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Commentaire de Collectif Rougenoir

sur Paris 2024 : Organisons la désobéissance civile


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Institut Proudhon Collectif Rougenoir 25 juillet 2024 14:13

Bonjour @Spartacus Lequidam

L’argument selon lequel « le fascisme était de gauche » ou que « les collabos étaient de gauche » revient souvent dans les sphères de droite. Au-delà du débat sur la véracité historique de ces arguments, c’est sur leurs implications philosophiques que je souhaite vous répondre.

Lorsque la droite tient de tels propos, elle valide finalement le paradigme moral dominant et en tire même gloire d’en être le meilleur élève. En 2018, Guillaume Perrault, du Figaro, avait fait paraître un livre intitulé « Conservateurs, soyez fiers ! ». Dans celui-ci, il tentait de prouver, comme vous, que tous les « maux » venaient de la gauche et qu’a contrario les responsables de droite avaient été les premiers anti-colonialistes, les premiers dreyfusards, les premiers féministes, les premiers résistants, les premiers adversaires de la peine de mort, les premiers défenseurs de l’IVG, de la laïcité, etc... La fierté de la droite est donc d’être plus à gauche que la gauche ! Cela traduit bien le complexe dont souffre la droite en France (et plus largement en Occident), où pour exister elle est obligée de se calquer sans cesse sur les valeurs morales de la gauche et de valider sa définition du bien et du mal. Or, on ne gagne pas un combat politique en parlant la langue de l’ennemi. Car, admettons même que toutes ces assertions soient historiquement vraies. Y a-t-il de quoi en être fier ? Si la droite a été tout cela, elle est donc responsable de l’état actuel de la société au même titre que la gauche.

En brandissant l’épouvantail du fascisme, la droite tente en fait, maladroitement, d’imiter l’attitude hystérique de la gauche qui s’est spécialisée dans l’usage de ce que j’appelle les « mots disqualifiants » qui sont censés jeter d’emblée l’opprobre sur l’adversaire et le disqualifier du débat quoi qu’il dise (des mots comme « raciste », « sexiste », « homophobe », « facho », etc.). La droite, au lieu de remettre en cause ce dévoiement du débat public, semble au contraire s’y accommoder comme on l’a vu depuis octobre dernier où les journalistes de CNews emploient le mot « antisémite » comme ceux de gauche emploient le mot « raciste » : sans réfléchir et dans le seul but de disqualifier tous ceux qui n’entrent pas dans leur grille de lecture. C’est assez regrettable.

La seule chose qui devrait nous préoccuper lorsque l’on écoute un discours politique, c’est de savoir si celui-ci est factuellement vrai ou faux. Le reste (qui il sert, par quoi est-il motivé, etc.) est assez secondaire. Or, ces « mots disqualifiants » ont justement pour but de dévier le débat de la véracité du discours sur son acceptabilité. Récemment j’ai par exemple entendu à la radio, lors d’un débat, une personne de gauche dire : « Ce que vous dites est raciste, et en plus c’est faux »... Notez bien cette phrase : pour elle, le caractère moralement inacceptable du propos de son adversaire prime sur le fait que son discours soit faux, ce qui signifie entre les lignes que même si ces propos étaient vrais ils ne devraient pas être tenus selon elle du fait de leur caractère offensant ou illégal. La droite est exactement la même sur ces questions : toute critique d’Israël s’apparente désormais à de l’antisémitisme, tout discours nuancé sur l’islam à de la dhimmitude, tout discours social à du socialo-communisme, indépendamment du fait que ces discours soient vrais ou non. Ce n’est pas notre vision du débat public où toute vérité doit avoir droit de cité, la vérité primant sur toute autre considération politique, légale ou morale.


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