Non, le droit naturel consiste à chercher « ce qui est juste » indépendamment de la loi écrite, de la tradition, de l’autorité en place ou de la religion. Le droit naturel est précisément à l’opposé du rapport de force, ou de toute autre conception arbitraire (tradition, fait-accompli, théocratie, etc.).
Nous faisons tous du droit naturel lorsque nous disons : « telle loi est injuste il faudrait la changer ». C’est bien alors que nous nous appuyons sur une conception non-écrite de ce qui est juste pour demander à la loi écrite de se mettre en conformité.
C’est pourquoi j’écrivais qu’à l’ère du gourdin, de la bombe atomique ou de l’intelligence artificielle, cela ne change rien : le fait de voler le fruit du travail d’autrui demeure injuste quel que soit le contexte, et même si la victime n’est pas en mesure d’opposer un rapport de force. Le droit naturel n’est donc pas l’expression d’un rapport de force, d’une conscience de classe ni de conditions matérielles mais un phénomène universel.
Bastiat et Strauss (chacun en leur domaine, manière et époque), interpellent les modernes : l’arbitraire n’est pas juste, même s’il se veut bienveillant, qu’il soit celui d’une minorité privilégiée du passé ou d’une bureaucratie prolétarienne du futur. Le droit n’est pas pour eux pure convention (ils sont partisans du droit naturel, qui se fait jour — un peu comme la découverte des lois de la science — par la disputatio continuelle).