Mondes persistants, des univers impitoyables
Célébrés pour leur convivialité, les jeux en ligne, massivement multijoueurs (MMO), regorgent aussi de vices, plus ou moins cachés.
Phantasme vidéoludique, World of Warcraft a conquis plus de huit millions de joueurs. Des graphismes colorés et un gameplay éprouvé, ont suffi à asseoir la réputation du titre de Blizzard. Une réputation que rien ne saurait ébranler, même les scandales qui minent le jeu. Le monde idéal de Warcraft, loin d’être un nouveau modèle de société parfaite, autorise une exploitation honteuse de la misère du monde, bien réelle.
Le « farming », qui permet de récolter des objets et d’accumuler de l’expérience, est délégué à des joueurs de pays pauvres (Chine en tête), pour que les joueurs occidentaux puissent bénéficier d’un personnage des mieux parés.
Mais de tels errements ne constituent que peu de choses, par rapport à ce qui se trame dans Eve online, un autre jeu en ligne. Véritable soleil noir du genre, le titre de CCP est toujours demeuré dans l’ombre de son illustre concurrent. Eve online, c’est l’Eden des tricheurs, et des plus basses manoeuvres.
L’état de guerre permanent, théorisé par Thomas Hobbes, constitue la pierre d’achoppement de ce monde persistant. Les factions, extrêmement belliqueuses, se livrent à des guerres d’occupation sans merci, sous l’oeil bienveillant et ravi des concepteurs du jeu.
Bienveillant ? Désengagé ? Tel est l’objet d’une polémique qui enfle dans les colonnes des forums éviens... Ce qui n’était initialement qu’une simple rumeur est désormais étayé par les journalistes du site the Escapist. Des collusions entre les développeurs du jeu et la plus puissante des factions, sont mises au jour. Les développeurs, qui sont également des joueurs de la faction, octroient facilement des armes et des véhicules spatiaux de grande valeur marchande.
Comment de tels abus ont-ils pu être révélés ? Grâce à un... hacker français, répondant au pseudonyme de Kugutsumen. S’agit-il là d’un élan de générosité, si rare dans l’univers d’Eve online ? Pas le moins du monde. Quand ce joueur a découvert les manoeuvres des développeurs, il enquêtait lui-même illégalement sur eux. Mercenaire de l’information, sa petite entreprise a pignon sur rue dans les forums.
Ses clients peuvent ainsi obtenir, par piratage, des données sur leurs adversaires. « L’anonymat de nos clients est garanti », assure le tract publicitaire. Eve online assure ainsi l’essor d’activité extraludiques et, plus que jamais, la fin justifie les moyens.
Pour scandaleuse qu’elle soit, cette affaire n’est pourtant que la dernière en date. En septembre, un joueur avait contribué à la banqueroute du monde virtuel. Fondateur de la « banque intergalactique », il est parti avec la caisse, dès que celle-ci fut suffisamment renflouée. Montant du forfait : 700 milliards d’isks, la monnaie locale, soit plus de 100 000 dollars via e-bay...
Pensé comme un jeu où tout serait possible, Eve online est devenu un « serious game », un simulateur de corruption.
27 réactions à cet article
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Article exceptionnel
Le succès de l’économie de marché tient au fait qu’elle appréhende automatiquement tout ce qui a de la valeur pour quelqu’un, et transforme une appréciation subjective en réalité objective chiffrée.
Les billets de Monopoly n’ont pas de valeur objective, et pourtant, si quelqu’un est prêt à vous payer (en euros) pour lui laisser gagner la partie, vous le ferez. Rete à savoir quel est votre prix...
Dans l’économie de marché, on peut très bien s’enrichir sur les passions déraisonées d’autrui. C’est le cas pour le farming de WOW. Le temps c’est de l’argent.
La transposition est parfaite, jusqu’à la répartition inégale des richesses, répartition bien plus révoltante que « l’aliénation » de son travail. En réalité, il n’y a réellement aliénation que si la rémunération du travail est sous évaluée. Autrement, on ne ferait jamais rien pour personne, et la société n’existerait pas.
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Je ne connais pas ce qu’il se passe pour Eve Online. Mais en ce qui concerne WoW, le farming dont vous parlez et les comptes qui ont été bannis. Il s’agissait de comptes et de personnages montés totalement par la triche en exploitant les bugs du jeu par des méthodes qu’il est impossible de reproduire sinon.
