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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Conscrit de 1813 dans l’Europe des nations

Conscrit de 1813 dans l’Europe des nations

Victor Hugo, " Les soldats de l'an II "

"Contre toute l'Europe avec ses capitaines,
Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines,
Avec ses cavaliers,
Tout entière debout comme une hydre vivante,
Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvante
Et les pieds sans souliers !"

"La Révolution leur criait : - Volontaires,
Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !"

"La tristesse et la peur leur étaient inconnues.
Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues
Si ces audacieux,
En retournant les yeux dans leur course olympique,
Avaient vu derrière eux la grande République
Montrant du doigt les cieux ! "

Oui mais c'était dans l'enthousiasme révolutionnaire, l'époque de la belle devise : " Liberté, Egalité, Fraternité "
La société d'Ancien Régime (ou « société d'ordres » ) était morte. La Révolution française, avec l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789, avait mis fin au système des ordres et aux inégalités juridiques entre les Français, qui passaient du statut de sujets à celui de citoyens.
Mais la gloire et la prospérité de la France sous l'empire contenait déjà les ferments de la chute de l'aigle.
Qui voudrait maintenant donner sa vie pour l'ambition d'un seul, un tyran versatile, un despote illuminé.

Je me frotte les yeux, c'est étrange comme on naît à l'état civil prussien, espagnol, anglais ou russe, alors que je ne vois qu'un petit homme tout nu ! Qui va communier avec son environnement, son milieu, se nourrir de son soleil et de ses forêts, se rouler dans la montagne et la mer, assimiler les herbes, les bêtes et les fruits. Bref prendre province.
Moi, l'homme des bois, pétri du bon sens de la terre, je demande : quels avantages, quels inconvénients ?
Assurément je ne veux pas être prisonnier de l'histoire. L'histoire n'est qu'une source de problèmes, de ressentiments, de revanches, un vrai poison.

Et pourtant, maintenant je le sais, l'histoire m'engloutira, m'arrachera à mon lopin de terre, à ma grande famille.

Mon pays le Limousin a fourni des hommes illustres à l'État, comme le parlementaire Pierre-Victurnien Vergniaud et le futur maréchal d'Empire Jourdan. La région connaît peu de violences. Les paysans profitent de la vente des

<p><p> national">biens nationaux et du partage des biens communaux.
Le territoire devenu Haute-Vienne traverse sans heurts la France de Napoléon Ier, en fournissant toujours des hommes importants, notamment des scientifiques (Guillaume Dupuytren, Cruveilher, Gay-Lussac).

Mais le monde gronde, crie et souffre, au fond de ma province limousine je me faisais si petit depuis ma naissance que j'en avais oublié de grandir. Je voulais échapper à la loi de la conscription.

Malheureusement notre empereur s'était égaré dans cette immense Russie et maintenant quatre cent mille familles pleuraient leurs enfants. La Grande-Armée fut engloutie dans les glaces de Sibérie ; tous ces hommes, jeunes et vigoureux, que nous avions vus passer durant deux mois, furent enterrés dans la neige. La nouvelle nous parvint dans les campagnes.

Je suis né en l'an 1 du calendrier Julien, (1792). Les Parisiens cette année là ont pris les tuileries, les soldats de la révolution ont battu les prussiens à Valmy, la monarchie a été abolie et la république a été proclamée.
Dans les rues de Paris on chantait la Carmagnole et Rouget de lisle entonna la Marseillaise à Strasbourg pour la première fois.

Je me souviens à la mairie du village quand on nous contait la grandeur de notre bienfaiteur Napoléon Bonaparte

Il parait que lorsqu'il traversait la Champagne, la Lorraine ou l’Alsace, les gens, au milieu de la moisson ou des vendanges, abandonnaient tout pour courir à sa rencontre ; il en arrivait de huit et dix lieues ; les femmes, les enfants, les vieillards se précipitaient sur sa route en levant les mains, et criant : Vive l’Empereur ! vive l’Empereur ! On aurait cru que c’était Dieu ; qu’il faisait respirer le monde, et que si par malheur il mourait, tout serait fini. Quelques anciens de la République qui hochaient la tête et se permettaient de dire, entre deux vins, que l’Empereur pouvait tomber, passaient pour des fous. Cela paraissait contre nature, et même on n’y pensait jamais.

