Joyeux Noël
Pour la première fois, un film sur la Grande Guerre sonne juste. Pas d’héroïsme, pas d’attaque spectaculaire, mais une présentation dépouillée de ce premier Noël dans les tranchées de 1914. Une belle leçon d’histoire sur l’état d’esprit des troupes en 1914 et sur le changement qui s’opère chez certains.
Joyeux Noël aborde donc la Grande Guerre au travers l’histoire des ces tranchées ennemies qui fraternisent en ce Noël 1914. Au-delà de l’épisode réel et marginalisé par l’histoire, plusieurs scènes du film sonnent avec une grande justesse. En effet, le jeune lieutenant français qui vomit avant une offensive traduit bien l’état moral dans lequel se trouvaient les troupes avant l’attaque. Le garçon coiffeur de Lens qui se retrouve à quelques mètres de chez lui sans pouvoir rendre visite à sa famille évoque avec beaucoup de pudeur et de réalisme le malheur de ces soldats du Nord qui n’ont pas vu leurs proches pendant quatre ans.
La scène de rencontre sur le no man’s land des troupes françaises, écossaises et allemandes montre à merveille l’embarras premier de ces fraternisations puis, l’alcool aidant, la rencontre d’hommes si proches.
Le personnage le plus complexe est sûrement ce jeune Écossais qui vient de perdre son frère et qui ne peut se résoudre à fraterniser avec l’ennemi. Car c’est là, à mon sens, la plus belle leçon de ce film. C’est que, si la fraternisation est possible en décembre 1914, la douleur de la perte d’un proche va provoquer pendant au moins deux ans une grande haine de l’ennemi. Il faudra attendre la grande lassitude de 1917 pour, à nouveau, voir des actes de fraternisation.
Au total un très bon film, où la beauté de la cantatrice concurrence l’humour du garçon-coiffeur et la torture quotidienne du lieutenant loin de son épouse.
Une petite réserve toutefois, sur la personne du Kronprinz (trop gros ; trop petit) ; sur la belle écriture à l’encre des lettres de poilus.
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