Georges Brassens... en toute saison, les nymphes de ruisseau, les vénus de barrières
« Tu as rejoint, dans la fosse commune du temps, le père Hugo et l’oncle Archibald, Bonhomme et Verlaine, Brel et le vieux Léon, Paul Fort et le pauvre Martin, et bien d’autres encore, qui ne se sont endormis que pour mieux nous tenir en éveil. »
Pour beaucoup d’entre nous, pour une foule de gens, de tous âges, de toutes origines et de toutes opinions, Georges, tu fais partie de la famille, tu ne déranges même plus, ceux tombés de la dernière averse ou bien des neiges d’antan. La vie a déroulé son rideau d’éveil, d’ombre et de lumière sur notre histoire, nos tempes grises et nos cœurs endurcis.
Et pourtant, quelques accords de guitare, quatre bouts de rimes, ta silhouette tranquille et rassurante, ta voix chaude et grave... et revient le temps de nos amours d’antan.
Les amoureux des bancs publics,
Présages hypothétiques qui semblaient tout à fait étrangers à notre histoire naissante.
... Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambant
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds...
Le parapluie
... Il pleuvait fort sur la grand-route,
Ell’ cheminait sans parapluie,
J’en avais un, volé sans doute
Le matin même à un ami.
Courant alors à sa rescousse,
Je lui propose un abri
En séchant l’eau de sa frimousse,
D’un air très doux ell’ m’a dit oui. »
Tu avais l’art de jeter un pont entre la poésie gauloise, robuste et vigoureuse, à l’image de ton brave père, jovial maçon français, et les musiques jolies transalpines, fleurs joyeuses et riantes de la poésie courtoise plus raffinée, ta maman Elvira, fille d’Italie.
La chasse aux papillons
... Un bon diable à la fleur de l’âge,
La jambe légère et l’œil polisson,
Et la bouche plein’ de joyeux ramages,
Allait à la chasse aux papillons...
Il suffit de passer le pont,
... C’est tout de suite l’aventure !
Laisse-moi tenir ton jupon,
J’ t’emmèn’ visiter la nature !
L’herbe est douce à Pâques fleuries,...
Les sabots d’Hélène
... Dans les sabots de la pauvre Hélène
Dans ses sabots crottés
Moi j’ai trouvé les pieds d’une reine
Et je les ai gardés...
La première fille
... Jamais de la vie
On ne l’oubliera
La première fill’ qu’on a pris’ dans ses bras...
Une jolie fleur
... J’ai plus d’ rancune et mon cœur lui pardonne
D’avoir mis mon cœur à feu et à sang
Pour qu’il ne puisse plus servir à personne...
Je me suis fait tout petit
... Tous les somnambules, tous les mages m’ont
Dit sans malice
Qu’en ses bras en croix, je subirai mon
Dernier supplice...
Le testament
... Avant d’aller conter fleurette
Aux belles âmes des damnées
Je rêv’ d’ encore une amourette
Je rêv’ d’encore m’enjuponner...
A l’ombre du cœur de ma mie
... A l’ombre du cœur de ma mie
Un oiseau s’était endormi
Un jour qu’elle faisait semblant
D’être la belle au bois dormant...
Bonhomme
... Malgré la bise qui mord
La pauvre vieille de somme
Va ramasser du bois mort
Pour chauffer bonhomme...
Pénélope
... N’as-tu jamais souhaité de revoir en chemin
Cet ange ce démon qui, son arc à la main
Décoche des flèches malignes
Qui rend leur chair de femme aux plus froides statues
Les bascul’ de leur socle bouscule leur vertu
Arrache leur feuille de vigne...
Dans l’eau de la claire fontaine
... Avec des pétales de roses
un bout de corsage lui fis
La belle n’était pas bien grosse
Une seule rose a suffi.
Les amours d’antan
... Car le cœur à 20 ans se pose ou l’œil se pose
Le premier cotillon venu vous en impose
La plus humble bergère est un morceau de roi...
... Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...
Rien à jeter
... Sans ses cheveux qui volent
J’aurai dorénavant
Des difficultés folles
A voir d’où vient le vent
Tout est bon chez elle, il n’y a rien à jeter
Sur l’île déserte, il faut tout emporter...
La religieuse
... Il paraît que dessous son gros habit de bure
Elle porte coquettement des bas de soie
Festons, frivolités, fanfreluches, guipures,
Enfin tout ce qu’il faut pour que le diable y soit
Et les enfants de cœur ont des pensées impures...
Le blason
... Ayant avec lui toujours fait bon ménage
J’eusse aimé célébrer sans être inconvenant
Tendre corps féminin ton plus bel apanage
Que tous ceux qui l’ont vu disent hallucinant...
Don Juan
... Et gloire à Don Juan, d’avoir un jour souri
A celle à qui les autres n’attachaient aucun prix...
Il n’y a pas d’amour heureux
... Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé...
Les passantes (A. Pol)
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais...
... Alors au soir de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on a pu retenir.
« Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leur âme légère court encore dans les rues
Leur âme légère, c’est leurs chansons
Qui rendent gais, qui rendent tristes
Filles et garçons
Bourgeois, artistes
Ou vagabonds
Longtemps, longtemps, longtemps... » (ch. Trénet)
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