Quand Le Pen conclut un pacte avec Mélenchon
Samedi, 18 heures, au sud de la forêt de Fontainebleau, en bordure du massif forestier de la Dame Jouanne dont les imposants rochers sont bien connus des passionnés d’escalade franciliens. Tandis que le portail se referme derrière elle, une Citroën C4 électrique pilotée par Jean-Claude Surbeck s’immobilise silencieusement dans la cour d’un discret domaine de la commune de Larchant. De part et d’autre s’étend une impeccable pelouse ornée de majestueux oliviers bicentenaires mêlés à des palmiers chanvre, des cordylines et des lauriers rose. Un autre véhicule, une Renault Clio, stationne déjà sur place.
Dénommée Dar Zitouna*, la propriété, d’apparence cossue, est protégée par une enceinte en moellons de grès coiffée de tuiles. Gérée par une SCI éponyme, elle appartiendrait à la famille d’un proche de Jean-Luc Mélenchon : un homme d’affaires franco-marocain, ami d’enfance du fondateur de La France Insoumise. Marine Le Pen et Jordan Bardella descendent de la voiture. En l’absence du maître des lieux, la patronne du Rassemblement National et le président du parti sont accueillis avec une cordialité surjouée par l’ex-candidat à la Présidentielle ; présent à son côté, Manuel Bompard garde un visage fermé.
Introduits dans la maison par un homme coiffé d’un fez blanc et vêtu d’une gandoura rayée bleu et blanc, les quatre politiciens s’installent dans un salon meublé de seddaris (banquettes) en noyer dotés d’assises en velours rouge. De nombreux coussins colorés, agrémentés de motifs géométriques traditionnels, leur permettent de prendre appui confortablement contre les murs. Disposée devant le quatuor, une table basse octogonale en cèdre de l’Atlas, surmontée d’un élégant plateau en zellige, occupe le centre d’un tapis berbère ancien. Des verres parés d’ornements dorés y ont été préalablement disposés.
L’entretien ne débute qu’après la dégustation d’un thé à la menthe – servi avec déférence mais sans ostentation par le factotum marocain –, accompagné de cornes de gazelle et de briwates manifestement très appréciés. Nul n’a eu accès au détail des propos qui, durant plus de trente minutes, ont ensuite été échangés entre les leaders politiques. Mais on connait de source sûre la finalité de cette rencontre : sceller un pacte de non-agression lors de la prochaine campagne présidentielle, que l’élection ait lieu de manière anticipée (en cas de démission d’Emanuel Macron) ou à l’échéance normale, au printemps 2027.
Le but poursuivi est clair comme l’eau d’un glacier alpin : unir sans le moindre scrupule les forces vives et la communication des deux mouvements – pourtant radicalement opposés – pour tirer à boulets rouges sur le candidat qui réussira à émerger du bloc central afin de l’éliminer dès le 1er tour et, de ce fait, assurer la qualification des candidats du NFP** et du RN**. Viendra ensuite un 2e tour où les couteaux pourront être tirés. Et nul doute que, dans ce cas de figure, ils le seront, faisant des alliés objectifs du 1er tour des ennemis irréductibles, prêts à user de toutes les armes disponibles pour tuer l’adversaire électoral...
Et si c’était vrai ? Évidemment pas dans la forme, tout droit sortie de l’imagination de l’auteur. Mais plus sûrement sur le fond, au moins de manière tacite. Ce serait dans la logique de la conjoncture politique et de la stratégie électorale mise en place par LFI et le RN...
* Maison de l’olivier.
** Mélenchon (comme toujours méprisant à l’égard de tous ses potentiels challengers de gauche) s’y voit déjà. Tout comme Le Pen (qui n’entend pas être doublée par le jeune loup aux crocs acérés qu’elle tente de museler) ; à condition toutefois qu’elle ne soit pas frappée d’une peine d’inéligibilité.
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