Le programme de recherche de vie extraterrestre, SETI@home, s’apparente-t-il à une manipulation ?
Dédié à la recherche de vie extraterrestre, le programme SETI fait généralement l’objet d’un consensus. Depuis son lancement, beaucoup d’astrophysiciens de renom ont été associés au projet. Dans cette communauté manquant de moyens et parfois gagnée par un sentiment de frustration, comment ne pas rallier un programme scientifiquement encadré ? Seulement voilà, rien n’est jamais acquis dans un domaine où tout demeure hypothèse. Depuis peu, des voix discordantes se font entendre, prétextant notamment l’absence de résultats tangibles. Certains doutent de la méthode, s’interrogent sur les orientations poursuivies. D’autres condamnent un marketing époustouflant. Certains évoquent l’idée du complot. Qu’en est-il au juste ?
Né en 1959 sous l’impulsion des physiciens américains Giuseppe Cocconi et Philip Morrison, le programme scientifique SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) entreprend de fouiller l’espace dans l’espoir de détecter des signaux d’intelligence extraterrestre. Initialement, le projet SETI collectait les données recueillies par le radiotélescope d’Arecibo (Puerto Rico) sur la base de l’analyse en temps réel d’une portion de fréquence située aux alentours du point de silence cosmique, c’est-à-dire vers 21 cm de longueur d’onde (soit les ondes radio décimétriques). Dans cette plage, le bruit de fond de la galaxie est faible, supposé favorable à la détection éventuelle d’un signal extraplanétaire. Le radio télescope écoute des étoiles pendant plusieurs minutes sur des millions, voire des milliards de fréquences différentes. A ce jour, aucun ordinateur au monde n’est capable d’analyser une telle quantité de données aux algorithmes très complexes.
appel aux particuliers
Afin d’y remédier, le projet SETI@Home a été lancé, le 15 mai 1999. Selon les termes officiellement rapportés : « SETI@home est une expérience scientifique en radio-astronomie exploitant la puissance inutilisée de millions d’ordinateurs connectés via Internet dans un projet de recherche d’une intelligence extraterrestre (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, alias SETI). » Le programme vise à associer des ordinateurs privés au travail de lecture des ondes. Lorsque ces derniers sont à l’arrêt, sur la base du volontariat, des particuliers, après avoir téléchargé le logiciel d’analyse spectral, se connectent au programme SETI@Home. Ce dernier n’analyse pas tout le spectre électromagnétique considéré. Il s’applique à une étroite bande passante de 2.5 MHz (entre 1418,75 et 1421,25 MHz). Cette bande passante étant encore trop large, celle-ci est séquencée. Les données prélevées sur un seul segment sont envoyées aux utilisateurs pour traitement. Ainsi a pris naissance le plus grand superordinateur virtuel de notre planète. Dans sa philosophie, le projet SETI s’apparente à une confrérie mêlant astronomes professionnels et particuliers. Chacun a sa chance ! N’importe quel ordinateur peut lever le voile mystérieux sur le plus grand mystère de l’univers, l’existence d’une vie ailleurs que sur Terre.
Marketing flamboyant
Alors que la recherche d’extraterrestres est traditionnellement sujette à la confidentialité, le programme SETI@home déploie un marketing flamboyant. Une intense campagne de communication a été lancée sous couvert d’un imparable slogan : « Si votre ordinateur déchiffre des bandes passantes détectant des éléments de vie, vous serez alors le premier homme à entrer en contact avec des extraterrestres ! » Le résultat ne s’est pas fait attendre, dépassant toutes les prévisions. Depuis 1999, près de 250 millions blocs d’information ont été traités alors qu’un seul ordinateur mettrait 300 000 ans à obtenir un résultat identique. Tout ce que la communauté mondiale compte de passionnés de l’espace a répondu à l’appel sans y mêler un nécessaire esprit critique. Moi-même en ai-je été victime, achetant pour l’occasion un ordinateur puissant. Comme d’autres, n’étais-je pas possédé par les illusions de mes rêves ?
Toile d’araignée
Partout dans le monde, la toile d’araignée du réseau SETI@Home s’est répandue. Il suffit de se plonger dans les entrailles du Net pour constater que nul pays n’en échappe. Le projet SETI@Home fonctionne autour de sites Web locaux à l’esthétisme banal. Truffé d’informations techniques concernant le téléchargement, le contenu est pourtant médiocre. Les articles en ligne sont souvent de pâles traductions de ceux disponibles sur le site de la maison mère. Beaucoup abordent complaisamment la démarche poursuivie sans livrer des éléments précis sur le résultat des recherches. Aucun débat, aucune contradiction, le bouclage de l’information semble de mise.
Aucun signal
Le but de Seti@home est de capter un signal pouvant être qualifié comme "intelligent" externe à la planète terre. Mais la route y menant n’est pas réductible à un jeu de probabilité. La perspective de remporter le jackpot s’apparente à une « chance introuvable ». Nulle procédure ne saurait y répondre. Le pronostic est à la mesure de l’enjeu dont l’équation frôle le ridicule. Comment croire que des petits "hommes verts" pourraient tomber du ciel ? A tout bien considérer, le hasard joue un rôle essentiel sinon exclusif.
