Et pourquoi pas la promotion du porno avec cinq légumes ?
La mode est à l’hygiénisme, au psittacisme moral et bien pensant. Les slogans envahissent la presse et les écrans. Il faut boire avec modération, fumer tue et au volant, la vue c’est la vie. Quant aux emballages, c’est bien connu, « ce sac n’est un jouet ! ». On nous le ressasse jusqu’à plus soif, ainsi que de nombreuses autres balivernes redondantes et bien pensantes. Une des dernières trouvailles du marketing sanitaire qui s’adresse à la plèbe téléphage consiste à lui faire comprendre qu’il faut consommer quotidiennement cinq fruits et légumes pour préserver sa santé. Intention louable, mais peu réaliste, car s’adressant avant tout à un néo-prolétariat urbain souvent astreint aux minimums sociaux ou au chômage et qui bien que vivant à crédit avec l’assistance nocive de Cetelem, Cofinoga ou de Cofidis, rêve plus facilement d’écran plat et d’I-phone que de garbure fermière ou de salade d’endive. Le bourgeois aisé, qui vit encore dans une structure familiale pas trop perturbée malgré la vulgarisation du divorce et du plateau télé, mange le plus souvent sainement. Premièrement parce qu’il a les moyens financiers pour le faire mais aussi parce qu’il a reçu une éducation culinaire dans sa jeunesse la plus part du temps. La publicité sanitaire au niveau alimentaire est donc inutile et redondante pour les classes aisées qui possèdent les moyens de faire ses courses au marché et dans de petits cours des halles. Elle est ridicule, car manquant sa cible pour les classes défavorisées, car c’est toute une approche sociale et éducative qu’il faudrait revoir pour avoir une chance d’efficacité. Par contre, les légumes, par leur diversité, surtout quand leur forme s’y prête, pourraient très bien renouveler l’industrie du porno.
Ce n’est pas nouveau, le légume entre dans le fantasme sexuel depuis la nuit des temps. La carotte fût longtemps suggestive avant d’être utilisée larga manu, c’est le mot, dans de nombreuses productions classées X. Déjà, elle aidait la fameuse Charlotte de la chanson de corps de garde à se satisfaire pleinement en solitaire, sauf quand malencontreusement, elle se cassait dans le mauvais endroit. Le concombre eût son heure de gloire avec Walerian Borowczyk, dont le film à sketchs, Contes immoraux, 1974, nous montre les mille et une façons d’utiliser ce légume pour une jeune fille romantique particulièrement sensible, imaginative et émotive. Il serait fastidieux et hors de propos de faire une liste exhaustive de tous les films érotiques ou purement pornographiques dévoyant les légumes et les fruits de leur destination alimentaire initiale, bien qu’il y ait certaines scènes se finissant pas la dégustation du végétal après son utilisation détournée. Le titre « Banane Mécanique » est suffisamment explicite pour ne pas s’attarder sur le scénario ! Et au risque de friser l’hérésie et le blasphème, on peut très bien imaginer la banane comme le fruit défendu du Paradis terrestre, avec toutes les possibilités d’usage qu’offre cette musacée incurvée.
Mais reconnaissons que si certaines des productions cinématographiques dites de charme utilisent fruits et primeurs, elles se cantonnent le plus souvent à une seule espèce par œuvre et non à une farandole de légumes, digne d’un buffet à volonté de chez Flunch. Et pourtant, il y aurait de quoi faire. D’abord, bien évidemment avec la carotte et le concombre déjà cités, mais aussi avec le salsifis, la courgette, l’aubergine, le poireau ou l’asperge. Le panais, vieil ombellifère rustique tombé en désuétude, ressemblant à une carotte blafarde, n’est connu que de quelques connaisseurs Belges ou du Nord, amateurs de pot au feu et garde une dimension rurale bien plus authentique que toutes les professions de foi bio de bobos parisiens. Il aurait cependant toute sa place dans un gros plan, tant sa prise en main est aisée. Voilà, le mot est dit, la mode écolo pourrait très bien interférer dans la production porno. D’abord en n’utilisant que des produits non traités par des pesticides et ayant été cultivés sans engrais en dehors du fumier et du crottin. Ensuite, un porno bio ne se conçoit qu’en utilisant des légumes ayant poussé sur le territoire national, non importés par avion du Kenya ou du Chili. Le coût carbone inhérent au transport doit être pris en compte dans un porno vertueux ; et si la tige végétale est bio, elle ne peut en aucun cas pénétrer un acteur clandestin, sans titre de séjour et contrat de travail.