Mais nous paysans, au bon sens de la terre nourri, nous nous doutions bien qu'un jour le malheur viendrait.
Ces Prussiens, Autrichiens, Russes, Espagnols, et tous ces peuples que nous avions pillé depuis 1804, allaient profiter de notre misère pour nous tomber dessus . Puisque nous voulions leur donner des rois qu’ils ne connaissaient ni d’Ève ni d’Adam, et dont ils ne voulaient pas, ils allaient nous en proposer d’autres, en dentelles et dorures. De sorte qu’après nous être fait saigner aux quatre membres pour les frères de l’Empereur, nous allions perdre tout ce que nous avions gagné par la Révolution. Au lieu d’être les premiers, nous serions les derniers des derniers.

Quelques jours après, la gazette annonça que l’Empereur était à Paris, et qu’on allait couronner le roi de Rome et l’impératrice Marie-Louise. M. le maire, M. l’adjoint et les conseillers municipaux ne parlaient plus que des droits du trône, et même on fit un discours exprès dans la salle de la mairie.
Je ne voulais pas partir, mais je sentais qu'ils allaient me prendre.
Je passais de long moment à me toiser, peut être comme ça en inclinant un peu la tête, en creusant les reins...1,56 mètre.
Je maigrissais, ne mangeais plus, vomissais même...à aucun moment je ne pus me réjouir de passer sous la mesure fatidique.

Le 8 janvier, on déroula la grande affiche à la mairie, l’Empereur allait lever, avec un sénatus-consulte, comme on disait dans le village, d’abord 150000 conscrits de 1813, ensuite 100 cohortes du premier ban de 1812, qui se croyaient déjà oubliées, ensuite 100000 conscrits de 1809 à 1812, et ainsi de suite jusqu’à la fin, de sorte que tous les trous seraient bouchés, et que même nous aurions une plus grande armée qu’avant d’aller en Russie.
Chez nous à la veillée, nous savions que les morts se comptaient à l'aulne des étoiles et du ciel au dessus de notre tête.

Quand arriva le jour du tirage, j’étais tellement pâle, tellement défait, que les parents de conscrits enviaient en quelque sorte ma mine pour leur fils. "Celui-là, se disaient-ils, a de la chance... il tomberait par terre en soufflant dessus... Il y a des gens qui naissent sous une bonne étoile !"
Je fus toisé, ausculté et bousculé, quant à mon aspect souffreteux, malingre et bréviligne il fut le sens de ma tragédie.
Napoléon avait tout prévu, en mal de recrues il avait inventé des brigades de soldats qui feraient l'honneur de la garde impériale dans ces trois années de fin de règne.
Ainsi je venais me lover entre 4 pieds 9 pouces, 1,544 (8 Fructidor au XIII ) et 1,58 mètre et j'allais être incorporé dans l'infanterie légère, au 3e voltigeur...je sentis mes jambes faiblir, je m’assis sans pouvoir répondre un mot. Le recruteur sortit de son tiroir la feuille de route en belle écriture, et se mit à la lire lentement...je fus englouti dans un profond brouillard.

Le temps s'écoula, contre vents et marrées, la vie, la chance, le destin.
Aujourd'hui, quel jour sommes nous ? Août 1857, le facteur du village me remet une boite en carton recouvert d'un papier glacé blanc, sur le couvercle un aigle couronné et l'inscription : Aux compagnons de gloire de Napoléon 1 er - Décret impérial du 12 Août 1857. Je déchire maladroitement en tremblant le paquet, une médaille glisse et tombe sur la table, je m'en empare comme un voleur et garde un instant le poing et les yeux fermés...
Une médaille de bronze patinée...le profil de l'empereur, campagnes de 1792-1815...à ses compagnons de gloire-sa dernière pensée-Ste Hélène-5 mai 1821. Mes yeux se brouillent, je durcis mon visage pour rectifier la position, on pourrait me voir, je déroule nerveusement un rouleau blanc qui accompagne le paquet ...c'est une chance, je sais lire maintenant,
le timbre de la grande chancellerie de l'ordre impérial de la légion d'honneur et la signature du grand chancelier.
Au centre du document, du diplôme, calligraphié à l'anglaise, comme par hasard :
Mandon Pierre, fils de Jean Mandon et Marie Desvilles, conscrit de 1813, soldat au 16ème léger et au 3ème Voltigeur  de la garde impériale.
Campagnes de 1813 -1814 -1815.

