Voici venue la fin d’année, la trêve des confiseurs et le temps classique des récapitulatifs. L’année 2011 a été particulièrement mouvementée : catastrophe nucléaire (Fukushima), révolutions arabes, crise grecque, crise financière généralisée, menaces de faillite pesant sur certains Etats européens, affaires sexuelles à portée politique, morts de Ben Laden, Kadhafi, Vaclav Havel. Quid du 7e art dans tout ça ? Le cinéma (mé)contemporain semble vouloir se faire l’écho de notre époque anxiogène, en pleine interrogation sur l’avenir de l’homme. Puisque les Mayas ont fixé la fin du monde pour le 21 décembre 2012, on ne compte plus, en 2011, les fictions qui témoignent de l’apocalypse ou, a contrario, cherchent à remonter jusqu’à l’origine de l’humanité et du monde. The Tree of Life de Malick, en mai dernier, nous parlait du Big Bang pendant que d’autres films, dans la foulée du 2012 de Roland Emmerich (2009), nous décrivaient le chaos et le néant à venir : Melancholia de Lars von Trier, Contagion de Soderbergh, Le Cheval de Turin de Béla Tarr. En attendant le prochain Abel Ferrara (sortie prévue en 2012), 4 :44 Last night on earth, qui nous montrera que le trou dans la couche d’ozone ne cesse de s’agrandir démesurément. Face à toutes ces incertitudes (environnementales, nucléaires, mentales), certains ont préféré miser sur les zygomatiques plutôt que sur le cérébral, ainsi que sur la force des (bons) sentiments. Avec Intouchables, Olivier Nakache et Eric Toledano ont remis au goût du jour le film-médoc. Visiblement, ça a plu. Plus de 15,7 millions de Français – et ce n’est pas fini ! - sont allés voir ce succès programmé nous décrivant à coups de saynètes en veux-tu en voilà l’histoire d’amitié entre un riche tétraplégique et un jeune Black de banlieue. Toutefois, face à ce gros carton en salles, dommage qu’en comparaison un film d’auteur singulier, comme Hors Satan de Bruno Dumont (sur l’errance d’un vagabond), n’ait entraîné, lui, que quelques milliers de nyctalopes dans les salles obscures. Mais heureusement, et ça fait plaisir, il arrive qu’un film d’auteur exigeant, aux allures de film de genre basique, ne reste pas en marge et attire du monde dans les salles. C’est le cas de Drive : notre chouchou de l’année ! Non seulement ce film racé est un petit bijou cinématographique mais, en plus de cela, il a participé, avec aussi Blue Valentine et Les Marches du pouvoir, à la naissance d’une star : Ryan Gosling, classé 10e au classement des hommes les plus sexy du monde en 2011 selon le magazine People. Alléluia !
Mes 10 films de l’année 2011, les voici, avec pour chaque titre, un texte de moi, repris de ce que j’ai pu écrire sur AgoraVox ou ailleurs – je tiens à préciser qu’il s’agit bien sûr d’un classement purement subjectif, et qu’il n’a donc aucune prétention à vouloir être gravé dans le marbre ! En outre, vu qu’il sort environ… 20 films par semaine, il est possible que j’en ai oubliés au passage ; aussi, libre à vous d’intervenir ici. Qu’en est-il, chers lecteurs, et lectrices, de votre Top 10 cinéma de l’année 2011 ?
1Drive de Nicolas Winding Refn (E.U.) 2 Un Eté brûlant de Philippe Garrel (Fra.) 3The Tree of Life de Terrence Malick (E.U.) 4 Essential Killing de Jerzy Skolimowski (Pol...) 5La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli (Fra.) 6La Piel que habito de Pedro Almodóvar (Esp.) 7 Tomboy de Céline Sciamma (Fra.) 8 L’Apollonide - souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (Fra.) 9A Dangerous Method de David Cronenberg (Can…) 10Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian (Fra.)
1 Drive, de la dynamite !
Drive démarre sur les chapeaux de roues. On se demande illico : qui est cet acteur qui crève l’écran ? Ryan Gosling – tiens tiens, Tom Cruise prend un coup de vieux. Et qui est derrière la caméra pour capter aussi bien les mirages mortifères de Los Angeles ? Mann ? Non, ce n’est pas le cinéaste de Collateral qui signe le film. C’est un certain… Nicolas Winding Refn (NWR), déjà remarqué pour des objets hors norme, dont Bronson. Mais là, avec Drive, on ressent, telle la force de l’évidence, qu’il franchit un cap : ce jeune artiste arrive pleinement à maturité. Son talent explose, son désir de cinéma, manifeste, est à puissance maximale. La scène d’exposition du film (notre héros chauffeur/cascadeur aide des truands, après leur casse, à semer la police à travers la ville) est un exemple de pure mise en scène, un modèle de retenue cinématographique. Ce NWR a foi en la puissance du cinéma (de genre) pour nous faire rêver, nous épater, nous surprendre. Et, à l’heure où l’on confond paresseusement mise en scène efficace et effets de manches pyrotechniques, eh bien son film, mi-polar mi-thriller, et un brin déjanté !, fait un bien fou. Tendue comme arc, la séquence d’entrée en matière de Drive (jeu d’acteur parfait, lumières irisées de la Cité des Anges, cadres somptueux, montage fluide, topographie tracée au cordeau) est en soi, déjà, un petit bijou, calé entre Michael Mann et Don Siegel. Avec, en outre, un soupçon de James Cameron (Terminator a certainement servi de matrice au film pour son côté brut de décoffrage) et de William Friedkin, l’auteur du polar génial des années 80 Police Fédérale Los Angeles (1985) ; d’ailleurs, en clins d’œil, la musique eighties de Drive évoque le score culte du Friedkin signé par Wang Chung et le lettrage rose du générique renvoie à celui, rouge vermillon et vert pomme !, de Live and Die in L.A. Et Drive, en plus d’être un film noir pop, racé, ayant du chien, est puissamment romantique. Il faut voir Ryan Gosling planter son regard dans les yeux d’Irene (via Carey Mulligan, belle comme un ange). Il faut la voir, elle, tombant sous le charme : petits yeux humides, pupille dilatée et poitrine qui se soulève sous le coup de l’émotion. C’est magnifique, terriblement émouvant. On se croirait chez Truffaut. Bref, aux cinéastes « américains » les plus doués de la nouvelle génération (Alexandre Aja, James Gray, Quentin Tarantino), on leur dit - Attention les gars, avec Nicolas Winding Refn, sérieux concurrent en vue ! Drive ? Un grand film !