Reste l’épineux problème du maïs, bien qu’il soit extrêmement rare de voir des épines sur un épi ! Principe de précaution faisant loi ou presque de nos jours, il n’est pas question de se faire pénétrer, sodomiser, astiquer avec un maïs OGM. Il n’existe pas encore de statistiques médicales exploitables, mais quel producteur de film oserait exposer son étalon fétiche à un potentiel cancer du rectum ou sa plus belle actrice développer une mutation génétique suite à une double pénétration maïs-carotte, parce que les deux produits utilisés n’aurait ni certification ni label bio ! Les acteurs et actrices pornos sont rarement affiliés à des syndicats et les amateurs de cassettes et DVD ne sont pas de leur côté organisés en associations de consommateurs. Cela explique que l’éventualité de voir les acteurs appliquer à bon escient leur droit de retrait, tels des enseignants ou des conducteurs de bus, face à un maïs, une carotte ou un salsifis dont on n’aurait pas l’origine et la traçabilité est encore peu vraisemblable, bien que de plus en plus d’actualité. Il n’est donc pas improbable que le problème se pose dans un avenir proche. Un porno bio et non génétiquement modifié serait-il plus moralement acceptable pour une Cécile Duflot, Eva Joly ou Dominique Voynet ? Rien n’est moins sûr. Mais afin de gommer l’influence du militantisme féminisme dans cette prise de position, il faudrait demander leur avis à Noel Mamert, Nicolas Hulot ou Daniel Cohn-Bendit. Cependant, l’exploitation sexuelle et la marchandisation de la femme serait moins insupportable pour un bel esprit écolo si elles ne remettaient pas en cause le principe de l’agriculture biologique et des économies de carburant. Par contre le milieu du film gay et lesbien pourrait diversifier son offre et sa production en l’ouvrant à des thèmes ruraux, sans pour autant tomber dans la zoophilie.
Reste enfin le cornichon, peu attrayant du fait de sa taille ridicule, même en prenant la variété russe des malossols. Son utilisation ne serait pas spectaculaire, même pour les « toutes premières fois » et les petits sphincters, bien qu’en utilisant le zoom à l’excès. Le cornichon risquerait d’être rapidement perdu de vue. Et en cette époque de grande peur irrationnelle, il peut de plus être considéré comme potentiellement dangereux car utilisable par des pervers à des fins pédophiles. On se remémorera le fâcheux exemple de l’utilisation de ce condiment par Louis-Ferdinand Céline dans Mort à crédit. On commence par molester un jeune handicapé et l’on finit antisémite, c’est un cheminement criminel habituel, c’est bien connu. Tout acheteur de cornichons devient donc suspect à la fois de pornographie infantile et de négationnisme. Notre président, dans sa frénésie sécuritaire devrait de toute urgence proposer une nouvelle loi obligeant les amateurs de cornichons à une inscription sur un fichier, à un suivi psychologique et à un enseignement obligatoire sur la Shoah !
Mais si vous manquez d’imagination à la fois dans le domaine sexuel et la préparation de vos repas, alors tapez Légume et porno sur Google, vous aurez des surprises et peut-être des idées nouvelles si vous en manquez. Mais ne vous enthousiasmez pas trop vite, l’imagination est bien trop souvent stéréotypée sur ce genre de site, même si le chiffre 5 a déjà inspiré certains producteurs. Des légumes, il en existe pour tous les goûts, en vaginal, anal, homo ou hétéro, blanc, black, asiatique ou interracial. La lassitude venant de la répétition, peut-être en reviendrez vous plus sainement comme Laurent Fabius aux carottes râpées qui ne portent pas à équivoque !
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