Au fond de ma chaise, prostré et fatigué je suis emporté impuissant dans un orage qui me propulse loin, tellement loin, dans un déluge de bruits, de feux, de cris. Les clameurs, les hurlements de peur et de haine mêlées, les cliquetis, les fusillades, les canonnades...les musiques cacophoniques, les tambours, la charge, les nuits angoissantes, les jours tempétueux, les nuits et les jours, le froid, la soif, la faim, les douleurs, les blessures, les brûlures, la fièvre... ma jambe me fait mal, je sens comme un choc brutal à l'épaule, le sang, la peur de mourir , le coup de pied de cheval au flanc droit...je ne bouge plus comme un animal blessé entre vie et trépas qui feint la mort pour survivre...

Un sourire voilé... Au début, quand nous traversions des villages sans nombre, tantôt en montagne, tantôt en plaine. A l’entrée de chaque bourgade, les tambours attachaient leur caisse et battaient la marche ; nos habits de couleur, de jaune, de rouge, de bleu, de blanc, nous redressions la tête, nous emboîtions le pas, pour avoir l’air de vieux soldats. Les gens venaient à leurs petites fenêtres, ou s’avançaient sur le pas de la porte en nous acclamant. Régiment de jeunes conscrits imberbes les "Marie-Louise", du prénom de l'impératrice Marie-Louise d'Autriche. C'était tout au début de la campagne de France avant le déluge, avant que la sueur, le sang et la boue ternissent notre prestige et notre image.

Grâce à ma petite taille, ma vigueur, mon agilité, je fus souvent désigné pour des interventions périlleuses en commandos groupés, en première ligne, nous précédions toujours les grenadiers et leur pas de sénateur, les grognards.
Nous escaladions les montagnes, forcions les passages difficiles, en somme, nous ouvrions la route à la victoire.
Nous montions souvent en croupe, rapidement déplacés par les cavaliers. Voltigeurs nous descendions avec légèreté et suivions à pied les cavaliers marchant au trot.

Au moment des cent jours, l'empereur fut écarté quelques mois à l'ile d'Elbe. Nous connurent quelques temps de répits mais l'aigle n'attendit pas longtemps pour reprendre sa quête de prédateur, il organisa sa dernière offensive. Les alliés réagirent au congrès de Vienne dans une dernière coalition et notre régiment, le 3e Voltigeur, sous le commandement du colonel Hurel, prit la direction de la Belgique...à 20 kms au sud de Bruxelles, "la bataille de mont saint-jean"...Waterloo, le 18 Juin 1815.

Ce fut très vite la déroute, certaines unités françaises commencèrent à se débander. La panique gagna l'ensemble du front français et la déroute s'amplifia. Hormis quelques rares bataillons de la garde, l'armée du nord s'enfuit dans le plus complet désordre, abandonnant l'essentiel de ses bagages et de son artillerie. Trois années d'entrainement à la course à pied me permirent ce jour là de voltiger avec une ardeur et une détermination peu communes qui m'arrachent aujourd'hui encore des grands éclats de rire, et pourtant j'ai mal partout dans mon corps, j'ai mal aussi à mon passé que je porte tous les jours par les chemins.

Aujourd'hui fin d'année 2010, deux siècles après cette page historique, je comprend mieux l'immense importance que j'accorde à la mobilité, à la voltige naturelle, à la vie. Je regarde et palpe respectueux cette médaille de sainte-Hélène qui me parle de mon ancêtre et m'aide à méditer sur les folies du monde et les facéties humaines. Les modes et les traditions changent, mais les passions et les égarements demeurent.


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21 réactions à cet article    


  • voxagora voxagora 16 décembre 2010 12:20

    .

    Quel hasard !
    Il se trouve que j’ai toujours un e-book en train, que je lis sur des sites de lecture gratuits,
    genre ebookslibresetgratuits, ou inlibroveritas ..
    et que je viens de terminer « Histoire d’un conscrit de 1813 » : vérité, simplicité,
    et grandeur de l’écriture : un réel plaisir.