2 Un Eté brûlant : Godard + Truffaut = Garrel !
Film sidérant que cet Eté brûlant de Philippe Garrel. Il débute par une image sur la plastique épanouie de Monica Bellucci - clin d’œil à la Bardot iconique du Mépris - pour finir par un crash de voiture suicidaire d’un jeune peintre (Louis Garrel/Frédéric), follement épris de la belle Italienne infidèle. Entre ces deux instants de vie, on assiste à la désagrégation d’un amour sous le soleil de Rome. Film d’écorché vif, on se dit que le cinéaste, pour traduire si finement à l’écran la brûlure éternelle d’un amour enfui, a forcément vécu de l’intérieur une telle tragédie. Comment vivre lorsque l’être aimé s’en est allé ? Pour Frédéric, aux toiles figuratives si tortueuses, c’est mission impossible. On le comprend. Même si d’aucuns entonneront le célèbre dicton « une de perdue, dix de retrouvées », quand on a le nez dans le guidon, qu’il est difficile d’affronter l’effondrement amoureux. Après Mort à Venise et sa morbidezza provoquant langueur et anémie, voici Mort à Rome. La Ville éternelle, avec ses ruines antiques qui sont comme autant de beautés mortes, est une cité fantôme et mortifère ; Frédéric, au chagrin d’amour trop grand pour lui, se consume sur place, tombe littéralement en ruine, comme en écho au spleen romain. On pourrait évoquer l’amitié masculine (Paul/Frédéric) du film, son approche délicate du mystère de l’éternel féminin (la bellissima Bellucci reste définitivement un bloc opaque) ou encore l’interrogation sur le couple : c’est quoi la vie à deux ? Etre côte à côte ou bien être ensemble jusqu’à fusionner ? Mais arrêtons-nous, avant tout, sur cette façon très truffaldienne qu’a Un été brûlant defaire surgir, au sein d’une apparence aimable voire rangée genre dolce vita, la cruauté de la vie, sa crudité, sa sauvagerie latente - « En amour, c’est chacun pour soi. », entend-on chez Garrel. Le plus beau moment du film ? Peut-être lorsque Frédéric, à la terrasse d’un café, croise son ami Paul avec Elisabeth et leur nouveau-né. D’un côté, la vie continue, se construit en se multipliant, de l’autre, c’est la haute solitude, la peur de l’abîme, du vide absolu. Les extrêmes se touchent, provoquant un point de non-retour : quelques heures après, Frédéric se suicide. Un été brûlant condense admirablement les trois temps de l’amour (désir, plaisir, souffrir), le tout faisant des souvenirs avec lesquels on se nourrit ou se détruit.
3 The Tree of Life, un film follement ambitieux
The Tree of Life (L’arbre de vie),le dernier Malick est arrivé, après cinq ans d’attente et son sublime Le Nouveau Monde (2006). On attendait beaucoup de la dernière moisson filmique du dernier des Mohicans à Hollywood. C’est un grand cinéaste, épique et lyrique. Animé par un mysticisme qui le fait lorgner du côté du cinéma fordien et des auteurs transcendantalistes tels que Thoreau, Whitman et Emerson. J’aime Malick parce que ce n’est pas un « fonctionnaire de la caméra », il ne pond pas les films comme des produits. Il croit en la puissance du cinéma pour capter le monde et tenter de rendre à l’écran, par petites touches sensorielles, ce qu’il perçoit de celui-ci. Quand il y parvient, c’est magique. Et Malick est un artiste, un vrai, il ne se prostitue pas. Il fait son film comme une profession de foi. The Tree of Life, il a fait son film, tel un architecte qui a construit sa maison, et il ne se soucie pas de venir faire le service après-vente dans le décorum factice et capitalistique de Cannes. Et quand il est assailli par des doutes, concernant sa trajectoire d’homme ou son rapport à la machinerie hollywoodienne, il se retranche du monde. Il va voir ailleurs, se fait philosophe. On sait qu’il y a eu vingt ans d’absence entre son deuxième film, le solaire Les Moissons du ciel (1978), et son troisième, La Ligne rouge (1998). Dans Le Monde Magazine n°87, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, rapporte l’anecdote suivante : à la question posée (« Pourquoi prenez-vous tant de temps entre deux films ? »), le cinéaste américain a répondu : « Parce qu’il faut que je retourne dans la vie, sinon de quoi pourrais-je parler dans mes films ? » Voilà, c’est ça Terrence Malick. Il prend son temps pour exprimer, via le cinéma, ce qu’il a à dire. Que nous raconte The Tree of Life ? A mon humble avis, le cinéaste-philosophe continue, de film en film, de creuser son sillon, de labourer le même champ pour développer une vision panthéiste du monde. L’homme est un élément parmi un grand Tout, la Nature. Et s’il veut vivre heureux, dans un état proche du nirvana, il se doit d’être en osmose avec le cosmos.Alors attention, The Tree of Lifeest loin d’être exempt de défauts (certaines images sont atteintes d’une joliesse gênante, digne de pubs pour parfums ou de toiles sulpiciennes du Dalí commercial des 50’s), et je dois avouer que c’est le film de Malick que j’aime le moins ; je le place en dessous de tous ses précédents films. Toutefois, un film de Terry, même en deçà de ce qu’il crée d’ordinaire, reste, à l’heure actuelle du robinet à images tous azimuts, à des années-lumière de la médiocrité visuelle ambiante. Son film nous lave le regard. Il laisse, dans ses images et marges (ellipses), des points de suspension pour permettre de nous interroger sur nous-mêmes.
