C’est avec Corps de jeune fille, publié chez Gallimard en 1986, qu’Elisabeth B., russe par sa mère, 20 ans et des poussières, fait une entrée fracassante dans le milieu littéraire. Elle y dévoile, avec une plume aussi riche que crue, les aventures et mésaventures d’une jeune brune avec un écrivain célèbre. Audacieux, cruel, lucide, le texte fait couler beaucoup d’encre et Elisabeth Barillé gagne une réputation d’intello sulfureuse. Plus tard, Beigbeder dira d’elle :" La Barillé explore les complexités du désir féminin : masochisme, bisexualité, sensualité, sens du sacrifice, goût du sacré, bref, tout ces machins qui excitent tant de gonzesses. Mais elle écrit surtout un roman poétique et vif qui se dévore d’une traite, comme la maîtresse d’un ami."
Elisabeth Barillé est un écrivain surprenant qui n’aime pas qu’on l’étiquette. Qui n’aime pas qu’on la mette dans une case. Il faut la lire et la suivre dans son univers particulier.
Voici donc un melting-pot barillesque.
On y trouve une dose d’Anaïs Nin :
Un zeste d’égérie troublée de Georges Bataille
Une pincée de religieuse maso
Une généreuse rasade de parfum
Un chouilla de ménage à trois
Une grosse cuillerée des canaux d’Amsterdam
« Ce que m’offre mon canal - j’y habite, c’est le mien— suffit à mes bonheurs du jour. L’arche sombre d’un pont jugenstijl. Les frondaisons d’un saule aux branches souples comme des fleurets. L’accent aigu d’un héron perché sur le moteur Mercury d’un Zodiac amarré derrière un tjalk luisant de goudron. Que de bateaux ! Que de voiles ! Que d’appels à lever l’ancre ! Calmons nous, ceci n’est qu’un jeu, un jeu de piste dans cette ville plus troublante qu’aucune autre, cette ville de mirages, de vertiges, où j’ai commencé par me perdre pour mieux me retrouver... »
Les Blini de son grand-père russe
Et de l’Inde à gogo :
« - On ne connaît jamais l’Inde, jamais ! On s’y perd, c’est tout, c’est même un endroit fait pour cela... Marion baisse la tête. Katherine voyait les choses différemment. Que disait-elle déjà ? Que l’Inde se méritait, que la grâce de l’Inde était une grâce d’intériorité, qu’il fallait du temps pour comprendre cela, pas mal d’humilité, de patience. Comprendre l’Inde, être compris d’elle, en revenir transformé... »
Et son petit dernier, Inde et Amsterdam à la fois :
Au cours d’un séjour en Inde, j’ai fait la connaissance d’un ancien banquier considéré comme un sage. Chaque jour, dans son appartement de Bombay, le vieil homme dispense son enseignement spirituel à une poignée de visiteurs de tous pays. Chaque séance s’achève ainsi : l’un après l’autre, les visiteurs se prosternent à ses pieds. Je ne peux m’y résoudre. Que cache ce refus ? A-t-il partie prenante avec la peur d’aimer ? Va-t-il chercher plus loin encore, vers la mort ? Je compris vite que je ne pouvais y voir plus clair sans l’écriture. Un récit s’imposait. Le voici. »
Son site web.