Mais vous n’en avez peut-être jamais été témoin.
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Dans le monde réel, il est difficile de sortir sans se suicider ; on peut fuir à l’étranger, mais sans garantie d’échapper ni de pouvoir revenir.
Alors que dans un monde virtuel (et éphémère), on peut entrer, sortir, et re-rentrer impunément, c’est le cas de le dire. C’est une différence cruciale : ça rend la coopération beaucoup plus fragile. Pas étonnant qu’ils soient impitoyables. A l’inverse, l’existence d’une coopération malgré ces conditions difficiles est une observation intéressante.
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Avez-vous déjà joué à un MMORPG ?
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Alors je ne comprends pas votre message..
Dans tous les jeux de role en ligne massivement multijoueur (T4C, DAoC, Lineage, WoW), la coopération étaéit un élément essentiel du jeu et c’est même je pense l’essence du jeu. Il y a toujours des exceptions mais de part mon expérience, votre commentaire est à prendre en sens inverse.
Je n’ai eu que des exemples de coopération, mais peut-être n’entendez-vous pas la même chsoe que moi sous coopération.
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Très intéressant.
Dans le même temps, pour quelques joueurs véreux combien y a-t-il de personnes qui jouent pour « le plaisir » ?
Ces mondes virtuels ne sont jamais que le reflet romancé de notre société.
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et oui, meme apres WOW, meme eve online est contaminé.
Certains developpeurs fournissaient armes et vaisseaux à des joueurs.
Quand on paye un abonnement et qu’on connait la difficulté de garder son petit vaisseau intact, on peut legitimement se revolter.
Preferez la vie reele ! Il y a moins de chances de se prendre un coup de laser.
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Le farming chinois dans wow est regulierement chasse par blizzard. D’autre part un grand nombre d’objets ne peuvent etre acquis que par le joueur qui effectue lui-meme certaines quetes, et ne peuvent etre ni echanges ni revendus. Cest pour cette raison que certains sites on propose le ’leveling’, cad dire payer en vrai quelqun pour jouer a sa place et monter son personnage a sa place !
Mais je doute que cette pratique se soit vraiment repandue.
Wow par contre n’a pas developper assez l’interet de jouer en groupe ou ’guildes’ . Dommage.
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WoW n’a pas assez développé l’intérêt de jouer en groupe ou en guildes ?
Je suis resté bloqué un peu quand même dessus. Il est vrai qu’avec la sortie de The Burning Cruisad, l’intérêt de jouer en grosses guildes a baissé puisque les plus grosses instances se passent maintenant à 25. Toutefois, pendant deux ans la limite était à 40 et l’intérêt de jouer en groupes/guildes est toujours présent en ce qui concerne les instances, les arènes et les champs de bataille. Ce ne seront sans doute plus les guildes à plus de 100 jours comme il existait avant la sortie de BC, mais quand même..
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Dans le jeu Wow, la guilde n’est qu’une verrue, une simple association de joueurs. Le jeu n’offre aucun bonus, pas de banque commune, pas d’encheres internes, pas de quete de guilde, pas de pvp special guilde, aucune gestion de dkp interne, aucune renommee interne ds le monde.
Il faut certes etre en groupe ou en raid de temps en tenps, mais rien n’a ete fait dans le jeu pour l’encourager. Cetait un peu moins vrai avec MC/BWL.
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Le jeu en guilde est moins développé que sur Lineage par exemple mais il n’en reste pas moins qu’il est un des plus grands plaisirs à jouer dans WoW. Sans guilde, cela fait 1 an et demi que j’aurais arrêté d’y jouer.
Pas de PVP spécial guilde ? Faites du goulet, de l’arathi ou de l’oeil du cyclone en guilde, c’est beaucoup plus passionnant qu’en gather. Aucune renommée interne sur le serveur ? Content de l’apprendre, toutes les grosses guildes sont connues de toute la communauté inter-serveurs..
Mais bon, on ne joue sans doute pas au même jeu. Essayez les serveurs JdR
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Article intéressant de par le sujet qu’il traite, mais hélas incomplet et teinté d’un parti-pris discutable.