4 Essential Killing, un film d’action poétique !
Essential Killing, petit film sans gros budget, démarre fort. Ses scènes d’action, dans le premier quart d’heure, n’ont rien à envier aux productions hollywoodiennes. On démarre ainsi sur un rythme endiablé pour peu à peu glisser vers un film contemplatif et naturaliste. Comme si la facture hollywoodienne standard était peu à peu grignotée par un filmage plus lent, à l’européenne, ou à la nippone. Avec sa musique avant-gardiste, son intérêt manifeste pour la nature et sa grande économie de moyens tendant vers l’abstraction, Essential Killing ressemble à un haïku. Sa narration est flottante, on n’a pas affaire à un scénario cadenassé. Au fil du film, l’action s’effiloche, le but du « voyage » s’évapore. On a l’impression d’un film qui, contrairement à bon nombre de films formatés actuels, se refuse à être la simple application d’un scénario, il semble s’ouvrir volontiers aux chemins buissonniers de l’improvisation. Le grand dénuement qu’il donne à voir est la grande affaire du film : montrer l’inscription d’un homme dans l’espace. Aussi, on n’est pas prêt d’oublier le superbe plan pictural d’un homme perdu dans l’immensité d’un canyon enneigé sous un ciel rose. Long métrage de l’entre-deux, entre film d’action et film poétique, Essential Killing montre un homme qui, pour survivre, doit comprendre qu’il est un élément parmi d’autres du vaste ensemble qu’est la Nature ; on pense alors au cinéma naturaliste de Malick. Pour autant, cette balade sauvage signée Skolimowski n’a rien d’une promenade de santé, on n’est pas dans l’angélisme rousseauiste. La vie sauvage, si elle peut de par sa beauté sidérante déboucher sur la sérénité, est également le théâtre de la cruauté. C’est peu dire qu’avec Vincent, le naturel revient au Gallo. Avec son intensité animale, cet acteur, dont je ne suis pas fan d’ordinaire, tient là à mon avis son meilleur rôle. Son ego d’ordinaire démesuré se dissout avec bonheur dans l’immensité du sublime de la nature offerte par le film. Dans le dernier plan du film, au sein d’une nature définitivement indifférente, l’acteur a d’ailleurs totalement disparu. Exit le méGallo, trop fort ce Jerzy !
5La Guerre est déclarée, du cinéma Do It Yourself !
La Guerre est déclarée, titre programmatique pour un film signé à quatre mains qui emporte tout sur son passage : vu dans une salle pleine à l’UGC les Halles, en présence de moult personnes submergées par l’émotion. Ca fait du bien de voir un tel film d’auteur français faire sans complexe salle comble dans un multiplexe à la place d’un énième blockbuster ricain mou du bulbe. C’est un ruban filmique qui donne envie de tomber amoureux, d’être créatif à deux, de faire des bébés ainsi que des travaux d’intérieur tout en swinguant ! Jérémie Elkaïm a un côté boy next door des plus sympatoches, Valérie Donzelli, sans être un canon gonflé style Airbag, a un charme foldingue à l’énergie contagieuse et Adam, leur gamin âgé de 7 ans à la fin, est incroyablement attachant. Tumeur au cerveau, tu meurs ? Pas dans cette histoire contemporaine de Roméo & Juliette squattant « allègrement » un hôpital. Qu’est-ce qui fait qu’un tel film, au sujet des plus tire-larmes, parvient à emporter le morceau ? Ca vient certainement de son côté premier jet, brouillon bouillonnant, exquise esquisse, comme dirait Gainsbarre. Donner le même sujet à un tâcheron labellisé EuropaCorp et on glissera illico vers le lacrymal à deux balles. Ici, le tournage, semble-t-il en contrebande ou en commando kit de survie, épouse l’urgence de son thème : sauver un enfant que la maladie menace de mort. Comme pour la Nouvelle Vague des sixties, ce n’est pas par l’autoroute balisée de l’académisme que le cinéma français respire en ce moment à pleins poumons mais c’est par la petite porte de la débrouillardise et du système D (ou « couteau suisse », dixit J. Elkaïm). Vivifiant à souhait, en rien à bout de souffle, il nous surprend, nous éclate, nous bouleverse. L’appareil photo Canon 5D fait des miracles : Tomboy, Rubber, La Guerre est déclarée : voilàdu cinéma qui nous rend vivants ! Qui pour s’en plaindre à part les « fonctionnaires de la caméra » se contentant d’un cinéma de papa ? Pas nous ! L’art et la vie confondus, voilà le programme de ce free cinema à la française faisant feu de tout bois : Truffaut et Cassevetes peuvent dormir tranquilles, la relève est assurée ! Au fait, à quand un film du tout jeune Jean-Luc Godard, le Picasso du cinéma, en Canon 5D ?