    • finael finael 16 décembre 2010 15:34

      Dans les campagnes Napoléon était souvent appelé « l’ogre » en raison des levées successives de conscrits.

      Une référence : « Le conscrit de 1813 » par Erckmann-Chatrian (attention il s’agit en fait de deux auteurs).


      • jack mandon jack mandon 16 décembre 2010 15:41

        voxagora,

        Quelques appuis historiques, un respect chronologique et le souvenir d’histoires familiales à la veillée, un vif désir d’entendre et de me représenter un être humain d’un autre temps avec une odeur de terroir dans une nature plus authentique.
        Bien sur, le risque de la subjectivité mais avec des faits qui prennent chair.

        Merci de votre passage.


        • jack mandon jack mandon 16 décembre 2010 16:38

          Bonjour finael,

          Malgré l’immense crainte qu’il inspirait, Napoléon fascinait, il avait l’art de se mettre en scène. Les critiques et les opposants furent nombreux. C’est vrai qu’il n’était pas complaisant et assez peu porté à la diplomatie.
          Talleyrand est son antinomie, le britannique à la française.
          Nous entrons dans l’époque Romantique, période propice à l’inflation des désirs.

          Quelle folie s’est emparé de ce monde.
          Il est aussi incroyable que ces évènements couvraient très largement la surface de la terre
          sans que pour autant les nations se trouvent reliées par quelque communication en temps réel.

          Merci de votre intervention.


          • COVADONGA722 COVADONGA722 16 décembre 2010 21:04

            yep compliment à l’auteur : du realisme on sent le porteur du shako a plumet vert/jaune . Une appartée on fait souvent comme si l’armée imperiale etait surgie du neant, c’est oublier qu’elle
            provient de l’amalgame de la ci-devant armée royale et des levée en masse republicaine
            loi d’amalgame fevier 93 et les demie brigade c’est oublier qu elle dispose d’un des rare systeme d’armement cohérent de l epoque " gribeauval’ heritage de la royauté in fine comme vous le rappelez dans votre texte vertue republicaine d’alors le merite primant sur le nom nombre de generaux et marechaux d’empire commencerent leur carriere comme sous officier
            sous l uniforme blanc ! j ai trouvé votre recit pationnant merci


            • jack mandon jack mandon 16 décembre 2010 22:52

              Bonsoir COVADONGA722,

              Merci d’apporter une dimension plus technique, le shako à plumet vert/jaune, Gribeauval l’ingénieur artilleur.
              J’avoue que je me suis focalisé sur la détresse d’un homme qui semblait appartenir
              au rouage militaire comme un accessoire de chair et de sang. La servitude paysanne.
              Pour cette raison, j’ai pensé à tort qu’il avait un peu négligé de mettre des mots sur sa mésaventure.
              Manifestement, 3 années de guerre modifient un homme et lui offre l’occasion d’exercer sa
              curiosité. Il est évident que dans des situations stressantes l’intelligence est particulièrement
              stimulée. 

              Merci de votre visite pertinente.


              • rocla (haddock) rocla (haddock) 17 décembre 2010 09:18

                Un empire pour écrire avec autant de précision . 

                L’ ancre de votre navire est trempée dans des eaux limpides dont les coraux donnent des reflets bleus à la brillance des épithètes et une altière robustesse aux attributs .

                Cette époque , ce Napoléon , ce monde ....que d’ os ....


                Bonne journée Jack .

                • rocla (haddock) rocla (haddock) 17 décembre 2010 09:24

                  Un empire pour écrire avec autant de précision .


                  L’ ancre de votre navire est trempée dans une eau limpide donnant des reflets bleus 
                   à la brillance des  épithètes et  altière virilité  aux attributs .

                  Cette époque , ce Napoléon , ce monde ...que d’ os...

                  Bonne journée Jack .








                  • jack mandon jack mandon 17 décembre 2010 10:08

                    Salut capitaine,

                    La marine paradoxale, enluminée et fossoyeuse,

                    contradictoire et fidèle à elle même,

                    Mais toujours fidèle

                    Merci pour le lyrisme baroque dans un temps où Napoléon entrait par une porte,

                    Louis XVIII sortait par une autre et visé.versa...

                    Une espèce de théâtre de boulevard mais avec un fond profondément dramatique.

                    Les puissants font peu de cas des vies humaines anonymes.