L’exemple d’Eve Online est tristement révélateur des dérives occasionnées par la complexité et la richesse sans cesse grandissantes de ces mondes persistants, dont les joueurs reproduisent à l’échelle virtuels les comportements du monde réel, et bien entendu leurs excès. Je ne m’affolerais pas pour autant de cette affaire de collusion développeur-faction, le petit monde du jeu en ligne est impitoyable et CCP a tout à perdre de ce genre de comportement qui ne traduit en fait que l’égoïsme naturel du joueur passionné qui se cache derrière tout développeur. Par ailleurs, tous les développeurs de MMO ont une tendance à chouchouter leurs plus gros joueurs, sans toutefois aller si loin à chaque fois. Ces relations privilégiées concernent tous les mondes persistants (y compris les amateurs tels ceux de Neverwinter Nights où staff et joueurs les plus réguliers sont forcément en étroite relation) et sont même nécessaires à leur bon fonctionnement, tant qu’il ne s’agit pas d’avantages en nature dont l’obtention peut être préjudiciable aux autres joueurs.
L’avis sur World of Warcraft est totalement à côté de la plaque : en aucun cas Azeroth n’a vocation à être un nouveau modèle de société parfaite, et baser un argument sur une telle remarque est pour le moins incongru. L’enchaînement sur l’exploitation honteuse de la misère du monde ne rajoute pas à la crédibilité, surtout quand il prépare à une énormité : le farming serait « délégué » à des joueurs pauvres pour le plaisir égocentrique des joueurs occidentaux ? Là, on est dans le fantasme pur et dur, et un petit développement sur World of Warcraft et le farming s’impose.
Le farming au sens où l’entend le joueur de WoW consiste à chercher des objets ou composants artisanaux précis dans une zone donnée. Ceux-ci sont utiles pour les combats entre joueurs, les raids dans les donjons de haut niveau, ou tout simplement la spéculation par la valeur qu’ils ont. Selon les besoins, ça peut prendre des heures et des heures, à tourner dans la même zone en enchaînant les monstres. Les composants obtenus en farmant se monnayent cher à l’hôtel des ventes, et sont généralement très recherchés. Mais évidemment, le côté fastidieux de la chose a créé un besoin. Avec le succès bondissant de WoW, des sociétés américaines et chinoises se sont donc lancées dans le farming. Concrètement, bots et joueurs chinois affluent (illégalement) sur les serveurs européens, prennent d’assaut les zones où tombent les matériaux les plus recherchés et ne les lâchent plus. Ce rendement stakhanoviste (la plupart des persos illégaux tournent 24h/24) permet d’amasser des quantités d’or revendues ensuite sur des sites spécialisés, casse l’économie du monde en faisant chuter les cours de composants qui deviennent soudain très courants, et va jusqu’à empêcher le joueur normal d’aller chercher ce dont il a besoin : les endroits qui l’intéressent sont saturés par les farmers ; du coup, celui-ci est obligé d’acheter à l’hôtel des ventes, ce qui rend l’achat de monnaie virtuelle encore plus attractif. Notons que les entreprises de farming chinoises sont généralement composées de pauvres bougres sous-payés qui passent plus de quinze heures par jour dans une cave ou un entrepôt, devant l’écran, pour une compensation ridicule. Et ça ne bénéficie en rien aux joueurs occidentaux, mais bel et bien aux sociétés véreuses sur place qui ont flairé le filon.
Parler de « délégation » des tâches ingrates relève donc du non-sens. Tout ce que les joueurs occidentaux retirent de ce piratage à grande échelle est une baisse des cours qui ne les arrange généralement pas. Certains, face à l’impossibilité de contrer ce genre de phénomène, se servent allégrement des à-côtés ainsi engendrés : la course au pouvoir est ce qu’elle est. Il est ainsi possible de se faire monter son personnage du niveau 1 au niveau 70, pour une somme modique. Mais ceux qui utilisent ce type de service ne s’en vantent généralement pas. Pour autant, ils ne font qu’exploiter eux aussi les failles d’une situation qu’ils n’ont pas voulue. Et dans le petit monde de World of Warcraft, on se passerait bien de ce poison qu’est l’industrialisation du farming.