6 La Piel que habito, un film transgenre
« Il y a des personnes obsédées par d’autres personnes… des personnes qui naissent sous le signe de la malchance… Et il y a celles qui font que l’humanité évolue… Des personnes qui abusent de leur pouvoir... Des personnes qui sont nées pour lutter… Des personnes qui vivent dans un monde violent… Et il y a des personnes nées pour survivre. » Voilà ce que nous dit la bande-annonce de La Piel que habito (la peau que j’habite), le dernier opus de Pedro Almodóvar. Effectivement, son film, thriller alambiqué inspiré du roman noir Mygale de Thierry Jonquet, contient tout ça, plus deux ou trois choses encore. C’est à mes yeux le meilleur film du cinéaste espagnol avec Parle avec elle (2001) et Volver (2006). Curieusement, le film, hormis un modeste Prix de la jeunesse à Cannes, a été oublié du palmarès 2011. Certes, cette année, il y avait un concurrent de taille (le très ambitieux Tree of Life de Malick), mais, à mon humble avis, au vu de la maîtrise formelle et dramaturgique de La Piel que habito, on aurait pu largement lui attribuer le Prix de la mise en scène. Pour autant, sur les deux heures de film, le dernier Almodóvar se traîne quelque peu, il est même un peu poussif, voire maladroit – par exemple, la scène nocturne de l’accident de moto est filmée avec une certaine mollesse. Le film avance, tel un train dans la nuit pour reprendre une expression chère à Truffaut, mais en faisant par moments du surplace. C’est-à-dire qu’il emprunte des chemins tortueux, au risque de quelque peu s’embourber dans des chicanes narratives et formalistes. En même temps, c’est ce qui fait son charme : on baigne dans un univers kafkaïen, sinueux à souhait, revisité avec sophistication par un cinéaste adorant, comme on le sait, se lover dans le labyrinthe des passions. On y sent la patte d’un auteur véritable, avec ses obsessions. Tout Pedro est là : les secrets de famille, l’identité sexuelle, les différentes incarnations de la femme (épouse, fille, maman, putain, etc.). Un autre atout, et c’en est un de très fin car il épouse la trajectoire de la personnalité double de la femme-créature, le film est « transgenre » : ni tout à fait gore (pas beaucoup de sang à l’image) ni tout à fait drame psychologique, il baigne dans un flottement permanent, entre thriller fantastique et giallo (film italien à la frontière entre le polar, le cinéma d'horreur, le fantastique et l'érotisme).
7 Tomboy, who’s that girl ?
Tomboy (garçon manqué en anglais), beau film sur l’enfance, au seuil de l’adolescence, de l’âge de tous les possibles. Laure, fille de 10 ans aux cheveux courts, se rêve en garçon alors, aux yeux de ses camarades, elle se fait appeler Michaël. Et, tant que les cours n’ont pas repris – c’est la trêve estivale -, ça marche un certain temps. Elle parvient à bluffer son petit monde en maintenant à distance parents et profs et en trouvant pour complice sa petite sœur Jeanne, petit bout de femme absolument craquant. A noter que Laure se fait appeler Michaël comme… Jackson ; on la voit d’ailleurs dans sa chambre ranger une boîte portant l’effigie de la star à l’identité mouvante. Bambi, comme d’autres pop stars, tel David Bowie, a joué sur l’androgynie et l’indétermination sexuelle. Ce n’est donc pas par hasard si cette jeune fille, comme bon nombre d’ados, en a fait sa vedette de chevet car celle-ci est un tremplin pour les rêves, les fantasmes, les identifications multiples. La musique est aussi un marquage identitaire, le reflet d’une personnalité. Surtout à cet âge-là où l’on cherche à marquer son territoire, à s’affirmer et à se créer une identité alors que les préférences sexuelles ne sont pas encore fixées. C’est donc très bien vu. Tout comme est très bien vue la scène dans laquelle Laure, en jouant au foot, se met à cracher parce qu’elle a vu les garçons le faire. Elle est alors dans la mimesis mais pas plus que ses camarades de jeu qui, eux aussi, imitent les pros, tel Zidane, qui font ça sur un terrain de foot - c’est « vu à la TV ».On imite, on copie. L’enfance est l’âge où l’on se construit à travers les lieux communs, le déterminisme social et le regard des autres, notamment des grands. Tomboy est un film qui a le charme de la fraîcheur, de la jeunesse rieuse et triomphante. Tourné avec une caméra numérique légère (la Canon 7D), il est frais et poétique, telle la rosée du matin. C’est par petites touches, impressionnistes et pop, qu’il dit finement ce qu’il a à dire, sans jamais virer au pensum. On y joue beaucoup dedans : conduite accompagnée, football, natation, arrosage, jeu des 7 familles, déguisement… Le jeu lorgne du côté du je, notamment à travers le rapport aux corps. Sciamma dévoile habilement le trouble né d’une sensation, d’un flirt, d’une exquise esquisse. La fin de son film reste d’ailleurs ouverte. On ne sait si, à l’avenir, cette Laure/Michaël deviendra hétéro, lesbienne ou transsexuelle. Ou bien peut-être préfèrera-telle continuer son périple rimbaldien sur l’air Je est un autre, façon Jackson/Bambi ou Bowie/Ziggy Stardust. Bref, le film reste en suspens, tel un croquis ou un corps en devenir, à l’image de son personnage principal. Et c’est beau. En outre, le film parvient à maintenir un beau suspense (on est avec la jeune fille pour qu’elle ne se fasse pas prendre dans sa double vie !) en se réduisant à un petit périmètre de je(u) : une cité de banlieue, une cage d’escalier, une bande de gamins, une famille, un appartement. C’est tout. On aborde des sujets sérieux (l’identité sexuelle, l’ambiguïté de l’attirance et des sentiments) sans la grosse armada d’autres (bons) films sur le sujet : Victor Victoria, Tootsie. Ce « petit » film nous embarque loin, au même titre qu’un Gran Torino, un autre « film de quartier », ou que les BD Tendre Banlieue de Tito. Enfin, cerise sur le gâteau, Tomboy, avec sa captation de corps ébauchés, ses cadrages soignés et ses belles profondeurs de champ floutées, repose sur un filmage qui, sans l’air d’y toucher, est très travaillé. Une réussite, donc.
