovitch, en juillet 1958
https://regardconscient.net/archi22/2206peps37.html