Une bonne nouvelle pointe toutefois le bout de son nez à cet effet : eBay va prochainement supprimer de son site les ventes de biens virtuels. Cela devrait freiner la surenchère dans un premier temps. Mais le monde persistant est devant un choix : embrasser la logique de marché qui lui tend les bras avec l’apparition proche et programmée de jeux où le pouvoir obtenu sera fonction des achats effectués, en espèces sonnantes et trébuchantes cette fois-ci, ou s’accrocher à son principe vieillissant d’égalité des chances en interdisant l’intervention de tout argent réel, louable mais qui sera contourné tant que les MMO auront leur économie propre.
Comme l’a très bien résumé Ohnil, tous ces mondes virtuels ne seront jamais que le reflet romancé de notre société. Après, on aime, ou pas.
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Merci pour ces précisions nécessaires à cet article un peu court il est vrai. Mais j’ajoute tout de suite que le sujet traité est intéressant, comme le souligne sceptique.
Même si ce n’est pas pour le « plaisir égocentrique des joueurs occidentaux », le farming semble toutefois une exploitation pure et simple de personnes dans le besoin. Et si le gentil Johan ne voit de « l’aliénation » (le terme « exploitation » me semble bien plus propice à la définition faite) que si la « rémunération du travail est travail est sous-évaluée », passer plus de 15h devant un ordi ne peut être néfaste pour la santé...
Cela me fait penser à une autre exploitation, bien plus réelle celle-là. De jeunes chinois (encore !) sont engagés pour trier les plastiques en vue de leur recyclage. La méthode utilisée est des plus simples : si le plastique a une certaine odeur il est recyclable, s’il en a une autre il ne peut l’être. Il est donc courant de voir des jeunes (8-15ans) brûler un bout de plastique et le humer pour ensuite le jeter dans un des deux bacs prévus à cet effet. Il ne faut pas avoir fait 15 ans d’études de médecine pour s’imaginer les méfaits sur l’organisme que cela peut engendrer quand on fait un tel « travail » pendant plus de 10h par jour à raison d’un bout de plastique toutes les 10 sec... A combien évalues-tu ce « travail » mon cher Johan ?
Reflet romancé d’accord, mais il est aussi nécessaire de dénoncer ces abus. Tout comme il est nécessaire de dénoncer l’associalisation de nombreux joueurs de ces mondes virtuels. Ne s’agit-il pas d’une fuite de la réalité au même titre que la consommation de drogues ?
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Le sceptiscisme est une vertu, et une école de pensée, que je loue volontiers.
Je n’ai certes pas été exhaustif dans mon développement sur Warcraft ; je l’admets et vous remercie d’avoir rappeler un certain nombre de faits. Je l’explique toutefois de la maniere suivante : j’ai déjà traité la question sur mon blog, et un lien renvoie à l’article en question.
Permettez moi en revanche de contredire vos propos, quand vous niez l’exploitation des pays du tiers monde par le jeu. Je vous renvoie à l’adresse suivante : http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/201605.FR.php
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Nisco,
Aliénation est encore plus fort qu’exploitation.
Tu exploites le travail de quelqu’un qui mériterait plus. C’est très souvent le cas pour les personnes compétentes, ou investies dans leur travail (un médecin d’hopital public, par exemple).
Tu aliènes (tu rends étranger à lui même) un esclave. Quelqu’un qui gagne si peu qu’il est littéralement enchaîné à son poste, qui n’a aucune perspective d’avenir, quelqu’un qui n’a aucune protection sociale effective, par exemple en cas d’accident du travail, est aliéné. Un serf est aliéné. Un prolétaire, dans le sens éthymologique, aussi.
Pour rebondir sur l’exemple que tu donnes des enfants brûlant le plastique pour le trier, c’est de l’aliénation. Ils se voient dépossédés de leur vie, de leur santé.
Cordialement, mais néanmoins agacé de tes a prioris à côté de la plaque.
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Pour répondre au mieux à ta question, ce n’est pas du travail, c’est de l’esclavage.
Comme la prostitution pour une dose d’héro, comme la vente de son rein ou de ses cornées.
Ca doit être interdit. Le consommateur doit refuser des produits faits par des esclaves, les pouvoirs publics et les entreprises doivent lui en donner les moyens.