8 L’Apollonide, entre pudeur et putains
Belle de jour (la perversité cachée derrière le luxe), Eyes Wide Shut (la mascarade des fantasmes), La France (le collectif face au danger) : les souvenirs d’autres films ne manquent pas devant L’Apollonide - souvenirs de la maison close. Mais une autre œuvre semble l’avoir inspiré c’est Vénus noire de Kechiche : on y voyait la Vénus hottentote donnée en pâture à des spectateurs-voyeurs avides de démasquer, sous le continent noir, la « bête de foire ». L’un des personnages-clés du Bonello c’est, selon moi, la… Juive, alias Madeleine, la jeune femme au visage de Joker ; une cicatrice lui dessine un sourire tragique. Lorsqu’une vieille bourgeoise se demande si elle rira encore quand on lui pincera le sein, le film redouble astucieusement la mise en scène de la prostitution via le cinéma, lui-même stratagème de manipulation transformant les spectateurs que nous sommes en clients avides de sensations fortes. On veut voir la monstruosité du sexe. Idem lorsque le gynécologue inquisiteur inspecte les orifices des putains écartant les cuisses. On le sait, grâce à Freud et Cronenberg !, le mot monstre a étymologiquement des liens avec montrer. Le cinéma est une salle obscure faisant office de maison close. Les clients du film (Bonello himself, Xavier Beauvois, Jacques Nolot) et la gérante du lieu (Noémie Lvovsky) ne sont pas réalisateurs par hasard ; ce sont des metteurs en scène alimentant la société du spectacle. Il s’agit de TOUT voir, même si c’est un leurre : l’origine du monde gardera son opacité. Comme chez Ophuls, derrière la ronde du sexe et de son décorum (théâtre fétichiste, soirée privée, champagne, culottes fendues, corsets, broderies de pacotille), il y a quelque chose qui résiste : le corps ne se donne pas à voir entièrement. Et la femme prostituée, devenue attraction-répulsion (qu’elle soit Black Venus dans une cage ou femme Joker dans une prison), emporte son mystère avec elle. Lola Montès, qui montrait la dignité d’une femme face au voyeurisme du public, ne disait pas autre chose - « Je trouve effrayant ce vice de tout savoir, cet irrespect devant le mystère. » (Max Ophuls). En ce sens, L’Apollonide est un film au parfum féministe car on y voit des femmes abîmées tentées de garder une dignité humaine malgré leur esclavagisme 1900.
9 A Dangerous Method par le Docteur Cronenberg
Calme plat, mer d’huile, générique somptueux jouant sur les pleins et déliés de la calligraphie, nappes wagnériennes du compositeur Howard Shore, reconstitution minutieuse, beauté des images couleur crème, femmes toutes de blanc vêtues : contrairement aux apparences, on est bien dans un film signé Cronenberg, le « Maître de l’horreur viscérale » ayant engendré par le passé des films fantastiques ou d’horreur lorgnant vers le gore tels que Scanners (1980), Dead Zone (1983), La Mouche (1986), Crash (1986) et autres eXistenZ (1999). Sous des allures traditionnelles qui le font s’éloigner, depuis Spider (2001), d’une imagerie traditionnelle propre aux films d’épouvante, le cinéma du Dr Cronenberg n’en est pas moins dérangeant, via notamment de… petits coups d’accélérateur propres à l’auteur pour nous faire basculer du réalisme corseté vers les forces inconnues de l’inconscient et la sauvagerie des pulsions ; dans A Dangerous Method, il faut entendre un Vincent Cassel matois, campant Otto Gross, dire à un Jung droit comme un i qu’il doit « baiser sa patiente jusqu’à l’agonie » (sic). C’est brutal, on est bien chez Cronenberg. Ici, après ses incursions dans le drame psychanalytique (Faux Semblants, Le Festin nu, Spider), le film d’action(A History of Violence) et le film de gangsters (Les Promesses de l’ombre), le cinéaste canadien continue sa mue formelle tout en parlant encore et toujours de l’un de ses thèmes majeurs : la psychanalyse, s’accompagnant de ses corollaires : la sexualité, la médecine et le corps comme champ d’expérimentation. Ainsi, en y regardant de près, le cinéma de Cronenberg, sous une facture désormais lisse qui entraîne que d’aucuns confondent trop facilement classicisme et académisme, creuse le même sillon : aller fouiller du côté de la sexualité, du cerveau humain, de l’identité et du double. Son premier film, Transfert (1966, un court métrage de 7 mn), traitait déjà de la relation ambiguë entre un psychiatre et son patient. Avec A Dangerous Method, Cronenberg signe un film ambitieux. En même temps qu’il nous donne une leçon de psychanalyse distinguant deux écoles primordiales (freudienne et jungienne), il montre une sulfureuse histoire d’amour entre un homme, Jung, et une femme passionnée, sa patiente.
