Et les grands oiseaux qui s’amusent...
Les rêves de voyages hantent les esprits de bien des poètes : on songe à Baudelaire qui évoque, maintes fois, dans les Fleurs du mal, des voyages imaginaires vers des pays exotiques et lointains, des pays inondés de soleils et de lumières, des îles paradisiaques.
C'est aussi le rêve que fait Bernard Dimey, l'auteur de la chanson intitulée Syracuse, interprétée et mise en musique par Henri Salvador : il entrevoit l'espoir d'aller à Syracuse, ville aux sonorités magiques et mystérieuses, ville du Sud, en Sicile. Les consonnes sifflantes sourde et sonore, la finale féminine du mot, les voyelles variées nous entraînent vers un monde de rêves et de bonheur...
Le conditionnel "j'aimerais tant" montre une forme d'illusion, que le poète souhaiterait voir se concrétiser un jour.
La Sicile, l'île aux trois pointes, la Sicile et ses temples grecs représentent bien ces voyages paradisiaques, ces terres ensoleillées qui suscitent des désirs d'évasion.
Le rêve se complète de voyages vers l'île de Pâques et Kairouan... noms pleins d'exotisme et de dépaysement, des lieux remplis de mystère et qui nous transportent de l'Océan Pacifique vers la Tunisie.
On songe aux fabuleuses statues de l'îles de Pâques, on est ébloui par le nom exotique "kairouan" qui nous fait voyager vers l'orient, ses mosquées somptueuses, ses oasis.
L'évocation des oiseaux, qui suit, est toute imprégnée de poésie : on voit les oiseaux s'amuser avec le vent et "glisser" majestueusement sous le souflle des alizés... Les oiseaux symbolisent, traditionnellement, un monde de liberté et d'errance associé au voyage.
Les sonorités de sifflantes suggèrent une harmonie, pleine de douceur : "les grands oiseaux qui s'amusent à glisser l'aile sous le vent..."
Le voyage nous emmène, ensuite, vers des mondes lointains et des vestiges du passé : les jardins de Babylone, une des sept merveilles du monde, le palais du grand lama au Tibet, puis la ville de Vérone en Italie et le mont Fuji Yama au Japon... Les sonorités exotiques et lointaines de tous ces noms propres nous font rêver... Le voyage dans l'espace se double, aussi, d'un voyage dans le temps.
La belle périphrase "le pays du matin calme" évoque la Corée, un pays fait d'harmonie et de beauté, comme le suggère bien l'expression.
Un bonheur idyllique transparaît dans ces vers, d'autant que le poète imagine les plaisirs associés à ces pays lointains :" pêcher le cormoran, s'enivrer de vin de palme... écouter chanter le vent" : on perçoit une vie insouciante et limpide, faite de bonheurs simples et tranquilles.
Dans la dernière strophe, l'auteur fait allusion au temps qui passe et qui est compté, pour chacun : il souhaite partir pour de lointains voyages, avant qu'il ne soit trop tard, avant que sa jeunesse se soit enfuie.
Il espère ainsi garder d'éternels souvenirs de ces découvertes et pouvoir les dérouler dans sa mémoire, tout en restant à Paris : le thème de la fuite du temps qui apparaît, à la fin du texte, donne une touche mélancolique à l'ensemble...
La mélodie très douce, composée par Henri Salvador, accentue l'idée d'évasion et de rêve associés aux voyages...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2015/08/et-les-grands-oiseaux-qui-s-amusent.html
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