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Mon cher Johan,
Tout d’abord je m’excuse pour mes à prioris, mais j’ai du mal avec trop de naïveté ou de légèreté comme tu veux.
Il y a une très grande différence entre aliénation et exploitation. Et le fait que tu rajoute encore le terme esclave augmente la confusion. Les deux cas que j’ai décris ne « rendent pas étranger » les jeunes chinois, mais les exploitent, c’est à dire qu’ils sont payé une misère pour un travail qui ne resèpect pas des conditions « humaines ». Mais l’important est que l’on dise la même chose, ce qui peut être dommageable, c’est qu’à force de vouloir rendre « plus fort » ton expression, tu utilise un terme qui ne va pas et donc tu te décrédibilise aux yeux de certains.
Quand on lit ton post, on dirait que ces chinois vivent dans un monde très éloigné du notre, voir à une autre époque (esclave, serf). Et les seuls cas que tu utilise pour comparer sont des extrèmes très violents : prostitué et vente d’organes. Pourquoi n’avoir pas pris comme exemple tous les ouvriers à qui ont a « dépossédés de leur vie, de leur santé » du fait de l’amiante ? Ou tous les personnes rivées à leurs ordinateurs plus de 8h par jour à leur travail ? Car mon point de vu est celui là : doit-on toujours trouver une juste rémunération à des travaux quite à payer énormément pour des travaux inhumains ? Et le petit Nicolas S. qui dit « travaillons plus pour gagner plus » ne va-t-il pas dans le sens d’une exploitation voir d’une aliénation quand le travail prend la quasi totalité de la vie (le reste étant pris par la télé) ?...
« Ca doit être interdit. Le consommateur doit refuser des produits faits par des esclaves, les pouvoirs publics et les entreprises doivent lui en donner les moyens »
Encore un raisonnement hyper rapide : crois-tu que la croissance de la consommation, moteur de la croissance globale, peut continuer si l’on paye tous ces produits à leur « juste » prix ? Car tu met le doigt sur l’exploitation des enfants, mais qu’en est-il de l’environnement et du stock des matières premières, eux aussi non compris dans le prix des objets ? Commences-tu à voir comment le système dans son entier a besoin de ces exploités, de cette exploitation des ressources et du sacrifice de notre environnement ? Il faut prendre conscience qu’un monde de croissance économique ne peut se faire de manière durable, respectueuse des droits de l’Homme pour tous et éthique.
C’est pour cela que j’utilise des à priori afin de te faire tiquer et ainsi réfléchir sur les problèmes qui sont intrinsèques au système. Il y a néanmoins des portes de sorties mais il faut revoir drastiquement à la baisse nos niveaux de vie, de nous autres occidentaux. Il en va de notre propre bien-être comme de celui de l’ensemble de l’humanité.
Que pense-tu d’ailleurs de ma comparaison entre les fans de WOW et les drogués ?
Cordialement, mais je continuerai à être agaçant car je trouve que trop de monde vit avec des oeillères, voir même virtuellement...
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Nisco,
Je suis content de voir qu’on se retrouve énormément.
Certaines choses sont hors commerce. C’est par exemple le travail largement sous payé, le travail dans des conditions de sécurité insuffisant, la vente des produits de son corps, de sa santé, les horaires excessifs, l’exploitation déraisonnée des ressources naturelles.
Aucune entreprise ne devrait craindre d’être concurrencée par une autre qui ne respecterait pas ces critères, aucun travailleur ne devrait pouvoir se voir proposer ces « offres d’emploi ». Aucun pays ne devrait laisser amputer un patrimoine commun à toute l’humanité.
C’est l’exploitation à des buts illégitimes de la misère humaine.
Donc effectivement, il faut complètement repenser la croissance pour arrêter de marcher sur la tête.
Après il y a pour moi une différence entre l’aliénation marxiste, qui te dit que tout travail pour le compte d’un autre est une aliénation, et ma vision de l’aliénation qui est un degré supérieur de l’exploitation.
Tu es exploité quand tu n’est pas payé à ta juste valeur, ce qui arrive souvent.
Tu es aliéné quand on te prive littéralement de ta vie, quand tu n’est qu’un facteur de production.
Effectivement, certains sont aliénés par le travail, par le Prozac (33 à 43% de la population sous antidépresseurs lourds selon Bruno Etienne), par 4 h de télé par jour, en moyenne, par l’obsession matérialiste...
