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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Confession d’une princesse
#33 des Tendances

Confession d’une princesse

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Ne vous fiez pas au titre.

 

Je m'appelle Maya et ma vie me dit-on a du être un conte de fée ! C'est du moins ce que pense ceux qui n'ont pas vécu le calvaire qui fut le mien. Il est vrai que les mots sont parfois trompeurs et que bien des gens s'arrêtent au titre sans prendre le temps de lire toute l'histoire. Prenez donc la peine de suivre mon aventure afin de vous faire votre opinion.

Je suis née en même temps que 2 500 frères et sœurs dans un petit château de bois totalement enclos duquel je ne sortis qu'une seule fois au cours de ma vie de recluse privilégiée. Au début, rien ne me discernait de mes semblables tandis que ma vie était toute tracée. J'allais œuvrer parmi toute la domesticité pour le plus grand bien de notre principauté, ce que j'acceptais avec enthousiasme tant cette tâche est exaltante et fructueuse.

Pourtant tout bascula très vite car le jour de ma naissance, ma mère quitta une existence que j'allais endosser à mon tour, faites de fastes et de servitude comme vous le découvrirez bientôt. Je fus choisi parmi toutes les filles de celle qui venait de quitter cette vallée de larmes. Pourquoi ? Je n'en saurai rien, puisque, immédiatement mon statut changea du tout au tout et que je devins l'objet de toutes les attentions.

On me nourrit de ce qui se faisait de mieux dans notre domaine, une gelée royale de la plus délicate composition. J'en fus même gavée au point de prendre un embonpoint qui me distinguait bien vite de mes sœurs. Je pris des formes et de la majesté, ayant droit à tous les égards, profitant des meilleurs soins, n'ayant rien d'autre à faire que de me laisser choyer. J'avoue qu'au début, cette vie de château avait de quoi me satisfaire.

Puis on me pria de remplir ma mission sacrée, celle de Princesse qu'il fallait marier pour la survie de la dynastie. Ce fut à cette occasion qu'on me libéra de ce qui était devenu ma prison dorée. Je volais enfin de mes propres ailes, espérant jouir de cette liberté qui m'était soudainement octroyée. J'en ignorais alors les limites et l'odieuse contrainte.

Sitôt le nez dehors je fus submergée de prétendants qui s'imposèrent à moi en une vaste et mortelle parade amoureuse. Ils s'unissaient à moi sans que je dispose de la liberté de repousser ces malheureux prétendants qui perdaient la vie sitôt leur mission remplie. Je les voyais tomber les uns après les autres dans ce qui devint une hécatombe mystérieuse. J'ignorais alors le but de leur sacrifice.

Mes gardes du corps me prièrent alors de rentrer en notre domaine. J'étais épuisée par cette parade infernale qui me laissait sans force et totalement dubitative. Quel était le sens de cette sarabande aérienne, cette étonnante voltige sacrificielle ? Je rentrais ainsi dans ce qui devint ma prison à jamais, j'étais séquestrée tout autant que vénérée.

La suite fut un interminable accouchement. Je ne cessai chaque jour de pondre des œufs. J'étais à mon tour le ventre de cette communauté qui m'avait confié la responsabilité unique de se reproduire ; Ainsi c'était là le sens de cette journée de folie sexuelle que j'avais vécue dans une totale hébétude. J'étais devenue une esclave sexuelle après avoir été le centre de toutes les attentions. Désormais j'étais la grande génitrice, la reine de la ruche.

Ma vie dura cinq longues années dans cette situation de parturiente et de recluse à perpétuité. Quelle avait été ma faute pour subir pareille peine ? J'ignore toujours ce qui me valut cette distinction aussi honorifique qu'insupportable. Que j'eusse aimé vivre moins longtemps tout en butinant à ma guise en me saoulant du nectar des fleurs.

Ainsi fut ma vie de reine et en donnant mon dernier souffle, je sais qu'une de mes dernières filles récupérera ma couronne et mon fardeau. Je lui souhaite bien du courage, le titre est attirant, sa réalité bien différente. Je quitte ce monde sans regret, je n'ai fait mon miel que d'une seule journée qui fut une orgie de sensualité sans pareille.

​Tableaux de Élise Pioger

 


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20 réactions à cet article    


  • juluch juluch 2 décembre 11:28

    Le miel c’est excellent....le mien je le prends au producteur chez moi dans l Hérault...du châtaigner essentiellement.

    Et je racle bien le pot pour remercier ces travailleuses de leur travail !!


    • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 11:35

      @juluch

      Vous aimez le miel fort
      Moi aussi


    • amiaplacidus amiaplacidus 2 décembre 11:52

      @juluch :

      Et je racle bien le pot pour remercier ces travailleuses de leur travail !!


      Je racle plus ou moins le pot, mais je ne m’arrête pas là, je verse dans le pot du thé relativement chaud (pas trop pour ne pas faire péter le verre) et je déguste.

    • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 13:23

      @amiaplacidus

      Il ne faut rien perdre


    • Seth 2 décembre 15:14

      @juluch

      J’ai du mal à comprendre comment ce miel de châtaigner peut avoir tant de popularité. Dans ma famille qui avait ses propres ruches disséminées il était considéré comme le pire et le moins fin de tous.

      A moins que ce ne soit un miel adultéré que l’on trouve : le pur est épais et glauque avec un goût fort, pas génial et un peu farineux qui faisait tousser et qu’on n’utilisait que dans la pâtisserie.

      Mais il est vrai que trouver des miels purs est très difficile. Celui que l’on considérait le meilleur à la cuillère était le miel d’acacia très délicat et quasiment liquide.

      Je me rappelle dans les années 70 les producteur de miel faisaient stationner des remorques de camion pleines de ruches sous les acacias très présents en certains endroits particuliers de la région où j’habite.

      On faisait aussi les délicieux beignets de fleurs d’acacias mais c’est un autre sujet.


    • Seth 2 décembre 15:27

      A moins que l’on utilise le miel de châtaigner pour donner plus de corps à d’autres miels en même temps qu’un goût un peu rude qui les relève, c’est possible.


    • amiaplacidus amiaplacidus 3 décembre 01:53

      @Seth

      Tous les miels deviennent épais, solides même au bout de plusieurs mois.

      C’est d’ailleurs une garantie de qualité (nécessaire, mais pas suffisante). Cela montre que le miel en question n’a pas été chauffé. Un miel restant liquide est suspect.


    • amiaplacidus amiaplacidus 3 décembre 01:55

      @C’est Nabum :

      Il ne faut rien perdre


      On est radin ou on ne l’est pas. En matière de bonnes choses je le suis : aucun gaspillage toléré,

    • C'est Nabum C’est Nabum 3 décembre 06:54

      @amiaplacidus

      Vous avez raison
      Je rince le pot à l’eau chaud pour un thé


    • Gégène Gégène 2 décembre 11:51

      « ce que pense ceux qui n’ont pas vécu »

      Qu’y pensent les bêtes ?

      Qui panse les bêtes ?


      • amiaplacidus amiaplacidus 2 décembre 11:54

        @Gégène

        Je sais, c’est un peu éculé, mais je ne résiste pas :

        Je panse donc j’essuie dit le palefrenier.


      • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 13:23

        @amiaplacidus

        Qui panse pense dit la vache qui rumine ses arguments


      • Seth 2 décembre 15:20

        @C’est Nabum

        « Je panse donc j’essuie » comme dit le garçon d’écurie.


      • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 18:25

        @Seth

        Il avait un crin sur la langue


      • ricoxy ricoxy 2 décembre 11:52

         

        Nos amies les abeilles sont les meilleures protectrices de notre santé (miel, gelée royale, propolis...)

         


        • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 13:24

          @ricoxy

          Gloire à ces demoiselles ailées


        • Seth 2 décembre 15:39

          C’est quand même un drôle de matriarcat où ces bourdons ne pensant qu’au sexe sautent cette pauvre reine qui n’en peut mais bien que chaudasse (et tout cela vraisemblablement sans aucun orgasme) avant d’être tués par ces pauvresses d’ouvrière qui ne connaissent jamais le bonheur après avoir chanté en vain « Un jour mon prince viendra... » dans leur bzzz incessants qui ne sont que l’expression déchirante de leur rêve inatteignables...

          Pas très gai tout cela.

          Et bien sûr on vous attend sur les peu sexy fourmis grouillantes et puant l’acide formique qui ont elle aussi des comportements quelque peu déviants. smiley


          • C'est Nabum C’est Nabum 2 décembre 18:25

            @Seth

            Les bourdons devraient sonner la révolte


          • exocet exocet 3 décembre 11:37

            @C’est Nabum
            « Les bourdons devraient semer la révolte ».
            .
            Bonjour, Cenabum. Merci pour ce conte peu ordinaire : la Royauté n’est pas toujours de tout repos hormis pour les Rois fainéants et pas toujours enviable.
            .
            .Quant au Bourdon, cette très grosse cloche, Wikipedia nous en apprend de belles au chapitre « cloches de Notre Dame » : un très lourd bourdon fut coulé le 31 octobre 1681 pour la deuxième tentative, la première ayant échoué.
            .
            Ce Bourdon, baptisé Emmanuel, malgré son Royal parrainage par le Roi Louis XIV et son épouse, ne s’accorda malencontreusement pas avec ses colocataires, de par la mauvaise qualité de son métal...
            .
            Un mauvais présage pour l’avenir ?

            .


          • C'est Nabum C’est Nabum 3 décembre 16:07

            @exocet

            Qui sème la révolte récolte la propolis

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