                    Quand je pense qu’avec cette expérience séculaire qui nous parle encore

                    aux tripes, il est des religieux sortis du néant médiéval pour nous gonfler

                    avec des principes archaïques contre nature.

                    Qu’ils aillent au diable avec leur violence névrotique.

                    Il existe encore des intellectuels, qui font des fixations sur les

                    symptômes, Marine ou Jean-Marie en refusant de voir qu’il faut s’attaquer

                    à la racine du problème.

                    Certes, pas de violence, mais de la fermeté et surtout de la clairvoyance.


                    • Georges Yang 17 décembre 2010 10:55

                      Malgré la boucherie, l’inégalité face à la conscription, l’autocratie de l’Empereur, il existait un fort sentiment patriotique parmi les gens du peuple.
                      Ce patriotisme a disparu, est devenue quasiment une honte de nos jours.
                      Cela dit, il ne faut pas être trop dithyrambique avec Napoléon, mais les autres souverains de l’époque n’étaient guère des saints
                      Autres temps autres moeurs, l’épopée napoléonienne a eu ses ratés et ses injustices, ce qui est dommage c’est que la majorité des Français a honte de son histoire quand elle ne l’ignore pas


                      • jack mandon jack mandon 17 décembre 2010 13:13

                        Georges Yang,

                        Dans le contexte premier, la révolution, les droits de l’homme et la personnalité

                        haute en couleur de ce César moderne que fut Bonaparte, seul un ignorant

                        de l’histoire de France rejette en bloc cette page essentielle du monde.

                        Le métissage a peut être une influence modératrice sur le nationalisme.

                        L’ignorance des parents et la médiocrité de certains enseignants ajoutent

                        au manque d’intérêt pour l’histoire, l’art, la littérature etc...

                        S’il existe autant de défection dans les résultats scolaires...

                        Au fond la majorité des français devraient surtout avoir honte de leur ignorance.

                        Inconsciemment c’est ce qui se passe, mais la projection fausse le sens.

                        Ainsi, c’est de la faute de l’autre, c’est plus simple.

                        Merci de votre intervention, ce fut l’occasion d’évoquer ce problème.


                      • dupont dupont 17 décembre 2010 11:33

                        Merci, je me suis régalé. Toutefois, pour éviter toute boucherie devons-nous sombrer dans la plus basse lâcheté ? 
                        Encore une fois, l’homme est un loup pour l’homme et celui qui veut devenir agneau est mangé, en priorité. 


                        • jack mandon jack mandon 17 décembre 2010 13:47

                          Bonjour dupont,

                          En 1813, les Français pouvaient légitimement se défendre.

                          La situation politique et militaire étaient tout autre.

                          Nous devions contenir l’assaut généralisé de tous nos voisins.

                          1813-1814-1815

                          Ce n’était plus pour gagner de la gloire et des royaumes qu’on levait des soldats, c’était pour défendre le pays, On désirait la paix ! Malheureusement les Russes s’avançaient, les Prussiens se mettaient avec eux, les Anglais étaient en pleine offensive.

                          Quant à la bataille de France, elle se produisit d’ Ouest en Est de Paris à l’Alsace, au Nord
                          la Belgique et Waterloo, la destination finale. Ce fut l’addition, elle fut salée.

                          Heureusement Talleyrand fit un travail de diplomatie et de fine politique.
                          Très rapidement Talleyrand redresse la situation grâce à sa diplomatie et grâce aussi à ses réceptions somptueuses dont le mérite revient pour une grande part à Carème. Les personnages les plus importants aceptent avec empressement ses invitations. On y parle politique, théâtre, musique et même fromage ! Talleyrand s’assied avec naturel et aisance à la grande table des négociations parmi les Alliés et prend la posture d’interlocuteur égal aux autres. Face à la convoitise des alliés il oppose « légitimité » « droit public » désintéressement et représentation des petits pays. Par ses intrigues et son habileté manœuvrière, il ne tarde pas à diviser les alliés et couronne son action en concluant une alliance avec l’Autriche et l’Angleterre, et en limitant les exigences de la Prusse et de la Russie.
                          L’Europe allait prendre la forme qu’on lui connait.