10 L’émotion à fleur de cœur des Neiges du Kilimandjaro
Quand on est proprio, on est riche ?Robert Guédiguian, cinéaste de films attachants comme Marius et Jeannette et La Ville est tranquille, se pose cette question-là, entre autres, dans sa dernière moisson filmique : Les Neiges du Kilimandjaro. Sur fond de lutte des classes et de conflit entre générations, ce réalisateur de gauche fait de la politique avec son cinéma et porte un regard plein d’acuité sur notre société contemporaine, plongée en pleine crise économique qui la fait vaciller sur ses bases et son système de valeurs, financières et surtout morales. Qui sont les pauvres d’aujourd’hui ? Et les riches ? Où situer le curseur du seuil de pauvreté ou du début de la richesse ? Est-on blindé si l’on possède une maison, une retraite et un petit pécule en vue de s’offrir une escapade exotique d’une semaine au pied du Kilimandjaro ? A l’en croire Christophe, le jeune ouvrier du film, interprété par Grégoire Leprince-Ringuet, il semblerait que oui : il voit en Michel, le vieux délégué syndical campé avec conviction par Jean-Pierre Darroussin, un… ennemi. Il décide de les dépouiller, lui et sa femme. Après les avoir agressés et ligotés dans leur propre maison, située dans le quartier populaire de l’Estaque (Marseille), le jeune voyou leur prend une cagnotte de plusieurs milliers d’€, reçue pour leurs trente ans de mariage, deux billets d’avion pour la Tanzanie ainsi que leurs cartes de crédit. La scène est violente, c’est un braquage. Or, stupeur et tremblements chez ces « prolos marseillais », au seuil de leur retraite, ils découvrent que ce jeune voleur n’est autre qu’un des leurs. S’ensuit alors un suspense moral qui fait évoluer les victimes du film d’un réflexe répressif (« J’ai envie de le tuer cet enfoiré. Je veux qu’il prenne un maximum. », dixit Raoul) à une prise de conscience morale doublée d’une réflexion citoyenne - Marie-Claire (Ascaride) : « Mais je m’en fous, qu’il soit puni ou non, moi ce que je veux, c’est comprendre. Je pourrais aller mieux quand je saurais ce qui s’est passé. ». Les Neiges du Kilimandjaro est un film réaliste qui prend alors des allures de fable sociale. Comment en est-on arrivé là ? Comment se fait-il que des ouvriers, ayant bossé toute leur vie pour s’offrir un semblant de confort puissent passer désormais, aux yeux d’autres pauvres gens, pour des « bourgeois bien installés » au point d’être volés et frappés ? Il arrive parfois que les bons sentiments produisent de bons films, la preuve en est ces Neiges du Kilimandjaro. L’émotion, à fleur de cœur, n’empêche point la réflexion et la lucidité. Et le cinéaste populaire Robert Guédiguian, avec sa cuisine cinématographique toute simple (narration classique, mouvements de caméra limités, lumière naturelle, grain de l’image), n’a rien à envier, question authenticité, à ses confrères britanniques que sont les Loach, Leigh et autres Frears.
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Il se confirme décidément que nous n’avons pas les mêmes goûts cinématographiques.
Certes, je n’ai pas vu Drive, la seule bande-annonce était à mes yeux un repoussoir tant elle annonçait un film d’action à l’américaine débordant d’insupportables scènes spectaculaires. Pas d’avis non plus sur The Tree of Life.
Pas d’accord non plus avec la présence d’un film à mon avis injustement porté aux nues alors qu’il comporte d’énormes défauts : La Guerre est déclarée. Quasiment tous les personnages y sonnent faux !
Oui pour Les neiges du Kilimandjaro, un bon Guédiguian, mais pas son meilleur.
Si je devais établir ma propre liste, j’y mettrais ces films, dans le désordre : Le discours d’un roi (un très grand film) True Grit Omar m’a tuer La séparation The Artist (autre très grand film) Polisse Poulets aux prunes L’exercice de l’Etat
« Certes, je n’ai pas vu Drive, la seule bande-annonce était à mes yeux un repoussoir tant elle annonçait un film d’action à l’américaine débordant d’insupportables scènes spectaculaires. »
Vous feriez bien de faire un petit effort, Drive ne tiens pas d’un film d’action à l’américaine débordant d’insuportable scènes spectaculaires, la course poursuite de l’intro en est l’exemple. Pour moi Drive aura été le film de l’année... Après ce n’est qu’un avis.
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Sinon j’ai beaucoup aimé Black Swan et bien apprécié Limitless et Paul. Je vous ferrais pas un top 10, j’ai vu que ces 4 là :).
Bonjour Vincent Delaury J’ai vu que the tree of life que je n’ai pas aimé du tout. Les films que je conseillerais, ils m’ont fait du bien : - Precious - Même la pluie
1.« Il était une fois en Anatolie » de Nuri
Bilge Ceylan2.« L’Apollonide, souvenirs de la maison close »
de Bertrand Bonello3.« Melancholia » de Lars Von Triers4.« Shame » de Steve Mc Queen II5.« Les neiges du Kilimandjaro » de Robert
Guédiguian6.« L’exercice de l’Etat » de Pierre
Schoeller7.« Intouchables » d’Eric Toledano et
Olivier Nakache8.« L’étrange affaire Angelica » de Manoel de
Oliveira9.« La dernière piste » de Kelly Reichardt
10.« The tree of live » de Terrence Malick
1.« Il était une fois en Anatolie » de Nuri
Bilge Ceylan 2.« L’Apollonide, souvenirs de la maison close »
de Bertrand Bonello 3.« Melancholia » de Lars Von Triers 4.« Shame » de Steve Mc Queen II 5.« Les neiges du Kilimandjaro » de Robert
Guédiguian 6.« L’exercice de l’Etat » de Pierre
Schoeller 7.« Intouchables » d’Eric Toledano et
Olivier Nakache 8.« L’étrange affaire Angelica » de Manoel de
Oliveira 9.« La dernière piste » de Kelly Reichardt 10.« The tree of live » de Terrence Malick
Incetestablement pour moi C’est en tête : Les Origines de la Planete des Singes.
