je vous remercie pour votre honnêteté au débat, et votre courage à aller consulter les auteurs. J’essaye aussi, dans la mesure de mes moyens, de prendre le temps de lire les auteurs dans leurs textes originaux et non dans ce qu’on dit d’eux.
Bastiat est en effet populaire chez une partie des libertariens, mais qui ne le considèrent cependant pas comme un des leurs. D’une part, il ne remet pas en cause l’état (par ex. concurrence les législations, etc.). D’autre part, formé chez les Dominicains, il s’inscrit dans la tradition la plus classique du droit naturel ancien, alors que les libertariens s’inscrivent dans le droit naturel moderne et même souvent dans le pur constructivisme (phalanstères à la sauce « hippie capitaliste »). Ceci-dit, je ne me querellerai pas avec vous là-dessus.
Sur l’armée privée j’ai un doute, car il place l’armée dans les prérogatives de l’état dans les autres oeuvres que j’ai lues (il faudrait une citation précise). De mon côté, je n’ai pas retrouvé hier soir la citation sur le « communisme réel » (j’ai lu 1200 pages de Bastiat ces 3 derniers mois, et je n’ai plus toutes les références). Je ne vous demande pas de me croire sur parole, mais je sais que j’ai lu (ça m’avait marqué).
Quoi qu’il en soit, je ne peux que partager mon enthousiasme pour cet auteur. Il n’a pas ce ton vindicatif et finalement superficiel des austro-américains du XXème siècle. Il s’adresse à son lecteur d’égal à égal, et cherche à traiter à fond les questions morales (et même spirituelles) de l’économie. Il est « en amont » de la pure technique économique, et permet de se poser la prime question profonde : libéralisme ou socialisme ?