La claque !
Manuel reprend la main
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D’autres joues, je vous prie.
Un candidat putatif et transitoire en goguette reçoit-oh, la belle chose que voilà !-une gentille tapette. Depuis le temps qu’il nous tenait par la barbichette, voici un juste retour des choses. Son féroce gorille, qui n’a pas le sens de la chansonnette ni même de l’humour, se déchaîne pour nous montrer que la haine est dans les deux camps. Bel exemple de démocratie. Ni les uns ni les autres ne s’honorent dans cette petite scène digne d’une cour de récréation primaire. Hélas, l’écho considérable que reçoit la gifle, en fait une redoutable affaire d’État outragé.
Le premier sinistre recadré n’en déposera pas moins plainte : on ne plaisante pas avec l’honneur de la profession et surtout celui de ce triste sire prétentieux. L’ex-dauphin se monte du col, se plaint d’avoir perdu la face, d’avoir été touché dans son honneur outragé ; il réclame justice, lui qui s’est montré si avare en la matière. Le jeune homme va payer pour tous ces gens qui n’en peuvent plus d’être ainsi méprisés, grugés, trompés, oubliés par une caste au pouvoir incapable de changer la donne.
Si le bon Manuel avait un tant soit peu l’esprit chrétien, il aurait tendu l’autre joue pour le juste prix de tous ses reniements, ses revers, ses dérapages, ses maladresses. Pour une fois qu’il croise la route de quelqu’un qui trouve sa cible, atteint son objectif, on peut comprendre sa surprise et son incompréhension. S’il avait été un tant soit peu moins pleutre, il aurait rendu l’offense et se serait montré quitte ; au lieu de quoi il a délégué la chose à une espèce de brute sans doute financée à nos frais, incapable de se contenir.
J’imagine le bon prince des risettes dans pareille circonstance. Il aurait remercié l’indélicat de lui rappeler que chacun ici-bas est mortel et que la chair est faible. Il aurait profité de l’aubaine de cette belle calotte pour nous improviser une homélie sur la charité bien ordonnée. N’est pas un bon catholique qui n’est capable de pardonner au premier Judas venu fut-il un jeune extrémiste et addictif.
Judas a passé la nuit au poste. La mornifle n’a donc pas la même valeur en fonction de qui la reçoit. Nous avons ainsi la preuve claquante d’un régime monarchiste. Le pauvre jeune homme a fauté, pire même, il a commis le crime de lèse-majesté. Le candidat en campagne ne peut tolérer d’avoir la joue rouge : voilà une couleur qu’il a récusée de toutes ses forces depuis qu’il se prétend faussement de gauche. Il ne peut pardonner ce geste qui atteint à sa dignité.
Qu’on coupe la main du gredin. C’est certes indigne, c’est certes déplacé mais ça ne mérite pas l’acharnement qui va s'abattre sur lui. Désormais la tarte à la crème est préférable à la bonne vieille et salutaire torgnole. On perd un peu les pédales au royaume des impétrants. Qu’il se rassure : le prochain vote lui fournira une bien plus belle occasion de savoir ce qu’est une torgnole, un camouflet et même de découvrir ce que donne une bonne et magistrale fessée.
La main me démange d’agir de la sorte. J’ai choisi la métaphore plutôt que de passer réellement à l’action. Je gifle l’odieux candidat, je claque ses comparses, je botte l’arrière-train à leurs voisins, je fesse la clique qui se prosterne devant eux. Nous en avons soupé de cette parodie de démocratie. Il est grand temps de prendre notre avenir en main et de taper un peu dans la fourmilière et le panier de crabes. Tout en précisant que la chiquenaude langagière vaut mieux que le ramponneau !
J’apporte ici toute ma compassion affligée à ce jeune homme. On peut admettre que son bras vengeur soit celui de l’exaspération, du refus de continuer la grande représentation des guignols de service. Mensonges, grimaces, vaines promesses pour, au bout du compte, ne jamais rien changer. Ça suffit ! Il est grand temps d’un coup de balai, d’un changement radical de modèle, d’une République citoyenne sans ces professionnels de la politique, véritables têtes à claque. En voilà une servie !
Le pli est pris. La tarte se retourne contre eux. Les sœurs Tatin doivent se réjouir. Ce n’est plus nos pauvres pommes qui prennent coups et contrariétés. Cette démocratie des élites a fait un four. En dépit d’un froid glacial, les joues nous brûlent ; nous allons reprendre la main. Les têtes ne tomberont plus, elles seront visées. Tartes, tomates, œufs, bombe à eau, farine ; il y a une multitude de manières de décorer nos incompétents notoires. Mettons de côté beignes et horions, taloches et chiquenaudes même si l’envie est grande de leur donner un petit coup de main.
Torgnolement leur.
Ceci est un pamphlet, fait de main de maître. Ne le prenez pas pour ce qu’il n’est pas. Merci.
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