@Legestr glaz
Dès lors, le transfert à l’Union européenne de compétences qui incombaient jusqu’à présent aux parlements nationaux élus au suffrage universel ne peut que conduire à l’émergence d’un monstre bureaucratique privant les peuples européens de leur souveraineté. Et ce sentiment de dépossession, favorisant les frustrations nationales, ne pourrait donc conduire qu’à une poussée d’extrémisme, c’est-à-dire à l’exacerbation des passions par impuissance. Pourtant, cet extrémisme aux multiples facettes, annoncé par Philippe Séguin comme l’une des conséquences inévitables de l’affaiblissement des démocraties nationales, s’impose aujourd’hui comme le maître de la politique française.
L’extrémisme peut être défini comme une démagogie exacerbée, un déni de la réalité et une fuite vers les illusions ou la manipulation des émotions. Ce n’est donc pas un hasard si les partis de gouvernement des dernières décennies, notamment LR et le Parti socialiste, sont en train de faire naufrage. Eux, qui partagent le pouvoir depuis trente ans, n’ont pas répondu aux attentes des Français et n’ont cessé de décevoir. Mais que pourraient-ils faire – par exemple dans la lutte contre le chômage ou le contrôle des frontières – en l’absence de leviers de décision, progressivement annihilés par les conséquences du traité de Maastricht ?
Aujourd’hui, l’extrémisme triomphe, sous toutes ses formes. Elle est à gauche, marquée par le rassemblement de toutes les forces dites de « progrès » au sein de la France Insoumise. La gauche dite gouvernementale, qui prônait un compromis entre le « changement » et la réalité (économique, financière), incarnée par des personnalités comme Michel Rocard, est en morceaux. La politique de la « table rase » à laquelle se convertissent actuellement les partis de gauche repose sur un discours radical : multiculturalisme forcené, wokisme et environnementalisme à outrance.
Mais cette chute de la gauche dans l’extrémisme a pour contrepartie sur l’autre rive le triomphe du lepénisme, devenu de loin la première force de « droite ». Or, qu’est-ce que le lepénisme sinon un naufrage accéléré dans des slogans mensongers et démagogiques comme le retour de la retraite à 60 ans ou l’emblématique « interdiction du voile dans l’espace public » évidemment inconcevable en pratique.