Beaucoup d’usagers enthousiastes à l’idée d’accueillir directement chez eux une flamme de vie exogène, ne voyant rien venir, ont pris la tangente. D’autres maintiennent le cap mais le « turn over » est impressionnant. Le taux de renouvellement d’une année sur l’autre n’atteint pas les vingt pour cent, sans compter tous ceux qui, agacés de voir des bandes défiler à l’infini sur leurs ordinateurs, finissent par se déconnecter. Afin de maintenir la fidélité de l’internaute, comme pour n’importe quel logiciel, des nouvelles versions de Seti@home sont régulièrement proposées. Après les versions 1 et 2, la nouvelle version 3.03 de Seti@home devrait permettre d’accroître la largeur de la bande analysée et étendre la recherche à d’autres parties du ciel en utilisant divers radiotélescopes dans le monde. A ce jour, plus de 4 millions d’utilisateurs participeraient au programme.
fièvres passagères
Plusieurs fois, des incidents ont fait croire à la finalité du projet. Plus d’une fois, des signaux étranges ont été isolés. La détection d’un signal intelligent n’est cependant pas chose aisée. Un pic dans une fréquence très étroite peut en être la signature. Après avoir enregistré les coordonnées de la source, il faut rechercher d’autres événements présentant les mêmes caractéristiques spectrales. Selon un protocole établi, les vérifications se portent sur les signaux les plus puissants et ceux détectés à plusieurs reprises au même endroit. L’opération est répétée à plusieurs reprises en direction du foyer trouble. De guerre lasse, chaque fois qu’un fil d’espoir s’est fait jour, le verdict était implacable : nul signal exogène à l’horizon ! En septembre 2003, un écho radio a été observé à trois reprises sur les écrans. Après examen, des chercheurs relevèrent des interférences avec des satellites de télécommunications. Autre confusion : les pulsars, ces étoiles effondrées qui émettent des pulsations dans des directions précises à des intervalles réguliers. Selon une curieuse ironie, le premier pulsar ainsi repéré a été baptisé LGM-I (Little Green Man : petit homme vert). Malgré l’ampleur de sa couverture médiatique, le projet Seti@home est toujours d’un rendement nul, eu égard aux objectifs assignés.
Financement
Le financement du projet Seti@home s’est avéré une entreprise douloureuse. La Nasa ne concourt pas au financement du programme. Certes l’Agence spatiale manque parfois d’audace mais, dans ce cas, sa prudence se justifie. Comment expliquer aux contribuables l’utilisation de leurs impôts à destination d’un projet qui se joue aux frontières du possible ? Comment ne pas soulever aussi le problème de son coût rédhibitoire ? Envoyer un message par ondes radio revient aussi cher en énergie que de poser à bord d’une onde spatiale 1015 bit de données gravées à l’échelle mondiale soit l’équivalent de 30 millions de livres !
Faute de financement public, des appels ont été lancés à destination de fondations et de mécènes privés. Alors que la Silicon Valley est réputée pour ses entrepreneurs audacieux et des investissements astronomiques, la constitution d’un tour de table de seulement quelques centaines de milliers de dollars n’a pas été simple. L’université de Berkerley et la prestigieuse Planetary Society concourent au programme. Mais au-delà de donations symboliques (Sun Microsystem fournit des stations de travail, la Paramount Pictures a donné 50 000 $ en accompagnement de la sortie de Star Trek IX), les fonds récupérés sont plutôt maigres. Compte tenu d’un équilibre financier précaire, les particuliers sont sollicités alors qu’ils le sont déjà par le biais de leurs ordinateurs personnels. Si, par exemple, un ordinateur neuf est calé au programme SETI sur la base de six heures par jour, le coût de la charge induite revient au terme d’une année au minimum à 25 % de son prix d’achat. Comment alors demander aux particuliers de cracher encore au bassinet ? Ce, d’autant plus que l’apport de millions d’ordinateurs privés permet in fine d’éviter la construction et la maintenance d’un ordinateur unique dédié à SETI@home dont le coût s’élèverait à des dizaines de milliards d’euros par an.
Quelle destination ?
Les ondes émises en 1974, à partir du télescope d’Arecibo, ont pour destination les parages de l’amas globulaire Messier 13, à 20 000 années lumière de la Terre. Pourquoi a-t-on choisi l’amas globulaire Messier 13 ? Pourquoi a-t-il été décidé de lancer un message en direction de cette constellation alors que d’autres points de mire pouvaient tout aussi bien faire l’affaire ? Quelles étaient les motivations qui commandaient ce choix exclusif ? Certes la cible d’impact est large. Pas moins de 350 000 étoiles peupleraient M13 ! Cependant, rien n’interdisait un autre choix, par exemple, un lieu d’accueil plus proche de la Terre ?
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