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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Bayer aux corneilles …

Bayer aux corneilles …

Le Bonimenteur prend de la hauteur

Bien loin de l'expression !

Sur notre Loire se joue à deux pas de nos quais, une terrible tragédie, un drame épouvantable, une chose affreuse qui révulse tous ceux qui en sont les spectateurs ébahis. Le jeu de la vie et de la mort, la terrible aventure de la vie sauvage. Nous assistons impuissants à ce combat aérien, cette bataille dans le ciel. Sur notre bateau, nous restons bouche bée devant les violences des attaques, nous sommes incrédules : « Pourquoi une telle violence ! »

L'humain dans sa naïveté se pose en donneur de leçons. C'est un penchant qui nous pousse à mettre des critères moraux, esthétiques, sentimentaux quand rien de tout cela n'est véritablement en jeu. Nous observons le duel entre les hérons et les corneilles et avons pris parti pour les premiers. La beauté de leur vol, la grâce de l'animal ont sans doute fait basculer notre sensiblerie en leur faveur.

La corneille est l'agresseuse, elle est la vilaine. Ça tombe bien, elle est grise, presque noire. Nos vieilles représentations du mal se régalent de ce combat symbolique entre les forces du bien et celles du mal. Et puis, nous nous indignons de les voir s'en prendre aux œufs, de s'attaquer aux petits de nos hérons.

Alors, sur le bateau nul ne pense à bâiller aux pauvres corneilles. Aucun prêt, aucun avantage quelconque pour ces biens méchantes bêtes. On ne prête qu'aux riches, le héron est ici magnifié avec son long bec, sa posture de bouddha perché dans les arbres. Il hérite de notre sympathie, sans condition, totale et entière. La corneille est au ban de la société ailée ….

Nous ignorons alors la réalité de l'expression. Les corneilles d'alors étaient les choses sans importance, les petits riens qu'on avait tendance à mépriser. Bayer aux corneilles serait donc la marque d'un ennui irrépressible, un sentiment de vacuité qui envahit tout. Ce qui n'est nullement notre cas.

Si nous béons, c'est d'étonnement et d'indignation. Nous regardons subjugués par ce duel qui échappe à notre lecture du monde. Le bien et le mal sont pour nous clairement établis. Nous oublions tout les forfaits de notre espèce pour assurer sa subsistance, sa domination sans partage sur cette planète. Nous avons choisi les pauvres hérons contre les odieuses corneilles, c'est si facile, si confortable aussi.

C'est à votre tour de bayer aux corneilles. Dans quoi s'emberlificote-t-il ? Que veut-il nous démontrer ? Je ne le sais pas moi-même. Je me laisse aller à des remarques sans importance, des étonnements qui n'ont pas d'autre raison que la turpitude d'un esprit retors. Vouloir comprendre une expression, analyser les comportements de mes semblables, donner du sens quand il n'y en a pas toujours.

C'est une chose sans importance que ce combat du héron et de la corneille. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat, fût-il noir et gros mangeur de gentils oisillons. Pourtant, à chaque fois, dans chaque groupe, la même surprise, les mêmes éclats de voix quand le petit oiseau gris attaque le beau voilier cendré.

Nous bayons à ce spectacle, nous nous indignons bien d'avantage qu'à d'autres tragédies qui nous laissent désormais indifférents. Nos corneilles à nous, nos accoutumances indignes ont noms la misère, la violence, la discrimination, la faim dans le monde, les guerres absurdes, les écarts considérables de revenus, les inégalités entre les peuples. Nous regardons sans sourciller les informations et les journaux, les injustices et les abus de toutes sortes. Nous sommes sans cœur et sans commisération pour les plus pauvres, les exclus, les oubliés du gâteau.

Mais qu'une corneille s'en prenne à un héron et nous retrouvons des accents d'émotion, une capacité de réaction, un peu d'humanité ou de sensiblerie. Nous sommes de bien étranges animaux qui refusons les lois immuables de la vie sauvage et acceptons sans sourciller les règles abjectes d'une société qui sort de l'état de nature. Pourtant, demain encore, après avoir tenu ce raisonnement, j'aurai encore un petit pincement au cœur quand dame corneille viendra tournoyer autour de mon ami le héron. C'est ainsi, je n'y peux rien.

J'ai bayé aux corneilles, j'ai déblatéré sur des choses sans importance. J'espère que je ne vous ai pas trop ennuyé. Il est parfois bien compliqué de trouver un sujet à traiter. Ratiociner c'est ma manière de continuer à jouer les défenseurs de hérons et les pourfendeurs de corneilles. Ne me jetez pas la pierre, je ne dois pas être bien différent de vous !

Coquecigruement vôtre.


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26 réactions à cet article    


  • gordon71 gordon71 6 juin 2013 14:16

    salut l’orléaniste 


    tu veux détrôner Monsieur de la Fontaine ?

     j’ai assisté parfois à ce genre de guérilla aérienne et volatile ,la corneille ou son cousin le freux attaquent sans vergogne beaucoup plus gros qu’eux, buses ou milans 

    mais je n’ai vu que cela se termine au cimetière 
    il y à plutôt intimidation et repli stratégique de l’agressé...
     

