sur Jacques RUEFF (qui n’a pas la « plume » de Bastiat) je trouve intéressant de remarquer que l’économiste du Général de Gaulle était un libéral revendiqué. Il a participé au Colloque Lippmann avant guerre, puis à la Société du Mont Pèlerin après guerre (organes néo-libéraux). Invité par Keynes à Londres dans les années 1920, il est le premier à remettre en cause le keynésianisme (on peut supposer que leur amitié s’est dégradée après). Et, De Gaulle a en effet rétabli la monnaie et la rigueur budgétaire. Rueff a « vu venir » la dérive démiurgique d’un état banco-centraliste et le risque totalitaire « à la sauce américaine » (différent des totalitarismes nazis et bolchéviques, mais bien réel à sa manière). Je pense que ça vaut la peine de réfléchir là-dessus. Car on est bien loin des idées-reçues sur un De Gaulle quasi socialiste.
Le néo-libéralisme n’est pas une doctrine unifiée. Il regroupe un tas d’économistes d’inspiration libérale, mais qui acceptent que l’état doive intervenir dans l’économie (en rupture, donc, avec le libéralisme classique de Bastiat et du XIXème siècle). Mais le néo-libéralisme dominant va finalement faire sa synthèse dans les années 1970/80 autour d’un « socialisme de marché austérito-keynésien » autoritaire et vindicatif. Dérive conspuée jusqu’à son dernier souffle par Rueff, pour qui l’influence de l’état dans l’économie doit se faire selon d’autres modalités (cf. le gaullisme ?).
Il y a un récent livre sur Rueff, mais qui semble vouloir le rattacher à l’ordo-libéralisme allemand à la mode il y a 10 ans. Je ne l’ai pas lu. Mais j’ai un pressentiment méfiant, car le libéralisme gaullien ne me semble pas très allemand. A voir...