Pour eux, il s’agit souvent d’une servitude volontaire au système.
Un chômeur lui même peut être aliéné. On le prive de gagner sa vie en exeçant son métier.
Maintenant, je n’ai pas envie de faire de la démagogie, et puisque notre premier achoppement vient de là, je pense que les jeunes des quartiers dont je me suis occupé sont pour certains inemployables, dans le sens où l’entreprise comme le jeune n’a qu’une vision caricaturale de l’autre.
Alors que certains a prioris tombent très vite et révèlent parfois des convergences fortes C’est pourquoi je pense qu’il faut créer des ponts. Par ailleurs, à tort ou à raison, je crois d’avantage dans le consommateur que dans l’homme politique pour exiger un traitement décent des travailleurs.
Voici un article que j’ai publié cet été sur une nouvelle forme de commerce équitable.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11952
PS : Continue à être agaçant, mais n’oublie pas de développer tes idées. Ca permet de discuter sur des bases plus saines.
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Article très intéressant qui a le mérite de parler des dérives de certains MMORPG (pas tous heureusement) Pendant 6 mois, j’ai joué à Liénage. Au début, je trouvais un véritable plaisir à monter mon personnage, le faire évoluer, interagir avec les autres... mais au bout d’un moment, quand le personnage devient « haut niveau », le jeu devient injouable : pas de possibilité d’acheter ou d’acquérie du matériel « proprement », les différents lieux étaient trustés par des « bots » et des « farmers » qui revendaient leurs acquisitions à prix d’or, l’économie du jeu devenait totalement dépendante de ces personnes. Quand j’ai demandé à d’autres joueurs comment surmonter ce problème, j’ai reçu en retour une série de liens (sites autres que ebay) permettant d’acheter du matériel ou de l’argent virtuel via euros sonnants et trébuchants... Pour donner une idée des tarifs, il faut compter 300 € pour un personnage clé en main. Signaler les bots et les farmers aux modérateurs restaient lettre morte... Ayant autre chose à faire que dépenser de l’argent pour avoir de l’ragent virtuel, j’ai résilié mon compte... et changé de MMORPG.
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autre solution : latter les bots... Exercice rigolo... mais pour ça il faut que le PKill soit possible.
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Votre témoignage sur Lineage m’interesse au plus haut point. Pourriez vous me fournir des plus informations précises sur votre cas personnel ?
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effectivement la chasse aux bots étaient sympa mais lassante...surtout qu’ils avaient des sous-routine pour attaquer tout joueur qui passaient dans leur rayon d’action !!
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Je vais détailler un peu plus mon expérience de Linéage2. Mon mari et moi (nous sommes un couple de « geek ») avons décidé de nous mettre à ce jeu car nous l’avions « beta-testé » quelques temps auparavant. Nous connaissions donc le fonctionnement du jeu avant de commencer à souscrire un abonnement.
Pour comprendre l’économie du jeu, il faut comprendre la notion de « drop-rating », c’est à dire la probabilité qu’un monstre que l’on tue laisse en récompense certains objets. Dans Linéage2, le « drop rating » est bas, certains objets avaient une probabilité de 1 pour 32000 (c’est à dire que l’obtenir devient très difficile, voire impossible). Ce « drop rating » bas était aussi valable pour acquérir de l’argent. Les premiers bots sont donc apparus pour que les joueurs puissent se faire un peu d’argent pour s’équiper et progresser. En effet, le personnage n’évolue pas en prenant des niveaux mais en acccédant à du meilleur matériel (les coordonnées sont fixes). Une autre chose à savoir, c’est qu’à partir d’un certain niveau (40 et plus), vous ne pouvez plus acheter vos armes et armures chez les commerçants du jeu. Plusieurs solutions s’offrent à vous :
- soit faire votre armure vous-même en récupérant des pièces d’armures complètes ou des pièces (bouts de tissus etc) pour la construire en tuant des monstres,
- soit acheter l’armure ou les morceaux pour la construire sur le marché à d’autres joueurs.On se retrouve donc devant le problème suivant : pour acheter du matériel, il faut de l’argent. Pour faire de l’argent, il faut être suffisamment équiper pour pouvoir tuer des monstres. Pour trouver des pièces d’armures, il faut tuer des monstres, il faut donc être bien équiper pour les tuer. Je disais précedement que l’économie du jeu devenait dépendante des bots et des farmers : en effet, en empêchant aux joueurs la possibilité d’accéder aux lieux pour tuer les monstres, ils ont acquis le monopole des objets et de l’argent. Les prix des objets ont donc flambés. Pour les joueurs lamba, les possibilités de progresser deviennent donc réduites, à moins d’avoir soit-même des bots ou d’acheter de l’argent sur le net. Pour réference, équiper un personnage niveau 60 coûte dans le jeu plus de 300 millions d’adenas (l’agent du jeu).
