Polémique autour des vidéoclips arabes
Elles sont égyptiennes, libanaises ou maghrébines, elles s’appellent Ruby, Nancy Ajram, Lucy, Nagla... Toutes pénètrent audacieusement les foyers les plus traditionnels et leur musique rythme les cafés, les taxis, les rues, les mariages et les boîtes de nuits.
Sulfureuses, elles choquent certains et font rêver d’autres. Leurs paroles sont crues, leurs tenues osées, leur gestuelle suggestive et à forte connotation sexuelle.
Les professionnels de la musique s’insurgent : « Ce
que nous voyons sur les écrans depuis plus d’un an, c’est tout sauf des
œuvres artistiques. Il s’agit de show, de danse, qui visent à séduire
et qui nuisent non seulement à l’art égyptien et arabe, mais à tous
ceux qui les regardent... Nous vivons l’ère de la décadence de la
chanson arabe, malgré les efforts déployés par les chanteurs et les
chanteuses sérieux, car le vidéoclip est devenu récemment d’une grande
importance pour la chanson, parfois même, il est mis sur un même pied
d’égalité que les paroles et la composition musicale ».
Des amateurs de la danse égyptienne et des chorégraphes pensent que les règles de la danse orientale ne sont plus respectées et que cette nouvelle danse qui fait fureur n’est autre qu’un amas de mouvements provocateurs. « La danse ne doit pas être utilisée comme moyen de provocation. Ce n’est plus de la danse orientale, si ce genre de mouvements provocants est appelé ainsi ».
Des mères s’indignent. Dans les sociétés arabes, la danse orientale est pratiquée dans les familles à toutes les occasions. Les petites filles à partir de deux ou trois ans imitent les adultes et dansent spontanément à toutes les fêtes, sans jamais avoir pris de leçons. La danse orientale est un art qui a ses règles. Ces mères pensent que la nouvelle danse qui montre des corps qui bougent dans tous les sens, avec des gestes érotiques s’est éloignée de la danse d’allégresse : « Ce n’est plus de l’art, mais plutôt un commerce qui transgresse nos mœurs » affirment ces dernières.
Certaines personnes vont jusqu’à parler de porno-clip et appellent à la censure. « On peut voir aujourd’hui une danseuse orientale lancer un album suivi d’un clip dont le but est d’attirer l’attention du public, d’autant plus que le vidéoclip n’a d’autre but qu’exhiber ses talents de danseuse et de faire de la provocation, notamment parmi les plus jeunes. La censure est donc indispensable, au moins pour contrecarrer ce phénomène ».
Un député islamiste égyptien déclare que « ce qui se passe à l’heure actuelle s’oppose à l’islam. Nous ne sommes pas contre l’art, nous nous opposons seulement à ce type de clips qui incitent à la débauche », et un autre ajoute : « Je me demande pourquoi les instances chargées de la censure ne font pas leur travail et ne tentent pas de freiner le phénomène ».
Ces clips ne sont ni produits ni diffusés par des chaînes locales et publiques mais seulement par des chaînes privées satellitaires telles Rotana, Mazzica, Melody. Sous de fortes pressions, ces mêmes chaînes ont été contraintes de supprimer un certain nombre de scènes afin de rendre les vidéoclips plus appropriés à la diffusion. Nagla la chanteuse tunisienne fut censurée de plusieurs chaînes arabes et s’est même vu interdire l’entrée du territoire égyptien, et Ruby a subi un acharnement visant à la censurer.
Les jeunes par contre ne l’entendent pas de cette oreille ; ils raffolent des Ruby, Nagla, Nancy, Lucy et autres stars voluptueuses. Les filles et mêmes les toutes petites d’à peine trois ans roulent les hanches à la Rouby, donnent des coups de reins à la Nancy et rêvent des tenues de Hayfaa. « As-tu regardé la nouvelle danse de Nancy Agram dans son vidéoclip ? Et la tenue de Hayfaa Wehbi ? Celle qui en fait trop c’est bien Nagla, c’est vraiment de la provoc ! ».
Les garçons, eux, téléchargent les vidéoclips sur leurs portables et déclarent leur flamme à leurs idoles sur des sites Internet. Ils rouspètent « Les chanteuses arabes ne font rien d’extravagant à comparer avec les clips occidentaux. Comment prétendre alors internationaliser l’art arabe et proclamer une certaine liberté d’expression et de création si nous ne parvenons pas à tolérer ces simples clips qui, à mon avis, ne sont pas si catastrophiques ! Pourtant, la majorité regarde des clips occidentaux beaucoup plus audacieux en cachette ! ».
Des jeunes au chômage souffrent des pressions sociales et de manque de liberté et ces clips les font rêver et les aident à oublier leur quotidien même pour une courte durée.
Pour voir quelques vidéoclips ci-dessous :
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