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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Sorcières, mythes et réalités

Sorcières, mythes et réalités

L'exposition "Sorcières, mythes et réalités" au Musée de la Poste nous plonge dans le monde mystérieux de la sorcellerie.

Plantes médicinales ou poisons, pierres aux vertus magiques, statuettes en bois plantées de clous, l'attirail des sorcières y est au complet. Nous apprenons notamment qu'un marron, qui la même forme qu'un cerveau, est glissé dans la poche pour soigner la folie.

Les sorcières ont des alliés : les animaux, notamment le bouc, la chouette, le chat. Le premier sert de monture pour aller au sabbat, la réunion des sorcières présidée par le diable. La seconde est clouée sur la porte pour se protéger de la sorcière. Le troisième est jeté dans le bûcher car il est l'incarnation du diable, surtout si son pelage est est noir. Le serpent et le crapaud sont utilisés dans la préparation de potions.

Le diable est supposé être l'ami des sorcières. On peut le reconnaître à ses cornes de bouc, sa peau velue et granuleuse et son odeur pestilentielle. Il n'est pas toujours malfaisant : il peut lui arriver d'aider aux tâches ménagères ou au labeur du paysan la nuit durant.

On ne peut évoquer la sorcellerie sans parler de la terrible chasse aux sorcières, qui commence en Europe au XIIIe siècle. La plus ancienne connue est celle de Conrad de Marburg en Rhénanie de 1220 à 1230 : il pourchasse une prétendue secte de sorciers, les Lucifériens, qui n'existe pas. En 1326, le pape Jean XXII assimile la sorcellerie à une hérésie. Dès lors, la traque aux sorcières s'organise. Un manuel, "Le marteau des sorcières", publié par deux Dominicains allemands en 1486, devient la "Bible" des chasseurs de sorcières. On compte 2275 exécutions (par le feu) en France pour la période de 1420 à 1690, contre par exemple, 35000 en Suisse et en Allemagne.

"Pour un sorcier, dix mille sorcières" écrit Jules Michelet. Même si le chiffre est inexact, il traduit une certaine réalité : 80 % des victimes des procès en sorcellerie sont des femmes. Jean Bodin, chasseur de sorcières, dit des femmes qu'elles sont les "sentinelles de l'Enfer".

Les sorcières sont accusées d'avoir signé un pacte avec le diable, de se rendre au sabbat en volant (sur un balais ou un bouc), de se livrer à l'orgie en présence du diable, et d'anthropophagie. Elles blasphèment et écrasent des pieds la croix du Christ. Avec l'aide de Satan, elles jettent des sorts ou préparent des poisons. A cause d'elles, le bétail meurt et les récoltes sont moins généreuses.

Dès la rumeur ou la dénonciation, l'instruction débute. Le prévenu n'a pas d'avocat. Pour obtenir des aveux, on a recours à la torture : brûlure au feu, exposition aux guêpes... On jette l'accusé dans la rivière, pieds et poings liés ; s'il flotte, il est coupable. On cherche la marque du diable sur le corps : une tache de naissance fait l'affaire. On pique sur cette marque, si le sang ne coule pas, l'accusé est coupable.

Les procès en sorcellerie ont eu aussi des victimes dans les villes et parmi les religieux :
- Gaufridy, vicaire à Marseille, exécuté en 1611,
- Urbain Grandier, curé de Loudun, exécuté en 1634,
- Thomas Boulle, vicaire à Louviers, exécuté en 1647.

En 1682, Louis XIV interdit les procès en sorcellerie.

Mais la sorcellerie continue de fasciner, même lorsque les bûchers des sorcières ne brûlent plus. Au XIXe, les colporteurs vendent des manuels de sorcellerie sous le manteau car ces livres sont mis à l'index.

L'exposition n'oublie pas le cinéma, qui s'est beaucoup inspiré du thème de la sorcellerie.

Exposition au Musée de la Poste
15e, M° Montparnasse-Bienvenue
jusqu'au 31 mars 2012
 


Moyenne des avis sur cet article :  4.29/5   (17 votes)




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27 réactions à cet article    


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 21 mars 2012 10:04

    Article de circonstances.


    Notre monde est 
    obscur,impénétrable,nébuleux,sibyllin,ténébreux,
    hermétique,ésotérique,mystérieux,abscons,caché,
    incompréhensible,secret,abstrus,occulte,magique,
    cabalistique..

