K-Pop : Ringa Linga enflamme la toile
Sorti il y a quelques jours seulement, Ringa Linga de Taeyang est au sommet des charts dans plusieurs pays d’Asie et a enflammé les réseaux sociaux ce week-end. Le clip, quant à lui, est visible depuis le 9 novembre sur YouTube et a atteint 1 million de vues en moins de 24h. Deux jours plus tôt était présentée une autre vidéo, Ringa Linga Dance Performance, version alternative qui met à l’honneur la chorégraphie et qui s’avère tout simplement virtuose. Le nouveau coup de maître sud-coréen !
Oubliez les provocations débiles de Miley Cyrus. A l’heure où la pop américaine s’engouffre dans la course au sexe au rabais et au luxe clinquant, jusqu’à nous faire oublier les standards que l’Amérique imposait dans les années 80-90, la K-Pop représente une alternative plus que jamais pertinente. Mais une alternative qui n’a pas nécessairement pour but de combattre sa grande sœur ; d’ailleurs, certains artistes américains semblent accueillir le phénomène avec bienveillance. La preuve en est le geste de Rihanna qui s’est abonnée ce week-end au compte Instagram de Taeyang, juste après la sortie du clip de Ringa Linga. Les manifestations d’intérêt de la part d’artistes américains n’ont rien de négligeables : après tout, c’est de là qu’est parti le phénomène Gangnam Style…
Si vous n’avez pas encore vu la vidéo Ringa Linga Dance Performance, la plus épatante des deux versions du clip, un rattrapage immédiat s’impose :
De l'Amérique à la Corée du Sud
Je me souviens encore, il y a plus de 25 ans, de ce jour où je me suis installée, en famille, devant la télévision pour assister à la toute première diffusion en France d'un clip alors très attendu : Bad de Michael Jackson, une vidéo signée Martin Scorsese. Dans un décor urbain, voire crasseux, évoquant la dureté du monde expérimentée par les jeunes de la rue, Michael Jackson imposait son charisme en jouant sur une gestuelle et des expressions étonnamment agressives. La vidéo effraya légèrement les générations plus âgées, qui furent tout de même forcées de reconnaitre la rigueur et l’exigence du travail de chorégraphie. A l’époque, on louait l’excellence voire l'exclusivité américaine en la matière, les artistes d’outre-Atlantique étant les seuls capables, sur la scène pop, d’orchestrer des danses collectives aussi maîtrisées, reposant sur une coordination aussi exacte entre les danseurs.
Aujourd’hui, ce sont les Sud-Coréens qui prennent le relai. Non que les Américains ne possèdent plus de talents, mais les artistes issus du Pays du Matin Calme revisitent cette discipline avec une fraîcheur qui a depuis longtemps disparu au pays de l’Oncle Sam. Rien d’étonnant, dans ce contexte, à ce que des chorégraphes habitués aux standards américains acceptent sans difficulté les sollicitations d’artistes sud-coréens. Ainsi, l’année dernière, Xia Junsu innovait en sortant le sulfureux Tarantallegra, dans lequel il était entouré d’une troupe de danseurs américains qui a d’ailleurs fait le tour du monde à ses côtés. Cette année, c’est au tour de Taeyang de faire venir une troupe d’outre-Atlantique : la chorégraphe de Ringa Linga, Parris Goebel, est la leader de la ReQuest Crew, une troupe d'origine néo-zélandaise mais aujourd'hui basée aux Etats-Unis depuis que Goebel est devenue la chorégraphe officielle de Jennifer Lopez.
Pour les novices dans la K-Pop, Taeyang n’est autre que l’un des vocalistes de BIGBANG, l’un des groupes sud-coréens les plus populaires à travers le monde. Taeyang sort à présent son second album solo, Rise, dont Ringa Linga est le premier extrait. Composé par G-Dragon et José E. Luna, écrit par G-Dragon et Ttokki et arrangé par José E. Luna, Ringa Linga a déjà atteint le sommet des charts dans plusieurs pays hors des frontières de la Corée du Sud, dont Singapour, Taïwan, le Vietnam ou encore la Malaisie. Les music videos réalisés autour de Ringa Linga font eux aussi parler d'eux.