    • C'est Nabum C’est Nabum 6 juin 2013 15:13

      Gordon


      La Fontaine est passé en orléans et a aimé la ville

    • gordon71 gordon71 6 juin 2013 16:17

      pas trop d’amateur pour tes oiseaux 


      aujourd’hui c’est plutôt le jour des vautours 

      du genre l’inspecteur chalot..

      trop cool

      le type est pas mort qu’il commence déjà à dépecer

      • gordon71 gordon71 6 juin 2013 16:33

        dans le genre agressif il y à aussi le faucon....


        encore qu’à la réflexion....

        les vrais le sont aussi souvent 

        • C'est Nabum C’est Nabum 6 juin 2013 18:01

          Gordon


          Je reste le bec dans l’eau ! 

        • Vipère Vipère 6 juin 2013 17:02

          Bonjour Nabum

          Les oiseaux aussi utilisent leur force de frappe aérienne dans une guerre de territoire !

          A la différence des humains imbéciles, ils ne font pas de dégâts collatéraux en larguant des bombes et des mines, sur la tête des gaulois d’en bas !

          S’approprier et étendre leur territoire, voilà le crédo de ces volatiles zélés ! rien de personnel, d’idéologique, juste du pragmatisme. Expulser son voisin et adversaire pour agrandir le domaine, la zone de pêche. La compétition pour la nourriture, rien de plus.

          Les oiseaux se débrouillent très bien sans nous, le mieux que l’on ait à faire est de leur ficher la paix !

            Lire les 4 réponses ▼ (de Vipère, tendrel, C'est Nabum)

          • auguste auguste 6 juin 2013 17:30

            Bonjour, à vous deux, gordon et C’est Nabum.

            J’ai vu des étourneaux (par centaines) tuer une buse.
            Volant en formation, comparable à une gigantesque pointe de flèche, chacun de leurs assauts amenait la buse de plus en plus près du sol, où eût lieu la curée.

            Je déteste ces oiseaux, qui n’ont peur de rien et qui saccagent tout.

            D’autres volatiles ne croient même pas aux mirages et foncent dedans tête baissée.

            Fort heureusement, ce genre de rencontre est rare.

            Si ce fait divers est vrai, vous regarderez de travers les oiseaux de plume, ou d’acier.

            Merci au pilote qui a évité une catastrophe, qu’il se rétablisse vite, et saluons son sang-froid.


            • C'est Nabum C’est Nabum 6 juin 2013 18:04

              Auguste


              Les oiseaux de fer, les cheveaux de feu ; le monde est peuplé d’un drôla animal qui ne porte pas de plumes...

              Merci l’ami Auguste

            • Vipère Vipère 6 juin 2013 18:03

              Salut Tendrel

              Le parallèle des oiseaux avec l’Homme est très pertinent !

              L’homme qui a renoncé à son « état de nature et à sa liberté » pour se soumettre aux Lois communes, (thèse rousseauiste) a-t-il trouvé protection et avantages dans la société des hommes ?


              • Vipère Vipère 6 juin 2013 18:05

                Des cagades aériennes ? smiley


                • ZEN ZEN 6 juin 2013 18:07

                  Personnellement, c’est surtout les vautours que je redoute...


                  • C'est Nabum C’est Nabum 6 juin 2013 18:20

                    ZEN


                    Ils sont encore plus redoutables quand ils sont humains ! 

                  • Vipère Vipère 6 juin 2013 18:27

                    « Les fonds vautours » une invention de l’homo sapiens !

                    Les corneilles à côté, c’est de la roupie de sansonnet,


                  • Vipère Vipère 6 juin 2013 18:16

                    Zen, je suis en phase avec vous !

                    Pire que les vautours du règne animal, les plus redoutables sont les les vautours de la Finance, groupés et organisés pour des frappes sur leurs congénères, et d’une cruauté infiniment plus sophistiquée !


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 juin 2013 18:47

                      Un peu d’air ici vu ce qui se passe sur deux autres fils ...
                      Les pires agréssifs ,intelligents et éffrontés sont les Merles des Molluques .
                      Ils forment des couples à vie ,et question territoriale ou autres sont capables de vous reveiller à l’aurore ,engagés qu’ils sont à se battre couple contre couple ,voir des fois jusqu’a une dizaine d’individus .
                      Mais ils sont capables de s’entraider ,et je les ai vu chasser , en piquant dessus chiens ou chats, pour s’accaparer ensemble la gamelle posée à l’extérieur ... smiley 

                        Lire les 5 réponses ▼ (de C'est Nabum, Aita Pea Pea, gordon71)

                      • leon et paulette leon et paulette 7 juin 2013 11:11

                        Bien le bonjour C’est Nabum. Ce n’est théoriquement plus l’heure de bâiller mais j’ai passé la matinée à rêvasser en regardant les pigeons et en écoutant les merles alors ça fait un bien fou de venir se poser chez vous. Et puis je découvre qu’on peut bayer sans refermer la bouche alors puisque vous nous la bailler belle, j’en profite pour rester béate devant la corneille et le héron ... et pis si ça se trouve, ils font tout simplement la route ensemble  ...


                        Paulette


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