    Etiam nos ipsi sumus experti in magicis
    Etiam nos ipsi sumus experti in magicis


    • Gabriel Gabriel 21 mars 2012 10:27
      Quia experti sumus aeternae...

    • Abou Antoun Abou Antoun 21 mars 2012 19:07

      Aliquantulum alludere cupiunt.


    • Djapaskero Djapaskero 22 mars 2012 05:53

       magnum desiderum in ore gallus


    • cathy30 cathy30 21 mars 2012 10:15

      Bonjour Isis Bastet
      Tout est dit, plantes médicinales, poisons (sa particularité, a dose infinitésimale, est un médicament). Pour l’Eglise, il fallait détruire « le savoir du peuple », la médecine par les plantes par tous les moyens. Cette médecine principalement véhiculée par les femmes. Il y a sûrement eu d’autres raisons également pour des héritages, etc. D’ailleurs souvenez vous de l’histoire d’Esmeralda, tout un programme.

      Et à présent, on nous parle de la libération de la femme, mouhahaha.


      • totor totor 21 mars 2012 10:47

        Il faut s"interesser aux dates....
        La chasse aux sorcières était endémique depuis le 13 ème !
        (on chassait des restes de paganisme)
        Mais elle est devenue systématique à l’avènement du protestantisme....

        Il ne fallait pas sortir des voies religieuses du seigneur du coin !

        moralité : si le seigneur devenait protestant... la population le devenait aussi et l’on chassait également les sorcières


        • momo momo 21 mars 2012 13:28

          La chasse aux sorcières est toujours actuelle. Aujourd’hui, les filles qui ne s’épilent pas les aisselles et osent les montrer en public s’expose à être brulées vives.
          http://poilagratter.over-blog.net/article-6850563.html


        • hans 21 mars 2012 18:12

           Merci pour votre article qui est un sujet très intéressant, car sorcière = aussi bouc émissaires et vols de propriétés, d’ou je ne comprends pas le commentaire de totor , les chasseurs de sorcières sont bien des catholiques et non pas des protestants ???


        • dawei dawei 21 mars 2012 18:29

          et le mackhartisme c’est quoi ?



        • hans 21 mars 2012 18:38

          « mackhartisme » il ne faut pas associer tous les protestanstismes en France ils étaient humanistes , en us ZONE ils sonr devenus symboles de libertariens



          • Surya Surya 21 mars 2012 13:46

            « On jette l’accusé dans la rivière, pieds et poings liés ; s’il flotte, il est coupable. »
            Et donc si le corps coulait, la personne était jugée innocente, mais du coup elle mourait noyée. Ca n’avait pas l’air de leur poser trop de problèmes, visiblement ! Décidément, quelle drôle d’époque que ce Moyen Age !

            Ca me rappelle ce genre d’énigmes à résoudre :

            un juge donne une chance à un condamné à mort d’échapper à la sentence. Le condamné doit prononcer une phrase. Si sa phrase est vraie, il sera pendu. Si sa phrase est fausse, il sera noyé.
            Que doit dire le condamné pour être sûr de s’en sortir ?


            • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 21 mars 2012 13:58

              Ben oui c’est le principe de l’ordalie.

              Des fois aussi pour savoir qui était coupable ou innocent on organisait des duels à mort : la gagnant était innocent et le coupable était mort : simple, efficace et pas d’encombrement des Cours d’appel.

              Après l’Eglise est venue tout embrouiller avec le droit canon et le droit de la preuve.

              Est ce que la civilisation y a gagné, on peut se le demander !


            • ObjectifObjectif 21 mars 2012 16:02

              Si le condamné dit : « Je vais mourir noyé » les juges vont avoir du travail pour être justes, n’est-ce pas ?


            • Surya Surya 21 mars 2012 18:51

              En effet  smiley


            • Abou Antoun Abou Antoun 21 mars 2012 19:12

              Est ce que la civilisation y a gagné, on peut se le demander !
              Effectivement, dans tous les cas de figure et à toutes les époques, la raison du plus fort reste toujours la meilleure.


            • Abou Antoun Abou Antoun 21 mars 2012 19:23

              Ca n’avait pas l’air de leur poser trop de problèmes, visiblement ! Décidément, quelle drôle d’époque que ce Moyen Age !
              Cet âge avait sa logique. Portes du paradis grandes ouvertes pour le défunt innocent.


            • Abou Antoun Abou Antoun 21 mars 2012 19:28

              @ Surya
              Dans le genre, et à la marge du sujet, je préfère beaucoup le paradoxe des 3 portes.
              Pour ceux qui doutent il est illustré ici.


