@Boaz
Pensez-vous qu’en Israël l’on appellerait à faire barrage pour s’opposer à un parti jugé « antichrétien » ou « anti-musulman » ? J’en doute. Il n’y a que nous, Occidentaux, qui avons intériorisé le candaulisme politique au point de voter non plus en fonction de ce qu’un parti nous promet, à nous, mais en fonction de ses positions (supposées plus que réelles) sur l’Autre. Ce n’est pas très différent des gauchistes qui disent vouloir faire barrage au RN pour que leur voisin clandestin ne soit pas expulsé. D’un point de vue non-occidental (russe en l’occurrence), c’est assez perturbant qu’un peuple pense ainsi à gauche comme à droite... Cela pourrait être de la noblesse, si ce n’était du masochisme.
Que l’on combatte la gauche pour son wokisme, son immigrationnisme, sa collusion avec les médias, ses casseroles juridiques, ses utopies, c’est non seulement un droit, mais un devoir d’information. Et nous pensons nous en être acquittés dans cet article même où les travers de la gauche ont été pointés sans hésitation aucune.
Mais, de grâce, évacuons cette accusation là, dont on sait bien qu’il s’agit d’un épouvantail moral (elle fait plus appel aux émotions qu’à la raison : stratégie populiste s’il en est...) brandi depuis 80 ans pour faire culpabiliser le peuple. Après que le nationalisme se soit embourgeoisé et se fut laissé domestiquer par les élites, c’est désormais à la gauche radicale de faire face à cette accusation, qui — bizarrement — ressort toujours lorsque le paradigme dominant se sent menacé : souvenons-nous des Gilets Jaunes, cette accusation est ressortie à partir de l’acte IV, dès lors que le mouvement a pris des proportions insurrectionnelles. C’est suffisant pour mettre la puce à l’œil de tout citoyen lucide sur le fait que cette accusation sert les intérêts des élites (un peu comme « hérétique » l’était au Moyen-âge pour écarter toute menace envers l’ordre établi).
Sur cette question là, j’aurais tendance à suivre la vision républicaine classique : toute forme de haine essentialiste est condamnable et toute personne doit pouvoir être en sécurité sur le sol national. Dès lors qu’il est question de garanties particulières ou d’une sur-attention envers tel groupe ou tel autre, ce n’est plus la France.