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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Peintures de Brian Despain : l’homo mecanicus

Peintures de Brian Despain : l’homo mecanicus

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L’homme aurait-il quelque chose
de profondément robotique dans son comportement, dans ses manières ? Il existe une angoisse, depuis l’invention des premiers mécanismes, que l’être humain ne soit finalement qu’un parfait automate bien huilé par une force supérieure. Le travail du peintre Brian Despain repose sur cette persistance de l’imagerie mécanique, cette prédétermination de l’humain qui ferait de ce mammifère dominé par ses pulsions un être terriblement prévisible.

C’est avec des couleurs pastels que le peintre américain dépeint le monde à partir de cette robotique des comportements, ces automates humains qui se débattent en vain dans les limites de leur champ de perception. L’homme voulait des robots pour ne plus être esclave des travaux les plus pénibles, n’est-il pas devenu à son tour une machine à production visant un expansionnisme meurtrier ? semble s’interroger l’artiste.

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Proche de la bande dessinée et des récits
de science-fiction des années 70, ces tableaux annoncent le cloisonnement d’un monde, le rejet définitif de toute humanité. Les figures de Brian Despain portent la désincarnation, la mort de tous sentiments sublimés, comme si la terre avait été bouleversée, retournée par un cataclysme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son travail graphique est dénué de toute beauté, si la féerie est à mettre au rang de ces mécaniques, car aucune de ces distractions n’amène l’homme vers une quelconque pensée.

Évidemment, on pourra considérer que l’empreinte surréaliste de certaines représentations confère une impression de déjà-vu. Mais l’objectif de Brian Despain, même s’il n’est pas toujours atteint, n’en demeure pas moins une sérieuse réflexivité anthropomorphique, la démonstration que les mécanismes de l’être humain ne sont liés à aucune aspiration au bonheur mais plus à des principes de puissance, à des forces de destruction.

Laurent Monserrat

  • Illustration : Brian Despain “Icarus fish”
  • Illustration : Brian Despain “A vexing quiet”

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5 réactions à cet article    


  • dom y loulou dom 25 février 2009 23:17

    @auteur


    la "démonstration" est bien mince je dois dire.

    ces peintures parlent de bien d’autres choses, notamment de la poésie qui même dans cet univers entièrement robotisé ne peut s’empêcher d’être habité d’esprit et se libère par le rêve.

    mais ça vous ne le voyez pas... vous ne voyez que les couleurs glauques et ce que vous prenez pour de la complaisance, comme une blague de dessinateur pour quotidiens et non un travail approfondi de peintre. Ce qui est presque une insulte à celui que vous prétendez encenser.

     Je vois ce travail comme une critique complète et absolue de la déshumanisation qui opère en occident. 

    En fait je crois que vous ne cherchez qu’à vous rassurer sur la "normalité" de la méchanceté et de la quête de petits pouvoirs... la déclarant normale et profondément humaine... et vous avez vraiment tort sur ce point, pour vous-même.

    vous voudriez donc que cette optique glauque soit admise par le nombre afin qu’ils s’oublient complètement. 

    Juste l’exact opposé de la volonté sensible du peintre. C’est tellement évident.


    Et personnellement je ne vois pas de trace de cruauté dans ces peintures, plutôt une critique véhémente de la perte humaine en faveur d’un cadre mécanique. Et l’espoir, ne vous en déplaise, est TRES présent danscette oeuvre puisque ces machines ne peuvent s’empêcher de rêver de liberté, elles volent ... elles libèrent des oiseaux de leur cage... elles aiment... soupèsent l’oeuf de l’éclosion de l’univers, caressent donc la philosophie de doigts gracieux et sensibles...

    tout le contraire de ce que vous en dites. marrant non ?


    • dom y loulou dom 25 février 2009 23:34

      mon premier commentaire allait surtout à la deuxième peinture,

      parce que la première est une critique évidente des machines de guerre, des êtres noirs plumés, des formes de "bêtes au plafond" que voient souvent les alcooliques ou les rôdeurs de castaneda... ces anges déchus, invisibles donc, leur couleur noire faisant exactement référence à cette invisibilité, des êtres qui rôdent tout le temps au-dessus de nos têtes et emplissant le ciel des aom... 

      des créatures ici affublées d’un corps métallique et mécanique... renvoyant à l’industrie... signifiant par là le lien étroit entretenu par les anges déchus et l’industrie de masse.

      Le fait que cet ange robot en premier plan essaie apparemment d’étrangler un poisson est suffisamment parlant pour que je n’ai besoin de commenter la signification, il se bat contre l’esprit christique.

      je n’invente rien, c’est ce que raconte là le langage pictogaphique.
       
      la créature est d’ailleurs tellement en prise avec ce poisson qu’elle ne voit pas qu’elle va se scrasher deux secondes plus tard.

      Oui, c’est fou tout ce que peut contenir une oeuvre d’art et c’est là un travail vraiment très intéressant.


    • Laurent Monserrat 26 février 2009 00:49

      Bonsoir,

      Ce qui importe avant tout c’est sa propre perception, la manière dont on interprète une oeuvre d’art. A l’évidence, vous avez été séduit par les oeuvres de ce peintre américain et à mon sens l’essentiel est déjà accompli. Je vous invite à vous rendre sur son site pour consulter l’ensemble de ces oeuvres et plus particulièrement les autoportraits. Peut-être confirmerez-vous votre jugement ou peut-être pas ?

      Cordialement,

      Laurent



    • docdory docdory 26 février 2009 11:32

       @ Laurent Montserrat
      J’avais déjà vu un de ses tableaux, que j’avais trouvé frappant, en illustration de je ne sais plus quel article ou livre , je m’étais toujours demandé de qui il s’agissait , car je voulait en voir plus . Merci d’avoir éclairé mon ignorance !


      • Sophie Sophie 26 février 2009 13:36

        Merci pour la découverte de ce peintre que je ne connaissais pas. C’est un univers riche, et interprétable de bien des manières. Chacun peut probablement y apporter son désenchantement, sa poésie ou son humour, ou tout à la fois...

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