            • Surya Surya 22 mars 2012 10:47

              « Cet âge avait sa logique. Portes du paradis grandes ouvertes pour le défunt innocent. »

              C’est vrai, Abou Antoun, je n’avais pas pensé à cet aspect de la chose, et j’ai jugé uniquement en fonction de la logique de notre temps, sans me replacer dans le contexte de l’époque. Mais les sociétés évoluent, fort heureusement, et peut être la nôtre sera-t-elle jugée incroyable dans quelques centaines d’années. Merci de votre remarque smiley


            • Gégé 21 mars 2012 17:50

              Les sorcières, victimes supplémentaires des fanatiques religieux qui nous pourrissent la vie.


              • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 21 mars 2012 18:18

                A l’époque c’était surtout la communauté villageoise qui cherchait un coupable à une épidémie de son bétail ou à de la vermine dans son champ.

                Alors la vieille à moitié chtarbée qui vivait à l’écart du village et qui faisait des potions était la coupable idéale.


              • Abou Antoun Abou Antoun 21 mars 2012 19:25

                Alors la vieille à moitié chtarbée qui vivait à l’écart du village et qui faisait des potions était la coupable idéale.
                Oui, mais les belles filles représentaient la tentation, le péché. Sorcières aussi !
                En somme femme et sorcière, un peu redondant, non ?


              • Georges Yang 21 mars 2012 18:11

                J’ai vu cette expôsition en janvier à Paris en dehors de quelques petits détails pour la rendre ludique auprès du jeune public (c’est désormais la mode) elle est très agréable à voir
                Il manque à mon avis des reproductions (impossible d’avoir les originaux dans un petit musée) des oeuvres de Goya sur le thème



                  • Ruut Ruut 22 mars 2012 08:14

                    Le diable donna a l’humain le savoir.
                    Ce crime est grave.
                    Notons que de nos jours le commerce des plantes médicinales est interdit.
                    Le peuple ne doit pas savoir.
                    C’est la parole du chef, de Dieu.


                    • eric 22 mars 2012 09:34

                      Tout est très bien raconté dans le livre de l’historien anglais Trevor Roper sur Erasme.

                      1 L’église a toujours nié l’existence de la sorcellerie pour des raisons théologiques évidente.
                      2 Les mouvement de chasse au sorcières sont en général partie de la base, « du peuple » comme en général toutes les émotions dites « populaires ». Les églises dans l’ensemble s’y sont opposées.
                      3 Le phénomène a touché indistinctement des régions protestantes ou catholiques, montrant par là que c’était un fait social plus que purement religieux.

                      4 Le facteur clef dans l’étendu du phénomène a été l’état du système judiciaire et notamment l’utilisation ou non de la torture. Dés lors qu’il y avait torture, le nombre de sorciers se multipliait. Sous le coup de la souffrance, les inculpés dénonçaient n’importe qui. Ainsi, en Angleterre ou le bras séculier se refusait à l’usage de la torture dans les cas de sorcellerie, il y aurait eu, de mémoire, de l’ordre de 30 personnes pendues ( Eh oui, Harry Potter avec sa sorcière qui se fait bruler parce que cela la chatouille, connait mal son histoire...).

                      L’impression générale qui se dégage a mon avis est que la chasse aux sorcière est une réactions de populations déstabilisées par un passage à la modernité un peu trop rapide. Il semblerait notamment qu’il y ait une corrélation avec les progrès de l’alphabétisation...
                      Que les femmes soient victimes plus qu’à leur tour s’expliquerait par le fati que la modernité, justement fait évoluer leur rôle.

                      Si on veut trouver deux comparaisons contemporaine, on peut évoquer les épurations socialistes en URSS sous Lénine et Staline. On y retrouve notamment cet enthousiasme venu de la base dans la chasse aux ennemis, et le rôle de la torture et des dénonciations dans la généralisation du phénomène, ainsi que le caractère auto entretenu. Tous ceux qui ne sont pas assez virulent craignent d’être accusé de complicité, et à la fin, dans de nombreux cas, les tortureurs se retrouvent torturés. Le biais féministe de la société russe expliquerait que les femmes ne soient pas les principales victimes.
                      Dans le cas Iraniens, la révolution dans un des pays musulmans les plus moderne, passe bien, elle, par une volonté farouche et presque prioritaire, de maintenir les femmes dans une posture traditionnelle.
                      Une sorte d’amok collectif lié paradoxalement au progrès.... ?

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