Pour commencer, le clip officiel a atteint le million de vues sur YouTube en moins de 24h. Superbement réalisé et monté, comme souvent chez YG Entertainment, ce clip typiquement coréen nous immerge dans un univers urbain aux couleurs ultra saturées pour nous inviter à faire la fête sous le signe du hip hop. Du pur street power qui parlera à une jeunesse coréenne en pleine conquête de ses libertés, symbolisée ici par un groupe mixte de danseurs très badass, avec leurs tenues sombres aux motifs phosphorescents, et un Taeyang plus charismatique que jamais, moins romantique que lorsqu'il œuvre au sein de BIGBANG mais tout en sensualité et en énergie. Chose surprenante, on découvre aussi, dans un décor qui évoque un rassemblement de tuning, une touche de culture traditionnelle coréenne à travers des acrobates faisant tourner le ruban blanc qui orne leur chapeau. Enfin, quelques figures de la "YG family" (terme employé en référence au label YG Entertainment) font bien entendu des caméos, à commencer par l'incontournable G-Dragon, le leader de BIGBANG, qui apparaît aux côtés de Taeyang dans une voiture futuriste, mais aussi les membres de Winner, le nouveau groupe lancé par le label.
Tous unis dans la danse
Là où la collaboration entre Taeyang et la chorégraphe Parris Goebel prend tout son sens, c’est dans la vidéo Ringa Linga Dance Performance, sortie deux jours avant le clip officiel. Dans la même veine que I Love Cali Boys, le clip de la même chorégraphe qui a poussé Taeyang à la contacter, la vidéo musicale se présente sous la forme de deux plans-séquences absolument virtuoses, réalisés par Jerry Evans.
La sortie de vidéos Dance Performance ou Dance Practice est très courante dans la K-Pop, l'idée étant de compléter le clip, lui-même souvent doté d'un montage très "cut", en filmant les danseurs quasi sans interruption afin de permettre de profiter du travail de chorégraphie. Mais au lieu de poser une caméra fixe dans le décor, le réalisateur balade sa caméra au milieu des danseurs, en n'effectuant en tout et pour tout qu'une seule coupe. Le plan dans le parking extérieur est absolument magnifique, notamment lors des va-et-vient entre Taeyang et les danseurs apparaissant en contre-jour devant les phares des voitures. Juste après, la caméra se promène dans un long couloir étroit, croisant des danseurs parfaitement coordonnés mais toujours très expressifs, avant qu'un trio nous nous invite dans la salle de danse où s'achèvera la vidéo. Là encore, un incroyable jeu de caméra nous laisse entrevoir les danseurs un par un, autour d'un Taeyang qui allie comme toujours précision, souplesse et légèreté dans ses mouvements – le jeune homme est souvent cité parmi les meilleurs danseurs de la scène K-Pop. Il y a du sentiment, dans Ringa Linga, voire une revendication à travers cette troupe de danseurs de rue multiethnique et unis dans la danse. Une danse à la fois puissante et gracieuse, stimulante et fédératrice.
Sachant que Rihanna s’est abonnée au compte Instagram de Taeyang, le succès de Ringa Linga débordera-t-il en Occident ? Difficile de se prononcer à ce stade de la carrière de la chanson. Mais une chose est sûre, la réactivité de Rihanna témoigne non seulement de la crédibilité de Taeyang outre-Atlantique, mais aussi, plus généralement, de la reconnaissance de la K-Pop par les acteurs majeurs de l'industrie du disque américaine.
Ci-dessous, le clip officiel de Ringa Linga.
Elodie Leroy
www.stellarsisters.com
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