Ceux qui ne l’ont pas vu vont certainement me prendre pour un gros abruto fan de blockbuster américain. Mais pas du tout. Ce film est une perle, j’adore la science fiction, et j’ai toujours aimé la planete des singes... Enfin seulement le premier. J’en ai vu une quantité de mauvais ; Mais le derniers, qui nous annonce l’avenement de l’espèce Singe, et la destruction de l’humanité est tout simplement démentielle.
Attention spoiler.
La scene ou Oscar parle est tout simplement epoustouflante !
King Al Batar, bonjour, « La Planète des singes, les origines » : effectivement, vous avez raison de défendre ce bon petit film de genre. Qui a eu un énorme succès en salles d’ailleurs. Il est un peu lent au démarrage (scènes d’expositions longuettes si mes souvenirs sont bons) mais il réserve, par la suite, de bonnes surprises : la mutinerie dans le zoo, la réflexion sur l’esclavage, la bataille spectaculaire sur le pont et l’acteur principal, James Franco, se révèle assez attachant.
Al Batar, t’es vraiment un king, si tu as aimé la planète des singes ! Merci Vincent de rappeler mon article, que j’ai relu, du coup, retrouvant les émotions que j’avais ressenties. « Un petit film de genre » !!!Non, mais !
Mes films de l’année : en un : La planète En deux : Hara Kiri. Magnifique ! J’ai aimé aussi ; « precious ».
Shame et Apollonide, très beaux, te dégoûtent du sexe pour qqs jours. Les neiges de Guedidjian : moyen mais pas mal.
Je prends une résolution. Cette année, je vais noter les films que je vois !!
A propos d’une « séparation » : je ne supporte pas les films où les gens s’engueulent , se torturent sans trouver de simples accommodements. C’est lourd.
C’est son ami qui lui a dit, donc il ne peut pas te répondre. Marxiste, c’est en langage général, Staline et Mao : goulag, torture, asservissement, etc.
C’est exactement les valeurs que prône ce film. Pour celui qui ne l’a pas vu.
Il parlait d’exploités dévalorisés qui prennent le pouvoir par la révolution et d’exploiteurs aveugles. Une sorte de transposition du sens de l’Histoire vu par Marx qui voit la victoire du prolétariat sur la bourgeoisie. Je ne peux pas vous en dire plus car je n’ai pas vu le film.
Une séparation, c’est effectivement lourd, mais j’ai aimé voir l’Iran de l’intérieur sans clichés. Il y a dans ce pays deux populations qui se cotoient de fait mais vivent à des années lumière l’une de l’autre. La première est populaire, religieuse, soutenue par le pouvoir et les institutions, La seconde est éduquée, occidentalisée, elle s’adapte comme elle le peut aux règles en place mais n’y croit pas. Après avoir vu ce film, j’ai compris que le pouvoir en place était condamné à tomber un jour.
Une tragédie sur les engrenages pervers d’une guerre. A voir c’est du beau et grand cinéma.
Je vais fréquement a la découverte d’autres cinémas comme j’ai l’impression de les block-busters américains n’ont plus grand chose a dire si ce n’est de se recopier. Quand aux films Francais a force de vouloir s »otaniser il ne ressemble plus a rien.
Il n’y a qu’un commentaire pour les intouchables, un film que MORICE a dû aimer, pour sa dimension crytposioniste IL DOIT AVOIR TOUTE UNE COLLECTION DE PHOTOS DE PARAPENTES
Pour ma part, difficile de trouver 10 films que« j’ai aimé cette année, parmi tous ceux que j’ai vus..
et il y en a beaucoup que je regrette de ne pas avoir pu voir (Polisse, The tree of life, La séparation, A dangerous method, Le Havre de Kaurismaki)
Alors, je relèverai juste ceux que j’ai trouvé marquants :
- Melancholia (Lars Von Trier) ; pour moi, le film le plus marquant de l’année
- Winter’s bone de Debra Granik
- Le discours d’un roi
- Hugo Cabret de Scocese (gentillet et bien filmé, sans plus)
En revanche, particulièrement déçu par The artist ; que j’ai trouvé larmoyant, désespérément prévisible, et particulièrement cucul-la-praline, True grit (pourtant des frères Coen que j’adore) ; linéaire, et sans la »touche" coen... le Tintin de spielberg : un nanar affligeant...Black swan : mélo interminable, et sans intérêt...
Ce qu’il y a de bien dans ce fil, c’est qu’il montre à quel point les goûts divergent d’une personne à l’autre, et c’est très bien ainsi.
A l’inverse de vous, j’ai adoré « The Artist » parce qu’il restitue dans les moindres détails l’univers du muet et rend ainsi un formidable hommage au cinéma américain des années 30.
A contrario, j’ai détesté « Melancholia » qui n’est pas un film à mes yeux, mais deux films juxtaposés, le second formidable, mais le premier désespérant de longueur et de vacuité autour de la dépression d’une femme.
D’accord avec vous, « True Grit » n’est pas au niveau des précédents films des frères Coen, mais l’image est superbe et les acteurs irréprochables.
J eprofite de ce commentaire pour ajouer un film que je n’ai pas encore cité : « Et maintenant, on va où ? »
Ce qu’il y a de bien dans ce fil, c’est qu’il montre à quel point les goûts divergent d’une personne à l’autre, et c’est très bien ainsi.
A l’inverse de vous, j’ai adoré « The Artist » parce qu’il restitue dans les moindres détails l’univers du muet et rend ainsi un formidable hommage au cinéma américain des années 30.
