Par marotte je voulais souligner la disproportion entre la pratique sociale et l’importance prise dans le débat public. Mais c’est évidemment un sujet sérieux. Je pense qu’il faut y répondre au point-de-vue de la cité dans une perspective libérale, mais non dans une perspective matérialiste.
Or, je pense que le sujet (comme d’autres sujets « sociétaux ») est trop souvent porté par les matérialistes dans une perspective bien plus militante qu’humanitaire. C’est ce que je leur reproche. Là comme ailleurs, ils souhaitent imposer leur domination à la société bien plus que de prendre en charge les peines de l’humanité souffrante. Je trouve cela assez détestable humainement. Par exemple leur obsession à mêler les médecins (parfois de force) à leurs conceptions sur l’IVG, la transition de genre ou le suicide assisté. Les matérialistes veulent attenter à ce qu’ils perçoivent, à juste titre, comme le fondement transcendant de la médecine. Alors qu’il serait si simple d’obtenir un consensus libéral majoritaire, permettant aux gens qui le souhaitent de se suicider comme ils l’entendent. Quant au thanatophère, il n’a nul besoin d’être médecin ; ce peut-être un proche, un professionnel ad-hoc, voire la personne elle-même.
Il est bon de rappeler que l’immense majorité des gens meurent dans un état de santé correct (compte-tenu de leur âge), de « leur belle mort », et sans atteindre à ces seuils de souffrance et de déclin auxquels une minorité d’entre-nous est malheureusement conduite. Et même parmi les gens impotents, une majorité (y compris athée) souhaite continuer à vivre. D’autres préfèrent partir, encore assez bien portants, avec l’être aimé condamné. Il y a de multiples cas. La question n’est donc pas celle, limitée, des cas extrêmes, mais celle, générale, du droit au suicide assisté. Donc la réponse me semble devoir être libérale, et non matérialiste.