Le tour du monstre en quelques minutes !

Silhouette mi-homme mi-singe qui hante les forêts de Colombie britannique jusqu’à l’Oregon, humanoïde velu des hautes pentes neigeuses du Tibet, suceur de chèvres du Chili, reptile marin d’Ecosse ou créature sanguinaire du Gévaudan, qui n’a pas un jour souri ou blêmi à l’évocation de ces témoignages fragmentaires, empreintes mystérieuses photographiées jusqu’aux films amateurs circulant sur le net.

Assez en tout cas pour accréditer des thèses aussi fumeuses que dangereuses.

En commun, le caractère insaisissable de ces créatures.

En effet, chaque année, une dizaine de témoins font état de rencontres avec ces mystérieuses créatures, sans qu‘une seule ne puisse être capturée, ni même aperçue, au terme de battues aussi exaltantes que coûteuses.

Simples canulars, faits inexpliqués ou manipulation ? Il n’en reste pas moins que l’Histoire est chargée de récits atroces que ces légendes ont parfois engendrés, de l‘Antiquité à nos jours.

Ainsi, rien qu’en Europe, près de 100 000 personnes furent brûlées vives entre les XVe et XVIe siècles pour avoir été désignées à la vindicte et données pour loups-garous, des humains en fait, parfois de simples hères n’ayant pour seul défaut que d’inspirer la répulsion à leur prochain.

Dans les montagnes du Tibet, les voyageurs font état d’étranges histoires que colportent les Sherpas sur la route de l’Everest. A partir de 3 000 mètres d’altitude, une touffe de poils devient vite suspecte. De pseudo-scientifiques se répandent en conjecture, alléguant ici un descendant du Gigantopithèque, singe d’Asie il y a longtemps disparu... là, une survivance de Néandertaliens égarés et sédentarisés.

Examinée à la loupe des faits, la théorie de l’existence du yéti est rapidement démontée. Ainsi, un scalp de yéti conservé dans un monastère népalais s’est avéré être celui d’une chèvre sauvage. D’autres reliques attribuées au Migou ne seraient en fait que de vulgaires poils de primates proches de l’orang-outan. Malgré cela, les touristes continuent d’arpenter les montagnes tibétaines, appareil en bandoulière, espérant fixer sur leur pellicule la tête oblongue d’un Migou.

Chercheurs passionnés, congrès et expéditions scientifiques, hordes de touristes bruyants et produits dérivés, tout est bon pour faire tinter le tiroir-caisse. Une petite économie s’est créée autour de ces phénomènes inexpliqués pour le plus grand bonheur des élus et parfois au profit de petits malins.

Le plus souvent, il s’agit de simples boute-en-train, comme le Canadien Ray Wallace, dont la famille révéla les turpitudes post-mortem.

D’autres, comme Christopher Spurling, n’ont dévoilé leur secret que sur leur lit de mort. Sa fameuse photo du monstre du Loch Ness s’avérait n’être qu’un audacieux montage, un petit sous-marin mécanique ayant servi de support à une énorme supercherie. Propriétaire d’un hôtel donnant sur le Loch Ness, il est clair que 500 000 touristes annuels, obligés d’y faire étape, sont vite devenus pour la famille Spurling une rente inépuisable.

On a beau être méfiant, nous avons tous à un moment ou un autre, plongé avec une volupté frissonnante dans cette faribole, persuadés qu’un monstre préhistorique pouvait fort bien avoir survécu en se terrant dans les profondeurs d’un lac sombre. L’hypothèse de certains scientifiques quant à l’existence possible de plésiosaures, reptiles marins préhistoriques, achevant de nous en convaincre.

Bien que certaines de ces légendes aient pris une claque avec le factuel, le business, comme les croyances n’ont pourtant que très peu faibli, preuve que les hommes sont d’éternels enfants insatisfaits.

Des enfants qui aiment à se faire peur et d‘autres... qui gagnent à la semer.

S’il en est un qu’il conviendrait de retrouver rapidement, vif de préférence, ne serait-ce que pour mettre fin aux relents de révisionnisme ambiant, c’est un drôle de Migou texan, malfaisant disent ses ennemis.

Il aurait été aperçu récemment rodant dans un parc autour d’une grande maison blanche...