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Commentaire de Jean Dugenêt

sur Un délire d'Asselineau


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 7 novembre 2024 21:57

@Maître Yoda
"vous croyez que Poutine veut continuer la guerre ; vous croyez qu’il veut prendre toute l’Ukraine alors que c’est l’inverse : il n’a jamais été fermé aux négociations et c’est le Royaume Uni + l’Ukraine qui se sont opposés aux négociations. Les USA ont voulu secrétement la guerre et ça, des gens comme vous ne le disent pas suffisamment.« 

Je crois que Poutine a déjà été vaincu entre le moment où il voulait prendre toute l’Ukraine et le moment où il a été contraint d’en rabattre un peu sur ses prétentions.

Pour ce qu’il veut faire maintenant vous pouvez supputer tout ce que voulez. Pour ma part, je pense que, comme tout dictateur, il veut dominer le monde mais il est obligé d’aller plus doucement qu’il ne le voudrait.

 »Les USA ont voulu secrètement la guerre et ça, des gens comme vous ne le disent pas suffisamment."

Pour faire une telle affirmation il faudrait avoir une argumentation. Effectivement, je n’ai jamais dit cela. Je vous rappelle l’essentiel avec un copier/coller qui permet de voir quels étaient et quels sont encore les accord entre Poutine et les américains.

Poutine et les dirigeants américains (que ce soit Biden ou Trump)sont fondamentalement d’accord sur la nécessité de maintenir le capitalisme en écartant tout risque de puissantes mobilisations ouvrières dans la Fédération de Russie (comme ailleurs). Les dirigeants américains n’ayant pas actuellement de solution de rechange, au cas où le régime de Poutine s’effondrerait, tiennent à ce qu’il se maintienne au pouvoir. Poutine règne en effet sur une poudrière qui risque à tout moment de se désintégrer. Les travailleurs des républiques de l’ancienne URSS ne veulent plus de cette domination « coloniale » de leur pays (Tchétchénie, Biélorussie, Géorgie, Kazakhstan et ... Ukraine).

D’ailleurs, le COR (Conseil OTAN-Russie), est resté en place et il s’est réuni à onze reprises depuis 2016. La dernière réunion du COR remonte au 12 janvier 2022 soit à un peu plus d’un mois de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

Un document de l’OTAN de février 2022 indiquait clairement que les relations entre la Russie et les USA étaient encore très amicales au moment de l’invasion de l’Ukraine :

"Les Alliés continuent de croire qu’un partenariat entre l’OTAN et la Russie, fondé sur le respect du droit international, aurait une valeur stratégique. Ils aspirent toujours à une relation de coopération constructive avec ce pays, qui passe notamment par des mesures de confiance et de transparence réciproques et une meilleure compréhension mutuelle des postures des forces nucléaires non stratégiques de l’OTAN et de la Russie en Europe, et qui soit fondée sur des préoccupations et des intérêts de sécurité communs, dans une Europe où chaque pays est libre de décider de son avenir.« 

Leur langue de bois se décrypte facilement  : »une relation de coopération constructive (...) fondée sur des préoccupations et des intérêts de sécurité communs". Il s’agit bien de maintenir la soumission des exploités et de prévenir toute tentative de rébellion dans toute l’Europe (de l’Atlantique à l’Oural). Ce sont bien là les « intérêts de sécurité communs » à Poutine et aux dirigeants américains.

Le Washington Post n’a rien révélé d’important quand il a annoncé que le gouvernement américain savait précisément quand et comment Poutine envahirait l’Ukraine. Le dialogue permanent entre les deux états ne pouvait laisser aucune zone d’ombre à ce sujet. Biden a, de fait, donné son feu vert à Poutine.

Car le dialogue n’a jamais cessé. Il a toujours était assumé au minimum par le biais d’une diplomatie qui n’est pas toujours affichée officiellement mais dont l’existence n’est plus un secret. Des rencontres ont plusieurs fois été évoquées dans la presse. Ainsi le patron de la CIA s’est rendu au Kremlin les 2 et 3 novembre 2021. A cette occasion : "entre Vladimir Poutine et William Burns (le patron de la CIA), un entretien téléphonique a eu lieu, dans le cadre de cette visite, a déclaré lundi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Un article du 2 novembre 2011 de Sud-Ouest précise : "Le directeur de la CIA William Burns a rencontré mardi à Moscou le très influent chef du Conseil de sécurité russe, ont annoncé les services de ce dernier et l’ambassade américaine en Russie« .

Ces échanges se sont poursuivis. Un article de Newsweek du 6 juillet 2023 explique :  »En janvier 2022, un mois avant l’invasion russe, la CIA aurait servi d’intermédiaire entre Washington et Moscou pour établir une série de « règles » partagées." Il est clair que Poutine et les dirigeants américains ne sont pas des ennemis. Ils sont tout au plus des adversaires dans un jeu où ils sont bien d’accord sur les règles que chacun doit respecter. L’article de Newsweek précise : "lors d’une visite déjà connue au Kremlin du directeur de l’agence, Guillaume Brûle, la Russie s’est engagée à ne pas étendre le conflit au-delà des frontières de l’Ukraine et à éviter l’utilisation d’armes atomiques ; en retour, l’administration du président Joe Biden s’assurerait que Kiev « ne prendrait aucune mesure qui pourrait menacer directement la Russie ou la survie de l’État russe ». Sur la base des accords entre Washington et Moscou, il appartiendrait aux Etats-Unis de veiller au respect de ces engagements."



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