Monsieur, j’ai le plaisir de vous entendre ou lire ici ou là. Vous appartenez, me semble-t-il, à une branche du libéralisme qui peine à saisir les enjeux de notre époque. Vous sous-estimez complètement le danger d’une gauche néo-totalitaire, comme l’exprime très bien Marcel Gauchet.
Les libéraux de gauche doivent faire leur examen de conscience. On ne peut pas s’allier avec les néo-bolchéviques et autres totalitaires qui sont la gauche actuelle. On ne lutte pas contre l’extrême-droite antisémite et raciste en s’alliant à l’extrême-gauche antisémite et raciste. On ne lutte pas contre l’obscurantisme religieux en s’alliant aux islamistes. On ne lutte pas contre la violence politique en s’alliant aux admirateurs de Trotsky et Robespierre. Relisez Raymond Aron. Il explique bien quels rapports nouveaux peuvent entretenir les conservateurs modérés et les libéraux dans la lutte contre l’extrême-gauche.
On ne peut pas réitérer en 2027 cette farce sinistre du « front républicain » qui a conduit à faire élire (parfois au premier tour) des miliciens mélenchonistes fondamentalistes. La gauche libérale ne peut plus rester dans cette alliance insupportable avec l’extrême-gauche. Il faut au contraire passer alliance entre libéraux-progressistes et libéraux-conservateurs autours de valeurs communes (la liberté, la raison, la dignité de l’individu, la libre-entreprise, le socle helleno-chrétien, etc.). On redoute beaucoup de la « marche du Rome » de Mussolini, alors que c’est plutôt la « marche sur Phnom-Penh » de Pol-Pot qui nous menace.
Quant au côté « déplorable » de notre temps, il est lié à l’ère des masses, à l’état social démocratique pour reprendre Tocqueville. Sachons voir dans la réaction trumpiste ou lepéniste ce qu’elle a de profondément libérale face à une menace orwello-bolchévique.