                          Merci de votre passage


                        • Dominitille 18 décembre 2010 00:57

                          Bonsoir M. Mandon,
                           Il ne nous manque plus qu’ un aristocrate-président déposant ses coffres dans l’ entrée de l’ Elysée en pensant que l’ Histoire est parfois très coquine. Talleyrand s’ accomoderait très bien de cette situation, lui qui a retourné sa veste tant de fois qu’ il doit lui manquer quelques boutons.
                          Un héritier des Habsbourg ne dédaignerait pas devenir président de l’ Autriche, au 21ème siècle, empereur ou président pour lui se sera toujours au même endroit.
                          J’ aimerais par contre savoir, pourquoi le neveu a décerné des médailles aux soldats de Napoléon le petit.
                          Par curiosité, je suis allée sur le site consacrée à cette médaille, le mythe de l’ Empereur conquérant est encore vivace.
                          Bonne nuit


                          • COVADONGA722 COVADONGA722 18 décembre 2010 07:46

                            « pourquoi le neveu a décerné des médailles aux soldats de Napoléon le petit »

                            bonjour Dominitille
                            c’est justement le neveu Napoléon III que V Hugo avait surnommé napoléon le petit


                            • jack mandon jack mandon 18 décembre 2010 08:10

                              COVADONGA722,

                              Bien sur, vous avez raison, Napoléon III se mesure en unité linéaire,

                              c’est à dire humaine,

                              Bonaparte en unité universelle, hors de notre système humain.

                              Napoléon III a eu quelques fois le mérite de poursuivre certains projets

                              élaborés au temps du grand Napoléon.

                              L’époque romantique qui s’enracine dans ce moment de l’histoire,

                              et qui alimente l’imaginaire de Victor Hugo m’aide à vivre.

                              Pour moi, c’est ce qui reste quand tout nous est enlevé.

                              C’est un formidable moment d’amour et de folie.

                              Je vous remercie tous de vos interventions...harmonieuses 


                            • jack mandon jack mandon 18 décembre 2010 07:52

                              Bonjour Dominitille,

                              Dépoussiérant votre commentaire !

                              C’est une manière d’animer l’histoire qui n’est pas pour me déplaire, compte tenu

                              du fait que l’analyse objective des faits historiques se mêle allègrement

                              à l’imaginaire dans bien des cas.

                              Même si Napoléon a su se mettre en scène comme un conquérant romantique

                              à l’époque ou il se nommait Bonaparte, dans le même temps où Beethoven

                              chantait ses louanges, son empreinte dans l’inconscient des peuples et colossale

                              Elle est de même nature que celle d’Alexandre le grand et que César.

                              D’ailleurs ces hommes d’exception marchent dans les mêmes voies.

                              Je pense que psychiquement, ils débordent largement la normalité.

                              Nous vivons tous sur le mode de fonctionnement inhibition-excitation,

                              L’EXCITATION, chez les hommes de ce type, développe une intelligence

                              hors du commun et une propension à se vivre en demi-dieu.

                              Souvenez vous Louis XIV, « Après moi le déluge »

                              Leur destinée se conjugue au temps universel et non pas au temps linéaire,

                              comme le commun des mortels.

                              Napoléon III avait simplement accompli le testament de l’aigle

                              Références : Le drame de Saint Hélène - Andé Castelot
                               Napoléon à Saint-Hélène - Gilbert Martineau
                               L’énigme résolue - René Maury / François de Candé-Montholon
                               Notes explicatives de JEAN-PIERRE BABELON et SUZANNE D’HUART

                              En revanche, les lègues important qu’il faisait à ses soldats et leurs familles

                              ont été détournés pour la couronne par Louis XVIII, le roi des français.

                              Quant à Talleyrand, Napoléon lui aurait dit un jour dans un moment

                              d’emportement « Talleyrand, vous êtes de la merde dans un bas de soie »

                              Effectivement, il était diplomate. ( Talleyrand, bien sur)

                              Cependant au Congrés de Vienne il défendit brillamment les intérêts

                              de la France avec une grande habileté diplomatique.

                              Il est vrai que les plus belles fleurs poussent sur le fumier.

                              Deux siècles nous séparent de cette période importante de notre histoire

                              et pourtant, c’est encore aujourd’hui.

                              Avec Napoléon le mythe rejoint largement la réalité.

                              C’est un héros vagnérien.

