@La Bête du Gévaudan
Pour remettre votre pendule à l’heure :
Dans un livre, Paul Christian (pseudonyme) parle des ’’enfumades’’ pratiquées lors de la conquête de l’Algérie par l’armée française et recommandées par le général Bugeaud
’’Dans son livre, P. Christian laisse la parole à un témoin :
« Voici d’autres détails que met sous nos yeux une lettre
particulière, adressée à sa famille par un soldat de la colonne
Pélissier. » Suit un récit des événements qui se termine par : « Quelle
plume saurait rendre ce tableau ? Voir, au milieu de la nuit, à la
faveur de la lune, un corps de troupes françaises occupé à entretenir un
feu infernal ! Entendre les sourds gémissements des hommes, des femmes,
des enfants et des animaux ; le craquement des rochers calcinés
s’écroulant, et les continuelles détonations des armes ! Dans cette
nuit, il y eut une terrible lutte d’hommes et d’animaux ! Le matin,
quand on chercha à dégager l’entrée des cavernes, un hideux spectacle
frappa des yeux les assaillants.
J’ai visité les trois grottes, voici ce que j’y ai vu.
À l’entrée, gisaient des bœufs, des ânes, des moutons ; leur
instinct les avait conduits à l’ouverture des grottes, pour respirer
l’air qui manquait à l’intérieur. Parmi ces animaux et entassés sous
eux, se trouvaient des femmes et des enfants. J’ai vu un homme mort, le
genou à terre, la main crispée sur la corne d’un bœuf. Devant lui était
une femme tenant son enfant dans ses bras. Cet homme, il était facile de
le reconnaître, avait été asphyxié, ainsi que la femme, l’enfant et le
bœuf, au moment où il cherchait à préserver sa famille de la rage de cet
animal.
Les grottes sont immenses ; on a compté hier sept cent soixante
cadavres ; une soixantaine d’individus seulement sont sortis, aux trois
quarts morts ; quarante ont pu survivre ; dix sont à l’ambulance
dangereusement malades ; les dix derniers qui peuvent se traîner encore
ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; — ils n’ont
plus qu’à pleurer sur des ruines ! »’’
P. Christian, L’Afrique française, l’empire de Maroc et les déserts de Sahara, Paris, A. Barbier, 1846,p. 442 (sur Gallica) La partie consacrée à cet événement commencep. 439 . “P. Christian” est, selon http://data.bnf.fr/12327453/p__christian/ [archive],
le “pseudonyme de : Pitois, Christian, Jean-Baptiste. - Historien,
bibliographe et journaliste. - Fut attaché à la bibliothèque du
Ministère de l’instruction publique et secrétaire particulier du
maréchal Bugeaud. - Collaborateur de Charles Nodier, à la bibliothèque
de l’Arsenal”
Une partie des horreurs des ’’enfumades’’ est décrite ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Enfumades_d%27Alg%C3%A9rie