@Gérard Luçon
Jaurès était tout à fait dans son époque, la Ligue antisémite de France fondée par Edouard Drumont en 1889... le pendant de celle en Allemagne fondée en 1879, par Wilhem Marr qui avait publié à Berlin son essai polémique antisémite Der Sieg des Judenthums über das Germanenthum
(« La victoire de la judéité sur la germanité ») qui le place à la
pointe de la défense de l’antisémitisme. La même année, il fonde la
« Ligue antisémite » [L’Antisemitenliga] ...
Pas grand chose à voir avec les pogroms... c’est plus des histoires d’hubris nationaliste et de race. Un antisémitisme n’a rien à voir avec l’antijudaïsme, pas plus qu’ avec le sionisme (Congrès de Bâle en 1897), il était plus politique (anticapitaliste ?) que raciste, dans le fil de la lutte des classes.
Les discours sur la détestation des Juifs en général (un antisémitisme au sens large, imaginaire...) n’ont aucun sens, l’univers juif ne se distingue en rien des autres, il a sa classe de prolétaires, sa classe moyenne et sa grande bourgeoisie. C’est d’ailleurs pourquoi un certain nombre d’entre eux ont rejoint le communisme pour se distancier de cette sorte de patriarcat tribal talmudique.
Sur la pensée de l’époque, dans le livre de Schlomo Sand « Comment le peuple juif fut inventé » il écrit : Page 357 :
Nathan Birnbaum, que l’on peut, dans une large mesure, définir comme le premier intellectuel sioniste (il fut l’inventeur du concept de « sionisme » dès 1891), prolongea la pensée de Moses Hess : « Seules les sciences naturelles peuvent expliquer la spécificité intellectuelle et affective d’un peuple particulier. « La race est tout » , a dit l’un de nos grands coreligionnaires, Lord Beaconsfield [Benjamin Disraeli],
la spécificité du peuple se trouve dans celle de la race. Les
différences de races sont à l’origine des variétés nationales. C’est en
raison de l’opposition entre les races que l’Allemand ou le Slave
pensent et sentent différemment du Juif. Ainsi s’explique également le
fait que l’Allemagne ait créé la Chanson de Nibelungen, alors que le
Juif a engendré la Bible (1). »
1. Cité in
« Nationalisme et langage », un article datant de 1886 publié dans le
livre de Joachim Doron, La Pensée sioniste de Nathan Birnbaum (en
hébreu), Jérusalem, La Bibliothèque sioniste, 1988, p. 177.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathan_Birnbaum
Moses Hess (1812-1875) était un philosophe allemand, proche de Karl
Marx et de Friedrich Engels. « Il est aussi considéré comme l’un des
fondateurs du sionisme avec son livre Rome et Jérusalem, qui « est tout simplement, trente-trois ans avant le Judenstaat de Theodor Herzl, la première expression articulée du sionisme politique » » https://fr.wikipedia.org/wiki/Moses_Hess