Ces bonshommes Cathares (du grec ancien katharós, « pur ») qui usaient leurs chausses en parcourant toute l’Occitanie, consolant de leurs bonnes paroles ceux qui avaient le cœur de se tourner vers eux, ne tardèrent pas à attirer l’attention des autorités temporelles de l’époque, lesquelles se lancèrent dans ce que l’histoire retiendra comme la « croisade contre les albigeois ».
Larmes, sang, tortures, cries et odeurs de flammes…
D’immenses bûchers ponctueront cette lutte acharnée visant à exterminer ceux qui ne parlaient que d’Amour chrétien et qui -sans doute plus grave aux yeux de certains- le vivaient dans tout leur être.
Du sinistre bûcher de Minerve en 1209, en passant par la boucherie (il n’y a pas d’autre mot) du sac de Béziers la même année, dont il reste la phrase tristement célèbre du légat du pape à qui l’on avait demandé ce qu’on devait faire des catholiques mêlés aux "hérétiques" : « Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens ! », jusqu’à la chute du dernier bastion du Catharisme Occitan, lors du siège de Montségur en 1244, où plus de 200 hommes et femmes, refusant de renier leur foi, montèrent sur le bûcher en entonnant un de leur cantique…
Larmes, sang, tortures, cries et odeurs de flammes…
Les prélats de l’église catholique romaine, qui aux cotés des forces armées du royaume de France avaient eu à cœur d’exterminer cette « hérésie Cathare » récitèrent sans doute eux aussi quelques bonnes prières pour l’âmes de ceux qu’ils étaient en train de faire brûler…
L’histoire ne dit pas si, dans quelque recoin oublié des âmes de ceux qui se prétendaient les représentant sur terre de celui qui, en Galilée, des siècles plus tôt avaient enseigné « aimez vous les uns les autres »….
L’histoire ne dit pas si, dans quelque recoin oublié de l’âme des prélats de l’Eglise catholique romaine, alors que, satisfait d’avoir accompli leur sombre besogne ils regardaient se consumer les chairs de ceux qu’ils venaient de jeter vivants dans les flammes…
L’histoire ne dit pas si à cette heure, au plus profond de leurs êtres, quelqu’un, quelque chose… n’étaient pas en train de verser quelques larmes de sang…
Les siècles passent, les hommes oublient.
Qui par exemple se souvient que le terrible instrument que fut l’inquisition n’a été à l’origine « inventé » que pour exterminer les Cathares ? Qui se souvient que cette « institution », pilotée directement depuis Rome a massacré, persécuté, brûlé, torturé pendant des siècles des centaines de milliers de gens ? Qui se souvient des Cathares ? Qui se souvient que ce fut Jacques Fournier, alors chef de l’inquisition, qui eut « la peau » du dernier « parfait Cathare », Guilhem Bélibaste, en 1321 et qu’il deviendra ensuite le pape Benoit XII ?
Et qui ne trouvera pas singulier d’apprendre que Benoit XVI, avant d’être pape, fut à la tête de la « Congrégation pour la doctrine de la foi » qui n’est rien d’autre que la subsistance actuelle de l’organe inquisitoriale ? (Il est intéressant de lire à ce propos l’excellent article de Bertran de la Farge consultable
ici).
Qui se souvient des Cathares ?
On prête à celui qui sera le dernier « parfait Cathare », Guilhem Bélibaste, cette étrange prophétie :
« Au cap des sept cents ans le laurier reverdira »
Cette prophétie date de 1309, dit-on…
1309-2009… sept cents ans…nous y sommes !
Et si les Cathares n’étaient pas tout à fait « mort » ?
Et si les Cathares avaient pris « rendez-vous » avec eux-mêmes ?
Et si les Cathares renaissaient de leurs cendres ? Comme le Phénix !
Alors ce serait « Le Phénix Cathare », qui n’est autre que le titre qu’a choisi Arnaud de Montjoie pour son premier cycle de romans historiques/initiatiques.
Si l’on interroge l’auteur sur son livre -au-delà de la trame romanesque pourvue d’une vraie intrigue qui ne manquera pas de surprendre le lecteur- nous lirons derrières ses mots plus que de la sympathie pour ces étranges « bonshommes Cathares » auquel il a consacré son livre.
Il nous parle d’une « sensation subtile, d’une mémoire vivante enfouie » qui le fait vibrer intérieurement à l’évocation des bonshommes Cathares, aussi a-t-il cherché, dans la mesure du possible à rendre cette "vibration" perceptible, accessible, par quelques "portes dérobés de l’âme", à l’intérieur même du fil de l’histoire.
L’histoire devient ainsi prétexte à quelques contacts intérieurs avec ce qui fait l’essence et la "magie" des bonshommes Cathares... et qui n’est rien d’autre (nous dit encore l’auteur) que « le vrai Amour Christique qu’ils portaient dans leurs cœurs. Cet Amour qui était pour eux une réalité intérieure et vivante... d’où le décalage immense avec ceux qui, avec le nom de Jésus Christ plein la bouche, les firent brûler vifs. »
Il y a là une "cicatrice" qui ne s’est jamais refermée, et de cette cicatrice -d’où s’est écoulé le sang des justes- il reste comme un message, comme un appel. Le Phénix Cathare aimerait pouvoir toucher au plus juste de ce message, de cet appel. »
Cela constitue sans doute, le "fil d’Ariane" secret que tente de suivre l’auteur, articulant sur cette quête intime –qui est peut être un peu la sienne- une trame romanesque qui se veut par ailleurs la plus vivante possible. Ainsi la fiction va à la rencontre de l’histoire, le passé croise le présent et légende et vérité nous emmènent à suivre l’aventure spirituelle d’un jeune homme, qui finira par retrouver une dimension enfouie du « Catharisme vivant » nous invitant à regarder d’un autre œil la « dualité » derrière laquelle on a trop souvent tendance à enfermer les Cathares, faute de les comprendre.
Nous pouvons conclure par ces quelques mots de l’auteur qui se passent de commentaires :
« Les Cathares ne sont pas morts, ils sont plus que vivants ! »