                              Merci de votre intervention, elle prolonge le rêve

                              en évitant le cauchemar.

                              Au plaisir


                              • COVADONGA722 COVADONGA722 18 décembre 2010 08:01

                                Bonjour , ancien regime , directoire , consulat , empire , restauration puis monarchie de juillet
                                cela s’appelle de la constance dans le service de l’Etat , je vous decouvre un brin admiratif
                                du« diable boiteux » non ?


                                • jack mandon jack mandon 18 décembre 2010 08:43

                                  COVADONGA722,

                                  Admiratif, tout à fait.

                                  Comme vous le soulignez Talleyrand fait preuve d’une grande flexibilité

                                  et d’une intelligence rare.

                                  Lui aussi brille au wallalah mais comme faire valoir, ce qui est généreux.

                                  Il est très paradoxal, c’est un serviteur surprenant de constance

                                  pour le bien de la France, grâce à son sens de la politique.

                                  Au fond, sur la monnaie frappée à l’éphigie de César, il apparait

                                  sur le côté pile. Je pense au tao et à ses deux composantes

                                  qui engendrent une harmonie.

                                  Je sens que vous avez l’art de la synthèse et que cela provoque chez moi

                                  une espèce de dispersion.

                                  Merci de votre intervention


                                  • Dominitille 20 décembre 2010 01:15

                                    Bonsoir M. Mandon,
                                    Il me semble que ce soit louis XV qui parlait de déluge. S’ il avait su ce qui allait se passer après sa mort, il aurait changé l’ ordre de succession dans l’intérêt de la dynastie.
                                     Seulement s’il avait fait cela votre ancêtre n’aurait pas eu de médaille, n’aurait pas eu à aller à la guerre de Napoléon mais plus surement pour celle d’un Bourbon.
                                    Je vous souhaite à présent de très bonnes fêtes de Noël et une excellente Nouvelle Année.
                                    Je ne vais plus tapoter sur mon clavier pour au moins les 15 prochains jours, je me mets au vert et au blanc ; la nature et la neige.


                                    • jack mandon jack mandon 20 décembre 2010 08:29

                                      Domi,


                                      Alain Rey indique n’avoir trouvé une attestation de cette expression qu’en 1789. Elle est pourtant, selon les sources, associée quelques dizaines d’années auparavant soit à Louis XV, soit à sa favorite, Mme de Pompadour.
                                      Il est donc étonnant de ne pas en trouver de trace écrite un peu avant, compte tenu de la notoriété de leurs auteurs présumés.

                                      Bien entendu, le ’déluge’ fait référence non pas à une simple pluie diluvienne ou à une inondation ’banale’, mais à la catastrophe biblique qu’a été le Déluge dont seul Noé est sorti vivant avec sa famille et tous les couples d’animaux qu’il avait pu faire monter à bord de son arche, à partir du moment où Dieu lui a fait savoir qu’il allait se débarrasser de tous ces fichus hommes incorrigibles pécheurs.

                                      On prête cette expression à Louis XV qui parlant de son dauphin, l’aurait employée pour dire qu’il se moquait complètement de ce qu’il pourrait faire après sa disparition.
                                      Mais on évoque plus souvent la Pompadour qui, alors que le peintre Quentin de la Tour peignait son portrait, vit arriver le roi accablé d’avoir appris la défaite du maréchal de Soubise à Rossbach en 1757, et lui aurait dit "Il ne faut point s’affliger : vous tomberiez malade ; après nous le déluge !".

                                      Mais, malgré le manque d’attestation écrite plus ancienne, Claude Duneton dit que cette expression existait encore bien avant et qu’elle aurait été remise au goût du jour par l’astronome Maupertuis qui avait annoncé le retour de la comète de Halley pour 1758, en indiquant qu’elle provoquerait un nouveau déluge et peut-être la fin du monde, ce qui aurait rendu certaines personnes très fatalistes et donc susceptibles de prononcer ce proverbe.

                                      Merci d’avoir soulevé la question.

                                      Comme vous le voyez, les origines sont toujours contestables, d’autant que les hommes ont
                                      tendance à se copier les uns les autres depuis le début des temps,
                                      je vais de ce pas me connecter avec l’homme de Néandertal.

                                      BONNES VACANCES !

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