A contrario, j’ai détesté « Melancholia » qui n’est pas un film à mes yeux, mais deux films juxtaposés, le second formidable, mais le premier désespérant de longueur et de vacuité autour de la dépression d’une femme.
D’accord avec vous, « True Grit » n’est pas au niveau des précédents films des frères Coen, mais l’image est superbe et les acteurs irréprochables.
J eprofite de ce commentaire pour ajouer un film que je n’ai pas encore cité : « Et maintenant, on va où ? »
Bonjour Fergus
Bien sûr ; chacun réagit aux films selon sa propre sensibilité
Il y a aussi le fait « d’entrer » dans un film ou non selon sa façon de réagir à l’histoire, à l’ambiance, à la façon dont le récit est mené...
toutes choses qui varient d’un individu à l’autre...
Pour ma part, en ce qui concerne Melancholia, je n’ai pas du tout perçu ce décalage, cette dissociation, et ai trouvé, au contraire, la montée de la tension parfaitement en adéquation avec la montée de la dépression de Kisten Dunst ; le tout admirablement filmé..
Et pour The artist, je l’ai dit, en fait d’hommage, j’y ai vu un copié-collé des films d’époque, sur un thème déjà largement exploité ; sans aucune surprise ni originalité, avec chaque scène désastreusement prévisible (tellement téléphoné comme on dit..) : j’ai failli partir avant la fin ... tout ça pour une scène de claquettes...
comme quoi....
Pour True grit, c’est vrai que c’est très bien filmé, avec une excellente ambiance crépusculaire qui donne une profondeur et une intensité que n’avait pas l’original (avec John Wayne), mais de facture très classique, sans le « décalage » qu’on attend toujours des frères Coen.. Quand même un bon western..
Mais ce n’est que mon avis .
Mes prochaines sorties ciné seront pour « Le Havre » de Kaurismaki, et « A dangerous method » de Kronenberg...
Le cinéma, c’est ce truc de propagande qu’on projette dans des salles obscures, arme de destruction massive pour les esprits, bon je sais , c’est parfois fait par de grands artistes, c’est très beau et tout et tout , mais le message est quasiment toujours le même, art mineur, mais produit indispensable pour la société du spectacle.
Je suis sans doute un peu excessif, il existe malgré tout une certaine diversité, mais globalement j’ai toujours ressenti l’art cinématographique comme profondément manipulateur, l’être humain est si fragile , si malléable, wagner était un précurseur, il a parfaitement bien réussi dans cette mécanique de l’émotion, Nietzsche est sorti pour vomir lors de la première à Bayreuth, le cinéma utilise jusqu’à la nausée ce genre de procédé, art mineur parce que avant tout une industrie, évidemment, certains films font du cinéma un art majeur, ça fait passer la sauce...
Le cinéma impose des attitudes stéréotypées, propaganda, suivant les époques, les vrais héros des films sont la cigarette, la bagnole ou encore le téléphone portable, mais plus grave, ils influencent les comportements amoureux, simplifient tout, falsifient l’histoire, mais c’est vrai le cinéma c’est aussi toute une magie, une prodigieuse ouverture sur le monde, c’est sans doute son appropriation par de faux artistes sans scrupules qui me gène le plus (pour ne pas dire pire).
...
ou alors tous les arts sont mineurs...dites vous, je le pense parfois, ou plus exactement le passage de l’artisan à l’artiste, qui me pose problème, le statut social de « l’artiste » et ses rapports avec le pouvoir, les compromissions et leurs conséquences sur la « création », mais surtout cette catégorie , « art » , une manière de retirer de la vie ce qu’elle devrait être, art, l’enfermer dans des cases, retirer le beau de vie, et le réserver de préférence aux classe dominantes, et ces (putes) d’artistes de célébrer leurs maîtres.
Bravo pour la présence de The Tree of Life et de Drive. Mais c’est dommage d’être passé à côté d’Il Etait une Fois en Anatolie, Winter’s Bone ou bien encore La Dernière Piste et La Solitude des Nombres Premiers, des films d’une grande finesse et d’une belle profondeur qui ne dépareilleraient pas aux côtés du Malick. A rattraper chez soi si possible.
J’ai vu un excellent film qui n’est pas listé : Time out
Par le réalisateur de Gattaca. Le temps de vie est devenu monnaie unique, les oligarques sont immortels. Très bon scénario et bonne interprétation des acteurs. Un film d’anticipation, qui décrit un futur qui semble terriblement proche, je n’en suis pas ressorti indemne...
Time out : L’idée de départ était bonne mais ils n’en ont pas tiré grand chose. el scénar n’est pas très fin. Ce qui m’a le plus étonné : voir l’Héroïne courir comme une perdue sur des talons de douze centimètres !!! Ca ne peut être que truqué !!!!
comme le King , j’ai bien aimé planètes de singes , les origines ainsi qu’un film sorti en France en janvier 2011 , les chemins de la liberté avec Collin Farell
Drive que je viens de voir ... après un florilège médiatique et un très bon écho des spectateurs :
Un film qui enfile les clichés avec une régularité de métronome . J’ai
vu ça il y a tellement longtemps et si souvent et parfois tellement mieux
fait. Me rappelle ’ A history of violence ’ très beau formellement mais rien sous le capot . Aujourd’hui si on veut nous conter une histoire de gangster, il va falloir rayer 50 ans de mauvaises habitudes prises dans ce genre cinématographique et tout reprendre car là, ras le bol. Je sais je suis devenu très exigeant. Je préfère le petit film français et si roumain que je citais en première position tout là haut, car simplement il m’a surpris. Comme m’avait surpris en son temps ’ gouttes d’eau sur pierres brûlantes ’ .