• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > C’était un p’tit bonheur

C’était un p’tit bonheur

Claud Michaud : " Un homme qui chante un Homme qui chante !"

Si bien dans ses deux souliers …

Il chante, il raconte, il respire Félix Leclerc. Il le connaît sur le bout du cœur, il l'habite et lui redonne vie. Il s'installe avec sa guitare sur la petite scène de Messas pour nous offrir ce Pt'tit Bonheur qui ne demande qu'à grandir. La salle est à l'écoute, elle retient son souffle. Ce grand escogriffe a séduit son public d'entrée. Son accent, sa présence et surtout cette voix profonde, chaude, grave et mélodieuse donnent des frissons.

Le Québec est à l'honneur au cœur de la Beauce. Il y a sans doute des liens de parenté ; le cousin nous transporte dans sa belle province, celle qui ne demande qu'à s'émanciper de la maudite tyrannie anglophone. Claud MICHAUD évoque avec une émotion encore présente l'intervention du Grand Charles et son « Vive le Québec Libre » qui résonne encore dans toutes les consciences.

Il chante Félix, manière de déclamer son amour pour notre bien précieux et commun : notre langue française que nous ne devrions jamais cesser d'honorer, au travers des grands auteurs, des poètes d'antan et de nos pratiques quotidiennes. Félix Leclerc l'a ciselée, l'a magnifiée pour chanter l'amour de son pays et des gens, pour penser le monde un peu plus juste et humain.

Quand Claud nous embarque dans l'enfance du petit Félix, l'émotion se fait encore plus palpable. Il récite, il déclame, il murmure, il vit ce moment d'enfance où le père de son idole livre du bois à une famille de pauvres gens. La salle est silencieuse, accrochée au récit du chanteur conteur. Chacun s'imagine dans ce décor rude : les mots sont un voyage dont on ne sort pas indemne. Personne n'oubliera ce moment, qu'il emportera dans ses deux souliers : il est des textes qui changent l'existence, celui-là en fait partie.

Puis le chanteur reprend son tour de piste et de perles que son compatriote nous a laissées. Nous écoutons, nous découvrons bon nombre des ces petites perles. Nous sommes embarqués dans le Nouveau Monde ; nous sommes pourtant en pays de connaissance : nous avons retrouvé les cousins partis tentés leur chance de l'autre côté de la grande rivière.

Nous faisons le tour de l'île d'Orléans, c'est un peu chez nous même si j'ai un souvenir douloureux, lié à la fois à cette île et à Félix Leclerc. Il est des souvenirs qu'il vaut mieux ne pas faire ressurgir ; il est préférable de regarder les oies sauvages et d'espérer voir passer une baleine. La soirée n'en finit pas de nous rendre heureux : c'est le premier concert de Claud en France et il a choisi ce petit village par amitié pour Daniel Grall .

Nous ne mesurons pas encore notre chance. Le tour de chant s'achève et la suite sera plus grand bonheur encore ! Les bénévoles du comité des fêtes de Messas rangent bien vite les chaises. Ici, la convivialité est reine : un vin chaud ou un jus d'orange est offert à chaque spectateur. Le spectacle se prolonge, les gens discutent, échangent et Claud Michaud vient se mêler à eux. Il dédicace son disque, il les enchante encore de son accent et de ses anecdotes.

Puis, tradition oblige : une grande table de batteuse est dressée au milieu de la salle. Ceux qui le souhaitaient ont apporté un panier. Un repas partagé va suivre : il y a largement de quoi nourrir bien des appétits. Mais qu'importe les nourritures terrestres, ce sont encore les artisans de l'émotion qui vont donner à ce repas une allure de festin inoubliable.

Daniel entonne a cappella un chant de Loire de sa voix qui résonne et emporte les convives. Il a donné le signal, se tourne vers le Bonimenteur pour qu'il reprenne le flambeau. Je pars sur un récit qui mélange joyeusement l'histoire, la littérature et le temps présent. La langue est à l'honneur, mon accent et mes tournures réjouissent le chanteur québecois. Nous sommes frères de langue ; nous allons nous le dire ensuite avec une jubilation qui réjouit les cœurs.

Puis Brigitte prend le relais, elle nous offre une chanson de Barbara, le silence est palpable, la soirée semble en suspension. Sa voix cristalline envoûte et émeut. Elle charme son homologue. Nous sommes au pays des grands interprètes : ces artistes qui honorent les grands auteurs de cet art majeur qu'est la chanson. Puis la dame nous montre qu'elle est, elle aussi, une belle faiseuse de chanson ; elle se perd en peu dans les paroles, nous ne pouvons lui en tenir rigueur.

Daniel emprunte la guitare de Claud ; il nous régale de l'une des chansons qui figurera dans son prochain disque. Je prends sa suite pour un autre conte, j'ose une petite chanson et Claud Michaud aura le dernier mot en chantant La Marine de l'immense Georges Brassens. Nous nous promettons de nous retrouver de l'autre côté de la grande rivière, Claud m'évoque les conteurs de son pays, je lui raconte comment une de ses compatriotes m'a invité à un spectacle de Fred Pellerin afin que je découvre cet art du récit dont elle me sentait capable. Je lui dis mon espoir de conter un jour pour les cousins du Québec. Qui sait si un jour, ce rêve deviendra réalité ?

