Une démocratie est le régime politique qui correspond à « une société autonome,
autogouvernée et auto-institué.
Auto-gouvernement mais non auto-institution... la démocratie, comme son nom l’indique, concerne le pouvoir (potestas, krateïn) et non l’autorité (autoritas, archeïn). L’institution précède le gouvernement. D’où la distinction entre chef d’état et chef de gouvernement (ou la stricte séparation président / parlement aux USA). L’Angleterre, par exemple, est une démocratie tout en étant une monarchie de droit divin héréditaire au plan de l’autorité.
Une des causes de la déception des socialismes (et des peuples) vis-à-vis de la démocratie, est qu’ils en attendent ce qu’elle ne peut pas donner. Ils souhaiteraient une confusion de l’autorité et du pouvoir, ce qui engendre un régime absolutiste. Dans les cas extrêmes (communisme), ils souhaitent même confondre autorité, pouvoir et propriété dans la même main. La distinction du pouvoir et de l’autorité fait que le vainqueur de l’élection n’a pas tous les droits. Il ne peut pas violer les droits de la minorité ni détruire la cité. Les socialismes ont placé dans la société (et la démocratie) une eschatologie terrestre. C’est condamné à l’échec, par renoncement ou dictature. L’électorat, à qui les politiciens promettent monts et merveilles pour avoir ses suffrages, est condamné à la désillusion. La démocratie est l’administration de la chose publique mais non une utopie totalitaire sur la chose privée.
Mais alors, on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population
qui ne sait plus agir par elle-même,
qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet, même la subsistance,
et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion
du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice. (Frédéric BASTIAT)