Les autodidactes du commerce
C'est le métier qui rentre.
Pour de multiples raisons qui sont bien trop longues à expliquer ici, ils n'ont pas profité des lumières des écoles de commerce. Ils n'en ont pas moins tenté l'aventure, renouvelant totalement et sans le savoir les codes de la vente. Bien sûr, cette aventure n'est pas sans risque ni échec, sans déception ni désillusion, sans souci ni dépôt de bilan. Pourtant, ils ont su renouveler totalement les principes et les circuits du commerce traditionnel et en cela, ils méritent ce petit hommage.
Tout d'abord, il convient de préciser pour les tenants de la parité qu'à de rares exceptions, ce créneau commercial est largement majoritairement l'apanage des hommes et plus particulièrement des jeunes hommes. C'est sans doute une manière pour eux de mettre le pied à l'étrier après une scolarité chaotique durant laquelle ils apprirent essentiellement à fréquenter la rue.
C'est fort de cette expérience qu'ils comprirent qu'il convenait de briser le schéma traditionnel de la vente ; ni démarchage à domicile ni pignon sur rue ! Ils comprirent intuitivement que la vente à la sauvette allait les sauver du naufrage que leur promettaient des enseignants qui ne les avaient jamais compris. Ils allaient tenir leur revanche.
Tout ne fut pas simple pourtant. Leur démarche supposait de repenser totalement les circuits d'approvisionnement. Les grandes plateformes, les grossistes et même les grands marchés nationaux ne pouvaient répondre au nouveau format qu'ils allaient imposer. Il fallait penser autrement et si possible échapper à toute forme de fiscalité, cette lourde contrainte qui annihile toute initiative en ce pays.
Ils ne pouvaient logiquement compter sur le transport routier officiel pour s'approvisionner. Enfants de la vitesse, ils avaient compris que réduire les intermédiaires et accélérer les délais de livraison permettait d'échapper au contrôle radar. Malheureusement, leur niveau scolaire approximatif leur a fait commettre une petite méprise. Ce « réduire les intermédiaires » fut compris de manière radicale et disons-le franchement expéditive. Une simple méprise sans doute que nous pouvons leur pardonner.
Pour la vente directe au consommateur, ils pensèrent qu'ils devaient respecter les grands principes du consumérisme moderne. N'ayant pas les moyens techniques d'équiper le quartier dans lequel ils comptaient mener leur négoce de caméras de surveillance reliées à un poste de surveillance, ils établirent un système complexe de guetteurs. L'idée était bonne même si les charges imposèrent à cet effet de solliciter une main d'œuvre très jeune, sans formation particulière ni rétribution précise.
Là encore, quelques petits dérapages furent à déplorer. Une balle perdue peut terminer sa course sur un pauvre gamin qui ne regardait pas du bon côté. Il faut bien qu'il y ait des pots cassés quand on se lance dans une activité nouvelle. Tout cela était parfaitement acceptable compte tenu des bénéfices escomptés et constatés.
Hélas, le succès incontestable de leurs petites entreprises fit des jaloux, des individus voulurent s'implanter là où d'autres avaient établi leur activité. N'ayant rien appris des lois immuables de la concurrence, ils prirent très mal ce qui aurait dû, en toute logique libérale, favoriser le client et la régulation des prix.
Leur régulation à eux fut plus radicale. Ils usèrent de moyens expéditifs pour s'assurer le monopole sur une zone déterminée. La commission européenne n'avait pas prévu que la kalachnikov relevait des principes de régulation de la concurrence. Avec cette réponse surprenante, ils maintinrent les prix en provoquant parfois un petit effondrement du personnel. Un simple ajustement technique aurait-on dit dans les écoles de commerce.
Nous nous alarmons bien naïvement de cette curieuse régulation des circuits de distribution que l'on peut observer à Marseille. Ce n'est que l'expression d'un métier qui rentre pour des autodidactes du commerce de proximité qu'au contraire, nous devrions encourager dans leur apprentissage des lois du consumérisme sauvage. Ils sont encore loin de leur modèle implicite.
Commercialement leur.
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