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Commentaire de Paul Jael

sur Il est tellement agréable de ne pas voir le problème


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Paul Jael 27 octobre 18:53

Vous semblez convaincu de mieux comprendre l’économie qu’une salle remplie de prix Nobel. Permettez-moi de douter que ce soit effectivement le cas, même si je vous concède que l’économie politique, en tant que science humaine, ne peut atteindre le niveau de rigueur des sciences naturelles.

Je relève quelques contradictions dans votre texte :

  • "Mais comme chacun voit bien dans sa vie personnelle qu’il se crée à lui-même des richesses en travaillant, il est très tentant de croire que nous nous créons collectivement des richesses en travaillant tous, ce qui est totalement faux." Au contraire, c’est parfaitement vrai  : le travail de deux créera 2x + de richesse que celui d’un et celui d’un million créera un million de fois plus. Heureusement d’ailleurs, car sinon nous aurions un fameux problème de pénurie. Ce n’est que dans le cas particulier (surproduction) où l’objet du travail se révèle invendable qu’il n’y a pas création de richesse.
  • "Il y a eu deux enrichissements personnels puisque l’échange a été volontaire et satisfaisant pour les deux mais, comme tout a été consommé ou utilisé, il n’y a eu en aucun cas création collective de richesse." Deux créations de richesses individuelles ne donnent (heureusement) pas une création collective nulle. Le fait qu’un produit soit consommé ne détruit pas la richesse qui est un flux et non un stock. Le fait que votre repas au restaurant est passé dans les égouts n’annule pas le fait qu’il y a eu enrichissement par la production du repas.
  • "Le principe théorique aberrant de l’économie est d’utiliser deux fois une seule production. (…) Le vice fondamental de la science économique est de dire à la fois que le PIB chiffre la création de richesse et qu’il est la somme des dépenses." Le calcul du revenu national par l’INSEE est correct et logique. Il ne compte pas deux fois un même élément dans le total. Il y a plusieurs manières de calculer le PIB, parmi elles le total de la production et le total des dépenses. Cherchons une comparaison : rappelez-vous votre cours d’algèbre : il y a plusieurs méthodes pour calculer les inconnues d’un système de n équation à n inconnues. Quand vous les calculez par une méthode, vous ne vous préoccupez pas des autres. Chaque méthode est indépendante. Que vous calculiez le PIB en additionnant les valeurs ajoutées ou les dépenses importe peu et vous arriverez au même résultat à quelques ajustements inévitables près.
  • "réjouissez-vous car en dépensant vous produisez de la richesse nationale". Aucun économiste n’a jamais prétendu ça. En additionnant les dépenses, vous pouvez calculer combien on a produit ; ce n’est pas la même chose. "C’est tellement bête qu’on se demande comment il est possible qu’une telle absurdité perdure et soit même enseignée". C’est en effet très bête, mais ce n’est pas enseigné.
  • "Nous dépensons à tort et à travers un argent que nous fabriquons pour subventionner". Ce qui vous induit en erreur, c’est de penser que nous dépensons de la monnaie. En réalité, nous dépensons notre revenu, le résultat non pas d’une création ex nihilo mais de notre travail. La monnaie, qu’elle soit scripturale ou non, n’est que le véhicule pratique pour nous permettre à chacun de consommer ce que les autres ont produit pendant qu’eux consomment ce que nous avons produit. En simplifiant (certes, à l’excès), on pourrait dire que c’est comme si on pratiquait le troc mais en plus pratique.
  • "Nous devons inscrire dans la constitution l’interdiction de voter des budgets déficitaires après avoir enfin compris que le PIB ne chiffre que la somme des dépenses" Faux : le PIB ne chiffre pas les dépenses. Le solde de la balance des paiements y est ajouté, ce qui veut dire que s’il est négatif, cela vient en déduction du PIB. De même les variations de stock font partie du PIB sans être des dépenses.

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