Avignon, la bataille de la culture
La surprise est de taille, elle est insupportable. Avignon , la ville chérie de Jean Vilar accorde la première place au front national dans ces élections municipales. Comment cette ville, qui porte l’histoire du plus grand festival de théâtre au monde, a-t-elle pu se laisser aller à un tel vagabondage politique, en flirtant avec l’extrême droite ?
Après les déclarations d’Olivier Py, directeur du festival, la ville s’inquiète… Dès lundi, ce dernier annonçait la couleur : « Je ne vois pas comment le Festival pourrait vivre à Avignon avec une mairie Front national. » . Il n’est pas le seul dans la ville à être sous le choc, c’est donc Philippe Lottiaux (FN) qui est arrivé en tête, devançant de 27 voix Cécile Helle la candidate du PS.
De son côté Emmanuel Serafini, directeur des Hivernales (festival de danse) a fait part, lui aussi de ses plus vives inquiétudes . De la même manière, Alain Timar, directeur d’une salle ouverte à l’année, le Théâtre des Halles se dit prêt à partir : « Mes valises sont prêtes … partout où il y a le Front national, les artistes sont attaqués, en commençant par le retrait des subventions ».
C’est donc la mobilisation générale dans la cité des Papes pour aller chercher les abstentionnistes du premier tour et les convaincre de voter pour la liste d’union de la gauche (PS, EELV, Front de gauche), mise en place pour ce second tour.
En cas de victoire du candidat FN, la délocalisation et/ou la démission d’Olivier PY est posée. En effet, le déploiement du festival pendant un mois se fait avec une forte imbrication dans la ville. C’est la ville qui met à disposition du Festival nombre de lieux, dont la prestigieuse Cour d’honneur du Palais des Papes, outre sa participation à hauteur de 28% du budget (L’État est à 52%). Olivier Py précise sa pensée « Je ne vois pas comment un directeur du festival pourrait travailler sans compromission avec une mairie FN ».
Mais du coup, la délocalisation d’Avignon ne pourrait être une décision que du seul ministère de la Culture, par le biais du conseil d’Administration du festival. Olivier Py, lui, reste maitre de la décision de rester, ou pas, comme directeur du festival.
En tout état de cause la prochaine édition, la 68e, est déjà prête, et devrait, quoiqu’il se passe au second tour, avoir lieu, une édition qui serait cependant à haut risque avec un maire FN embusqué à l’hôtel de ville.
Ces inquiétudes se fondent sur un antécédent sérieux, celui du théâtre national de la danse et de l’image de Châteauvallon en 1996. Le maire Front national de Toulon Jean-Marie Le Chevalier était intervenu pour faire interdire une partie de la programmation qu’il jugeait « porter atteinte à la dignité de la femme et de la mère ». Ensuite le maire FN a purement et simplement supprimé la subvention de 5 millions de francs. Le ministère de la Culture a pris le relais, ainsi qu’un front républicain de communes voisines PC, PR, RPR, PS.
On a vu d’autres maires FN d’Orange et de Marignane à l’époque mener une véritable chasse aux sorcières contre les artistes et les intellectuels.
« Le patriotisme, c’est l’amour des uns, le nationalisme c’est la haine des autres. »
Romain Gary.
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