J’ai retrouvé les tarifs sur un site : pour acquérir 20 millions d’adenas, ça vous coûtera 14,50 $, pour 200 millions, vous débourserez 136 $ (les prix varient selon le serveurs où vous êtes). Pour les personnages « clé en main », un personnage débutant (niveau 20) vous coûtera 15 $ livré sous un jour , un personnage haut niveau (niveau 80) vous coûtera 2294.99 $ livré sous 90 jours.
Un autre point : jouer seuls ou à 2 dans ce jeu devient très vite une gageure : il faut donc intégrer un clan qui est supposé favoriser la coopération entre joueur. Nous étions dans un clan qui nous a viré car ils trouvaient que nous ne jouions pas assez (on jouait environ 2H/jour en semaine et 6H/jour le week-end). Où est la coopération constructive dans ce cas-là ?
Face à ce genre de pratiques, que voulez-vous faire ? Soit tricher aussi, soit quitter le jeu. Nous avons pris la 2nde option car nous ne cautionnons pas ce genre de pratique. Cela doit rester un jeu, pas une course à l’argent. C’est dommage car Linéage2 est un beau jeu (bien qu’un peu vide) et nous avons passé quand même de bons moments (au début).
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Je trouve l’attaque contre d’EVE Online tres injustifié.Il y eu effectivement des derives regrettables.Mais les principes du jeux sont parfaitement connues.Ce n’est pas fait pour les saints.Les escroquerie,assassinat,vol et autre pratique douteuse(dans le monde réel) sont courante.C’est un jeu PvP(player vs player),les bisounours peuvent aller voir ailleur.
C’est precisement cette liberté allié à une grande sophistication des relations economiques qui rend se jeux fascinant.Les empires de joueurs montent puit s’effondre tout les mois.Des alliances se forment puis disparaissent,libre au joueur de s’impliquer ou pas.Ce que vous considerez comme un derive(la disparition de 700 milliard d’ISK lors d’une escroquerie spectaculaire)est ce qui fait tout l’interet du jeu. D’ailleurs il y a une expression pour ces grands coups :« winning EVE »(gagner EVE)
Je ne suis pas certain que les abus que vous denoncez en soit vraiment.Dans la mesure ou ces jeux sont basés sur l’interaction entre joueurs, il est naturel que des conflits eclatent.Nul n’a pretendue que c’etait des societés ideales.Essayez plutot Second Life,j’ai entendue dire qu’il y avait des experimentations dans ce domaine.
Du moment que personne n’est blessé IRL,ou est le probleme ?
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Ne confondons pas les choses. On peut admettre que la règle du jeu d’Eve online, est de ne pas avoir de règles. Je n’ai pas dit autre chose dans mon article.
Ce qui est en revanche inacceptable, est que le développeurs eux-mêmes, censés légitimer ce « laisser-faire », sont au premier chef incriminés dans l’affaire.
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yeah, vive les jeux video ! et de plus en plus réalistes ! et sans faire souffrir personne comme dans la réalité ! c’est pour ça qu’il y a de plus en plus de jeunes qui veulent plus voir tous ces névrosés au boulot et qui restent chez eux toute la journée devant internet, les jeux video, la télé avec le câble et le rmi. il y a 10 ans, ça a été les japonais, puis il y a 5 ans les américains, et aujourd’hui de plus en plus d’européens, dans 50 ans, ça sera le monde entier ( en particulier dans les pays du sud, le jour où ils pourront esquiver leurs « potes hospitaliers » qui cherchent en fait à les voler, ils le feront bien volontiers ! )
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