Confession d’une princesse
Je m'appelle Maya et ma vie me dit-on a du être un conte de fée ! C'est du moins ce que pense ceux qui n'ont pas vécu le calvaire qui fut le mien. Il est vrai que les mots sont parfois trompeurs et que bien des gens s'arrêtent au titre sans prendre le temps de lire toute l'histoire. Prenez donc la peine de suivre mon aventure afin de vous faire votre opinion.
Je suis née en même temps que 2 500 frères et sœurs dans un petit château de bois totalement enclos duquel je ne sortis qu'une seule fois au cours de ma vie de recluse privilégiée. Au début, rien ne me discernait de mes semblables tandis que ma vie était toute tracée. J'allais œuvrer parmi toute la domesticité pour le plus grand bien de notre principauté, ce que j'acceptais avec enthousiasme tant cette tâche est exaltante et fructueuse.
Pourtant tout bascula très vite car le jour de ma naissance, ma mère quitta une existence que j'allais endosser à mon tour, faites de fastes et de servitude comme vous le découvrirez bientôt. Je fus choisi parmi toutes les filles de celle qui venait de quitter cette vallée de larmes. Pourquoi ? Je n'en saurai rien, puisque, immédiatement mon statut changea du tout au tout et que je devins l'objet de toutes les attentions.
On me nourrit de ce qui se faisait de mieux dans notre domaine, une gelée royale de la plus délicate composition. J'en fus même gavée au point de prendre un embonpoint qui me distinguait bien vite de mes sœurs. Je pris des formes et de la majesté, ayant droit à tous les égards, profitant des meilleurs soins, n'ayant rien d'autre à faire que de me laisser choyer. J'avoue qu'au début, cette vie de château avait de quoi me satisfaire.
Puis on me pria de remplir ma mission sacrée, celle de Princesse qu'il fallait marier pour la survie de la dynastie. Ce fut à cette occasion qu'on me libéra de ce qui était devenu ma prison dorée. Je volais enfin de mes propres ailes, espérant jouir de cette liberté qui m'était soudainement octroyée. J'en ignorais alors les limites et l'odieuse contrainte.
Sitôt le nez dehors je fus submergée de prétendants qui s'imposèrent à moi en une vaste et mortelle parade amoureuse. Ils s'unissaient à moi sans que je dispose de la liberté de repousser ces malheureux prétendants qui perdaient la vie sitôt leur mission remplie. Je les voyais tomber les uns après les autres dans ce qui devint une hécatombe mystérieuse. J'ignorais alors le but de leur sacrifice.
Mes gardes du corps me prièrent alors de rentrer en notre domaine. J'étais épuisée par cette parade infernale qui me laissait sans force et totalement dubitative. Quel était le sens de cette sarabande aérienne, cette étonnante voltige sacrificielle ? Je rentrais ainsi dans ce qui devint ma prison à jamais, j'étais séquestrée tout autant que vénérée.
La suite fut un interminable accouchement. Je ne cessai chaque jour de pondre des œufs. J'étais à mon tour le ventre de cette communauté qui m'avait confié la responsabilité unique de se reproduire ; Ainsi c'était là le sens de cette journée de folie sexuelle que j'avais vécue dans une totale hébétude. J'étais devenue une esclave sexuelle après avoir été le centre de toutes les attentions. Désormais j'étais la grande génitrice, la reine de la ruche.
Ma vie dura cinq longues années dans cette situation de parturiente et de recluse à perpétuité. Quelle avait été ma faute pour subir pareille peine ? J'ignore toujours ce qui me valut cette distinction aussi honorifique qu'insupportable. Que j'eusse aimé vivre moins longtemps tout en butinant à ma guise en me saoulant du nectar des fleurs.
Ainsi fut ma vie de reine et en donnant mon dernier souffle, je sais qu'une de mes dernières filles récupérera ma couronne et mon fardeau. Je lui souhaite bien du courage, le titre est attirant, sa réalité bien différente. Je quitte ce monde sans regret, je n'ai fait mon miel que d'une seule journée qui fut une orgie de sensualité sans pareille.
Tableaux de Élise Pioger
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