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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « The Dark Knight » : questions pour un super-héros

« The Dark Knight » : questions pour un super-héros

L’adaptation cinématographique des aventures d’un super-héros issu d’une bande dessinée n’est jamais chose aisée, surtout lorsque le super-héros en question va sur ses soixante-dix ans. Le personnage de Batman, apparu en 1939 sous les coups de crayon de Bob Kane, a forcément évolué tout au long de son histoire, passant du simple détective qui lutte contre la pègre au sauveur de l’humanité (notamment en compagnie de son «  super-pote  » Superman), adoptant un comportement complètement «  kitsch  » mais aussi de justicier solitaire renfermé, torturé et surfant dangereusement sur la ligne qui sépare le Bien du Mal.

C’est ce dernier modèle de « l’homme chauve-souris » que le réalisateur de « Memento », Christopher Nolan, a choisi de mettre en lumière dans « The Dark Knight ». Si Batman est, à juste titre, considéré comme un super-héros, il n’en reste pas moins un être humain, né sur la planète Terre et n’étant aucunement le résultat d’une expérience scientifique. Son but reste cependant de combattre le Mal, mais pour cela encore faut-il parvenir à l’identifier correctement. Les hommes sont-ils naturellement bons ? Pourquoi certains choisissent-ils de faire du mal ? N’y a-t-il pas une part d’ombre en chacun d’eux ?

Nolan pose toutes ces questions au cours des deux heures et demie du film, à l’aide de personnages forts et bien ancrés dans la mythologie Batman : les habitants de Gotham City (y compris des prisonniers, donc des gens mauvais à priori), qui doivent faire le choix crucial de donner la mort ou de se sacrifier ; le Joker, qui représente à lui tout seul le Mal absolu, car désintéressé, sans aucune limite et par la-même très difficile à cerner psychologiquement ; Double-Face, alias le procureur sans peur de la ville, qui fait preuve d’autant de détermination pour se venger que pour poursuivre les criminels.

Bruce Wayne/Batman, interprété pour la seconde fois par Christian Bale, nettement plus crédible que tous ses prédécesseurs, découvre et finit par accepter que tout n’est pas ou tout noir ou tout blanc. Que le fait d’être milliardaire et d’avoir sans peine tout le matériel qu’il désire pour mener à bien sa mission, lui donne un pouvoir qui implique de lourdes responsabilités. Jusqu’à accepter de devenir un bouc émissaire, attirant sur lui toute la haine des « méchants » mais aussi des habitants de Gotham, afin de protéger le travail plus légitime de la justice et de la police.

Pour finir, il est impossible d’éviter ici une petite comparaison avec le « Batman » de Tim Burton, sorti en 1989 et qui relatait lui aussi l’affrontement entre « la souris volante » et le terrible Joker. Au niveau visuel, c’est sans conteste l’univers de Burton qui se rapproche le plus de la B.D., le réalisateur de « Edward aux mains d’argent » ayant crée un Gotham City qui ne ressemble à aucune autre ville existante et s’étant même au passage payé le luxe de s’adjoindre Kane comme consultant. Mais Nolan tient sa réussite grâce à la sobriété qu’il a su imposer dans son long métrage : si les scènes d’action demeurent très spectaculaires, les accessoires et les gadgets sont nettement moins clinquants que dans la version de Burton ; et surtout, l’exploitation et l’interprétation du personnage du Joker sont magistrales, faisant ressortir toute la dangerosité et l’état d’esprit de ce psychopathe absolu, à mille lieues du « bouffon » joué par Nicholson, qui devenait la vedette d’un clip de Prince lors de quasiment toutes ses scènes…ce qui, très rapidement, devenait ridicule et insupportable !

Christopher Nolan a promis un troisième volet sur les aventures de Batman. On l’attend donc avec impatience, même si la disparition d’Heath Ledger/Le Joker risque fortement de changer la donne…

Maxime Freyberger (rédacteur sur www.melting-actu.com )


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3 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 17 août 2008 04:37

    Voila ce que peut produire le professionnalisme du cinéma quand il est fait pour permettre aux spectateurs de rêver

    Rien a voir avec la m.. elitiste de la gôche caviar du "cinéma" français a des années lumières des attentes des cinéphiles

    Le mieux serait de supprimer toutes subventions au cinéma français qui ne produit que des films en mode restreint et le "pré-payé" ou avance sur recette occasionne beaucoup de dégat car les sommes ne sont jamais remboursé en cas d’échec (soutien à la culture ! )

    Il faut une vrai rupture dans le cinéma français et une autre culture,plus proche de la réalité 


    • Ha-n Ha-n 17 août 2008 16:53

      Sans aller jusque là et même si j’ai un demi accord avec ça, c’est juste que le cinéma c’est comme le goulash, c’est bon que quand c’est bien fait. Il y a un cinéma français, le problème c’est que certains films ont des moyens (Astérix pour ne pas le citer) et gàchent tout, il y a d’autres films sans moyens qui son bons, il ne faut pourtant pas comparer, ayant adoré No Country For Old Men, je m’étais posé la question à l’époque et ce cinéma dont fait partie ce batman dont Begins  était une première réussie est un autre cinéma, on ne peut faire ça en France, parce qu’on a pas pu créér Batman et qu’on ne connais pas Cormack McCarthy comme auteur. On fait de la culture avec ce que l’on peut Lerma, il serait stupide et plus stérile encore de vouloir faire du cinéma américain en français, ce qui n’empèche pas qu’il faille une réforme de notre manière de penser le cinéma voire de créér un cinéma français moderne, c’est le poids d’une culture qui rend celà en même temps difficile et tentant...


    • dante haguel 17 août 2008 19:52

      Pas completement d’accord avec ton analyse.... donc pas en dessaccord non plus :

      "l’exploitation et l’interprétation du personnage du Joker sont magistrales, faisant ressortir toute la dangerosité et l’état d’esprit de ce psychopathe absolu, à mille lieues du « bouffon » joué par Nicholson, qui devenait la vedette d’un clip de Prince lors de quasiment toutes ses scènes…ce qui, très rapidement, devenait ridicule et insupportable !" : le Joker est , car il se nomme lui meme ainsi, un joker : bouffon en anglais, donc son côté ridicule et insupportable fait parti de sa psychologie
       

      "le Joker, qui représente à lui tout seul le Mal absolu, car désintéressé, sans aucune limite et par la-même très difficile à cerner psychologiquement " : il est Chaotique, et le Chaos, c’est le contrire de l’Ordre (sens ordonné) bref, il n’a pas une ligne de conduite prédefinie, il change perpetuellement d’objectif, ce qui le rends difficilement cernable, et son interpretation est tout simplement grandiose ! bref, un super-vilain est en général basé sur un pêché capital, lui passe successivement par tous, du coup il devient d’autant plus difficile a calculer car on ne peut pas prevoir son comportement, le propre du Chaos, et donc il est cernable psychologiquement : imprévisible...

      Pour le côté le quel de Burton / Nolan se rapproche de la BD, faut se rappeler que la BD Batman est decliner en plusieurs version. Celle de Burton colle avec celles pour enfant (style strange, plein de couleurs, assez lissé, les mechants sont arrêtés, il y a peu de mort) soit un côté plutot gothique/romantique (sens architectural) alors que Nolan se base sur celles pour adulte, bien plus noir, ou la folie est un thème plus central, ce qui rends les personnages plus profonds, plus matures, plus noirs... et les gens meurent facilement... soit un côté aussi gothique/folie (sens Marylin Manson)
      Ainsi les 2 versions ont une approches radicalement differentes de Gotham, mais respectant l’univers de GothamCity a merveille !

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