La soirée se termine ; nous rentrons chacun de notre côté, un peu différents, plus riches de nouvelles amitiés, de grandes émotions. Le Bonheur c'est si facile : il suffit de quelques chansons et de belles histoires. Nos amis du Québec savent mieux que nous que notre langue est ce joyau extraordinaire qu'il nous appartient de conserver. Dépêchez-vous de croiser la tournée de ce bel interprète et si ce ne peut être le cas, offrez-vous, vous aussi, le bonheur d'une veillée comme autrefois. C'est si facile, il suffit d'éteindre votre poste de télévision.

Québecquement sien

12814516_1093030280729589_2269294744724718688_n.jpg

 

Sa tournée en Europe

 

- 19 mai 2017, Les Vivats de Viricelles, France

- 7 juin 2016,
Pully-Lavaux, Suisse

- 28 avril 2016,
Le Connétable, Paris, France

- 27 avril 2016, 
Festival Georges Brassens, Vaison-la-Romaine, France

- 23 avril,
Espace Georges-Brassens, Sète, France

- 17 avril 2016 18h, Saint-Elix-le-Château, France

- 16 avril 2016 19h30, Artigat, France

- 15 avril 2016 20h30,
La Maison de la Terre, Poucharramet, France

- 9 avril, Rencontres de printemps, Blanzat, France

- 1er avril 2016,
Forum Léo Ferré, Paris, France

- 26 mars 2016,
Croque Notes, Seclin, France

- 23, 24 mars 2016,
Au Camionneur, Strasbourg, France

- 20 mars 18h, concert privé, Thionville, France

- 18, 19 mars 2016,
Auberge de La Cholotte, France


Vidéo ici

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.5/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • juluch juluch 18 mars 2016 13:11

    Connaissez pas....chose faite !!  smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 18 mars 2016 14:07

      @juluch

      Je suis là pour ça !


    • amiaplacidus amiaplacidus 18 mars 2016 15:20

      C’est Nabum, vous m’envoyez un coup de nostalgie dans les gencives.

      1967, titulaire d’une bourse du gouvernement québecois, je faisais une année d’études (un peu comme l’Erasmus de l’époque) à l’école polytechnique de Montréal*.

      J’étais tombé en amour avec une Québecoise** bien introduite dans les milieux culturels québecois et indépendantistes (à l’époque c’était souvent les mêmes). C’est ainsi que j’ai eu le privilège d’aller passer quelques jours sur l’île d’Orléans et de voir Félix Leclerc chez lui. J’en ai été impressionné. J’ai plusieurs photos prises avec lui dans son intérieur.

      En plus d’être chansonnier (comprenez chanteur), il était écrivain. J’ai ses livres, tous dédicacés. Dans l’un d’eux, son autobiographie (il reprend le titre d’une de ses chansons : Moi, mes souliers), il y a notamment une lettre qu’il adresse en 1943 ou 44, au ministre de la guerre canadien qui dit, en substance (j’ai la flemme d’aller regarder dans ma bibliothèque pour mettre la citation exacte) :
      « ... j’aurais tellement aller à la guerre, piloter des avions rapides ... courir joyeusement un fusil dans la main ... jaillir comme un diable d’un bateau pour arriver sur une plage, ... mais, malheureusement, je ne suis qu’un pauvre humain, sans force, sans énergie, bref, un déchet ...) ».
      À mon avis, un grand humour sarcastique.

      Quelques années plus tard, F. Leclerc fait une tournée en Europe, il passe à Paris, à l’Olympia je crois, je lui envoie un petit mot, non seulement il se souvient de moi, mais en plus il m’invite à passer dans sa loge après le spectacle. Et je me retrouve, moi, petit ingénieur, au milieu de grands noms : Francis Blanche, Jacques Brel entre autres.

      Bref, C’est Nabum, vous venez de faire ressurgir un grand pan de ma vie.
      .
      .

      * Dans le domaine de la production électrique, ce qui ne manque pas de piquant pour l’anti nucléocrate que je suis. Bon, enfin logique, c’est lorsque j’ai vu le dégâts que pouvait causer l’accident d’un réacteur expérimental (en 1969) que j’ai changé d’orientation et que j’ai commencé une carrière en informatique industrielle (maintenant on dit robotique, cela fait mieux). Je n’ai jamais regretté, à double titre, intérêt du travail et financier.

      ** Cela ne s’est pas poursuivi au delà de mon séjour au Québec, la distance (surtout à cette époque) rompt passablement de liens. Remarquez, ma compagne depuis 1970 vient de beaucoup plus loin.


      • C'est Nabum C’est Nabum 18 mars 2016 17:29

        @amiaplacidus

        Merci pour ce beau récit

        J’ai envoyé votre commentaire à notre ami Claud Michaud, il souhaite vous répondre.


      • amiaplacidus amiaplacidus 20 mars 2016 17:52

        @C’est Nabum

        Pour me répondre de façon privée, je ne sais pas s’il y a sur AV un système de messagerie.


      • C'est Nabum C’est Nabum 20 mars 2016 18:51

        @amiaplacidus

        Je ne pense pas


      • clodius clodius 18 mars 2016 18:55

        Très bien - Dans tous les cas, vous écrivez beaucoup d’articles - Bravo

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité