« Le code a changé » : une éprouvante comédie filmée comme du mauvais théâtre.
Annoncé à grands fracas de plateaux télés et d’interviews complaisantes sur toutes les chaînes de France et de Navarre, Le code a changé se révèle n’être qu’une immense tartuffade plombée de dialogues oiseux d’où n’émerge qu’avec peine un Patrick Bruel étrangement convaincant en éminent cancérologue sincèrement affecté par la maladie de ses patients.
La comédie est à la peine et les efforts de Pierre Arditi ou Karin Viard pour donner corps à cette bouillie inconsistante faite de rebondissements téléphonés laissent un sentiment de recuit – sinon de malaise - dont l’origine est sans doute à trouver du côté de la trame scénaristique, d’une minceur inégalée, qui nous rejoue l’éternel débat poisseux des petits accommodements avec la vie et des couples mal assortis qui n’en peuvent mais.
Dans Le code a changé, le ridicule ne tue pas et traverser Paris en 4X4 un jour de Fête de la Musique est au moins aussi naturel que de se confondre en excuses auprès de la maîtresse de maison pour le retard dû aux encombrements, à peine prévisibles, suscités par l’événement :
« Ah, les rues étaient bondées, chérie ».
On s’en voudrait de ne pas lui rappeler qu’il est prudent d’éviter l’avenue des Champs-Elysées le 14 juillet. Le matin surtout.
Dans le même registre, on reste soufflé devant l’étonnante révélation d’Emmanuelle Seigner – qui ne s’en sort pourtant pas si mal par ailleurs – annonçant sans rire devant un parterre médusé que « les gens font semblant d’être heureux en société » ou on ne sait quelle réplique définitive qu’aurait sans doute aimé écrire Katherine Pancol dans ses romans sulfureux.
La même Emmanuelle qu’on revoit signant des autographes pour son livre sur l’autisme, thème à la mode sans doute choisi pour son glamour, forcément plus vendeur que la maladie de Hodgkin ou les risques des greffes de la moelle osseuse.
Le reste est à l’avenant. Marina Foïs en très improbable gynécologue surjoue son personnage d’épouse lassée des apparences, indécise et futile, auquel semble répondre en écho Thompson fils, alias Lucas, transparent et inhabité, dont la prise de conscience tardive (sa femme est plus talentueuse qu’il ne l’avait imaginé) évoque au mieux la stupéfaction de Tintin découvrant dans le Sceptre d’Ottokar que le Professeur Halambique est bel et bien un imposteur.
De là à penser que cette éprouvante comédie filmée comme du mauvais théâtre soit tout entière une imposture, il n’y a qu’un pas.
Las. Rien ne laisse pressentir que le code ait changé : la sinistre comédie boulevardière à la française, étriquée et vaine, emprunte toujours ses héros à la bourgeoisie parisienne que tourmentent de petits maux vides de contenu au regard desquels la Douleur du monde – Eden à l’Ouest, Costa Gavras - pourrait bien donner envie de s’enrôler fissa dans l’humanitaire.
Moyenne des avis sur cet article :
4.8/5
(20 votes)
Voila une critique bien tournée, vous confirmez ce que pressentais, la saison du navet est en avance.
Notre cinéma tourne en rond, la consanguinité nuit a la création, en évitant la concurrence de vrais talents, renvoyés, au mieux au courts métrages ou pire a leurs chères études .
Danielle Thompson est la digne fille de son père : elle filme des comédies populaires qui répondent à deux finalités : d’une part, distraire un large public en privilégiant la forme au fond ; d’autre part, faire un maximum d’entrées et par conséquent de fric.
En résumé, Danielle Thompson n’est pas une créatrice de cinéma, mais une industrielle du genre. Elle le sait et ne vise absolument pas le Prix Louis Delluc.
Tout cela pour dire qu’il vaut mieux aller voir Séraphine tant que ce film est à l’affiche.
Bienvenu dans la dynastie cinématographique des THOMSON-OURY-MORGAN et autres princes consors. Le cinéma français crève de ses affamés du pognon, nouveaux ou ancienx riches, qui font tourner la pompe à fric.
Les fils et filles "de" n’ont pas tjrs le talent pour être comédien ou scénariste, on s’en fout ! Les gogos que nous sommes suivont ce que l’audiovisuel nous donnent en pâture.
Vive l’exception française et les pommes de terre frites !
Mais qu’est-ce que j’ai fait d’y aller ? L’affiche, peut-être, aguicheuse et qui laissait imaginer quelques petites sauteries savoureuses entre couples établis ?....
Rien de tout ça...
Même pas la valeur d’un téléfilm.
Je m’attendais quand même à un peu de drôlerie, un peu d’observation cocace sur ce qui peut faire tanguer les couples, les moments de vérité entre invités au moment du repas : d’autres réalisateurs ont abordé ce thème avec un vrai talent (je pense à un film danois terrible sur l’hypocrise au sein des familles datant de quelques années : "Le Festin", je crois, et dont j’ai oublié le nom du réalisateur...)
Là, tout était décousu, cela n’arrivait pas à trouver un vrai ton (qu’il soit comique, dramatique ou tragi-comique...)
Le réalisateur n’arrive pas à nous intéresser à ses personnages falots, désabusés, sans envergure aucune...
Arditi le vieux beau poivre et sel et Chesnais l’éternel bougon mutique , caricatures d’eux-mêmes et vraiment minables.
A mettre à la retraite, très vite ! Assez vus et supportés ces deux-là !
... Seul Bruel, trouvant grâce à mes yeux, parce qu’il se dégage toujours quelque chose de vrai d’intense de sa personne.
Je suis un peu inquiet pour le cinéma français. On nous dit qu’il existe et c’est très bien, il est subventionné et résiste à l’invasion américaine.
Très bien.
Des films français sortent à la pelle, je ne sais plus combien tous les mois.
Très bien.
Mais le code n’a pas changé pour 90 % d’entre eux qui me paraissent bâclés, formatés pour passer à la la télé un an ou deux ans plus tard ,et qui sont donc le plus souvent de petits téléfilms médiocres utilisant des acteurs archi- connus (Balasko et cie...) ayant leurs entrées promotionnelles dans tous les talks shows télévisuels animés par les sempiternels petits marquis du petit écran (Drucker, Ruquier et consorts...) qui leur déroulent le tapis rouge et leur assurent leur service avant-vente : tout ça au final pour de tristes bouillies pseudo divertissantes "(Lol"," Le séminaire"," Cyprien", "Bellamy" etc etc...)
Du saucisson de piètre qualité pour un "grand" public beauf avachi et consternant, prostré là à laper ses jolis cônes et avaler ses pop-corns : un "grand" public auquel je m’assimile moi-même parfois et qui ne serait pas loin de mériter après tout ce qu’on lui sert , s’il n’était pas capable un jour de dire : "Bon, là stop ça suffit ! Arrêtez de nous prendre pour des cons !"
Heureusement, j’ai vu ces films que j’ai trouvés très bons dernièrement :
- "Une vie moderne" de Raymond Depardon
- " Une famille chinoise" de Wang Xioashuaï
- "Frozen river" de Courtney Hunt...
...Et j’aimerais que le cinéma français vole un peu plus haut, sans forcément faire de "gros films à thèses", non : j’attends aussi du cinéma qu’il me divertisse mais que ce soit un peu plus au-dessus du niveau de la ceinture avec des thèmes et des acteurs un peu plus originaux et courageux, qui nous fassent découvrir des choses, qui nous amènent un peu "ailleurs"...
Un article écrit pour le plaisir narcissique d’exercer sa prose et de placer quelques bons mots...
Au lieu d’ignorer ce film, sort qu’il mériterait, du moins du point de vue de l’auteur, celui-ci préfère en écrire la critique dans cet article, voyant bien que la popularité de celui-ci pourrait favoriser celle de celui-là.
Personnellement, j’ai pris plaisir à voir ce film sans grande prétention mais bien réalisé. Peut-être parce qu’en étant très peu consommateur de télévision, je n’ai eu à subir aucun plateau télé ni interview complaisante à son sujet, ne créant ainsi aucun a priori négatif chez moi. Il est assez facile d’éviter les campagnes de promotion massives qui accompagnent la sortie de pas mal de comédies françaises ; celles-ci s’invitent toujours dans des lieux prévisibles que personnne ne vous oblige à visiter.
Qu’il y ait un plaisir narcissique à exercer sa prose, ma foi, est tout à fait recevable mais sans doute pas davantage que celui qu’il y a à peindre lorsqu’on aime peindre, exposer ses peintures ou montrer ses réalisations en tricot.
Ecrire peut être un plaisir en effet et c tant mieux.
Dire de ce film en revanche qu’il est sans grande prétention est assez approximatif et à tout prendre, pourrait être dit d’une bonne douzaine de films actuellement en salles.
Je vous rappelle en toute amitié que l’objet de cet espace n’est pas de rappeler que des "films sans prétention" sont actuellement projetés dans les salles mais bien d’aider les visiteurs, nos semblables, amis amateurs de cinéma à éviter les navets et valoriser les bons.
Ceci passe, dans ce cadre, par un avis détaillé, écrit et documenté au besoin.
Ou alors, ces colonnes sont vaines et pourraient tout aussi bien être remplacées par des boutons radios cliquables : j’aime ou j’aime pas.
Mais dans ce cas, on n’est plus dans la même catégorie de service.
Je suis également très sceptique quand à notre marge de manoeuvre, à nous, amateurs de cinéma, lorsqu’il s’agit d’éviter les interviews et les plateaux promotionnels : autant éteindre sa télévision.
Cet espace est donc le bien venu lorsqu’il s’agit de partager ses opinions et apporter un point de vue concret sur une production récente.
Je ne cherche rien de différent lorsque je me rends moi-même sur les sites des médias, spécialisés ou non : des avis, des conseils et une vision critique qui m’aide à faire les bons choix.
En écrivant un article sur ce film, même pour le critiquer négativement, vous participez à la ronde médiatique et au "buzz" qui l’entourent. "Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi !".
Il est évident au premier coup d’oeil que "Le code a changé" n’est pas un monument du Septième Art destiné à un public de cinéphiles exigents, et les gens qui vont le voir le savent. On dirait que vous êtes surpris de constater que ce n’est pas un film avant-gardiste, courageux et engagé... alors que vous commencez votre article en rappelant que la promotion de ce film a été annoncée à grands fracas de plateaux télé et interviews complaisantes ! N’est-ce pas un peu hypocrite ? Il ne me semble pas qu’il y ait tromperie sur la marchandise, dans ce film.
"Dire de ce film en revanche qu’il est sans grande prétention est assez approximatif et à tout prendre, pourrait être dit d’une bonne douzaine de films actuellement en salles."
Précisément ! Alors pourquoi choisissez-vous de parler d’un de ces films, justement ? Pourquoi n’essayez-vous pas d’attirer l’attention sur un film moins connu qui mériterait un plus large public, sur un film que vous avez aimé et qui vous paraît injustement sous-médiatisé ?
"Je suis également très sceptique quand à notre marge de manoeuvre, à nous, amateurs de cinéma, lorsqu’il s’agit d’éviter les interviews et les plateaux promotionnels : autant éteindre sa télévision."
Et bien quoi, est-ce si difficile d’éteindre la télé ? C’est obligatoire, de regarder la télé ? Si on est amateur de cinéma, c’est plus logique de chercher à se renseigner sur la production cinématographique actuelle en regardant le JT de TF1 plutôt qu’en lisant "Les Cahiers du Cinéma" ?
Désolé, mais de mon point de vue, c’est un peu un article pour rien.
L’auteur de l’article mets en avant l’opposition entre les gros moyens mis en oeuvre pour attirer le public et les faibles résultats comiques ou ludiques du film.
Dans le même registre, j’ai eu la chance de lire le livre qui a inspiré le film Slumdog millionnaire, je dis la chance parceque je n’aurais pas eu envie de lire le livre si j’avais vu le film avant.
La version édulcoré et gniangnian du film qui a attiré les titres et les foules du monde entier est une grosse soupe qui doit ravir les gouvernements Indiens et Anglais, ravis de voir qu’on oublie de parler du système des castes, du poids des grands frères qui prostituent leurs soeurs, par exemple, ou bien des turpitudes de pasteurs Anglais ou d’acteurs Indiens pédophiles.
Le titre du livre est en Français : Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire.
De Vikas Swarup.
Ce n’est pas de la grande littérature, mais ça vaut cent fois le film, que je suis bien content d’avoir pu voir sans bourse délier.
Maintenant ceci n’est qu’un avis personnel.
Si vous avez des sous à perdre...
"L’auteur de l’article mets en avant l’opposition entre les gros moyens mis en oeuvre pour attirer le public et les faibles résultats comiques ou ludiques du film."
C’est en effet ce que je voulais dire.
Et gros moyens signifie aussi distribution de choix, des acteurs qui sont dans cette production à côté d’eux-mêmes, caricaturaux, au limite du ridicule.
Beaucoup ont cru à une vraie comédie, divertissante et intelligente, ce qu’elle n’est pas, contrairement à ce que de nombreux médias - bien informés - avaient laissé entendre.
Je ne suis pas surpris de constater que ce n’est pas un film avant-gardiste : je suis triste de constater que l’on présente comme des créations du génie français – Changement d’adresse (E. Mouret, 2006) ou A Vendre (L. Masson, 1998) en sont - des produits industriels sans valeur.
Non, « Le code a changé » est Un Chef d’œuvre de Comédie !
Une comédie raffinée et truffée de vérités dans un univers très réaliste.
Les acteurs jouent à merveille et nous donnent le top de leurs performances.
On passe du rire à l’émotion … C’est un régal !
Et si on décortique, je crois que ce film ouvre aussi pas mal de réflexions intimes
(si le spectateur est capable de penser et réfléchir...)
C’est un film épatant, bien écrit, bien joué : A savourer avec délectation !
Bien sur vous n’êtes pas obligé de me croire.