Où sont nos médailles Arnaud ? (ou le fiasco du tennis français à Rio)
Après les deux médailles obtenues par les tennismen tricolores aux J.O. de Londres, le tennis français affichait de grandes ambitions au moment d'embarquer pour Rio. Une semaine plus tard, nos as de la petite balle jaune repartent pourtant bredouille. Un bilan aux airs de fiasco.
A la veille de l’olympiade brésilienne, le DTN national Arnaud Di Pasquale (dernier médaillé bleu en simple lors des Jeux Olympiques de Sydney en l’an 2000) s’était montré ambitieux. La délégation gauloise envoyée en Amérique du Sud par la FFT avait le potentiel pour faire mieux que la précédente en 2012, sur le gazon londonien de Wimbledon où les paires Llodra-Tsonga et Benneteau-Gasquet avaient respectivement décroché l’argent et le bronze à l’occasion du tournoi olympique masculin de double. Moins d’une dizaine de jours plus tard, avec un zéro pointé au compteur, force est de constater que les Bleus du tennis s’étaient manifestement vus trop beaux. Une bérézina collective sur fond de polémiques extra-sportives.
Kristina Mladenovic se fâche avec la fédération
Pour bien commencer, en guise d’apéro, le clan bleu a d’abord été secoué par un imbroglio chez les filles. Une affaire de tenues non-conformes au règlement qui peut certes faire sourire, mais qui aura surtout fortement perturbé l’entrée en lice du tandem formé par Caroline Garcia et Kristina Mladenovic. N’arborant pas exactement le même maillot, les Françaises avaient ainsi frôlé le forfait technique du fait de ce problème vestimentaire. Et la FFT n’y avait apparemment pas pensé…
Battues d’emblée, les deux joueuses ont ensuite décidé de régler leurs comptes avec leur fédération (qu’elles accusent de laxisme), crachant leur venin sur la toile, via quelques splendides missives signées Mladenovic et publiées directement sur les réseaux sociaux. Un procédé ultra-propre pour laver son linge en public et, de surcroît, particulièrement efficace pour garantir bonne ambiance, cohésion, force et sérénité au sein de l’équipe… ou pas !
Benoît Paire, le touriste… finalement exclu !
Mais après cette mise en bouche, c’est un autre trublion qui s’est chargé de nous servir le plat principal. Et de quelle manière ! Repêché suite au forfait sur blessure de Richard Gasquet, l’ingérable Benoît Paire avait dévoilé son grand amour pour les J.O. avant même le début de la compétition : “c’est un tournoi comme un autre !” avait ainsi affirmé l’enfant du terrible du tennis français, qui préfère visiblement la grisaille du prestigieux Moselle-Open de Metz au soleil olympique de Copacabana…
Arrivé à Rio en touriste, le GM (Gentil Membre) avignonnais a, comme à son habitude, fait sa petite vie en dehors du groupe-France, séjournant notamment à l’hôtel (avec sa charmante chanteuse de compagne, Shy’m), plutôt qu’au sein du village olympique au confort apparemment trop rudimentaire à son goût. Exclu au bout du compte, dans la foulée de son élimination, BP s’est déclaré “content de partir”. Bel esprit Benoît ! Non sélectionné au profit de Paire, le grand espoir hexagonal Lucas Pouille aurait, quant à lui, certainement rêver de venir. Mais ça non plus, la FFT n’y avait pas pensé !
Le duo Mahut-Herbert, symbole d’un bilan catastrophique
Numéros 1 et 2 mondiaux en double, le binôme Mahut-Herbert faisait figure de favori pour le titre olympique. Les deux hommes voulaient profiter du tournoi (seule épreuve tennistique où le double est presque autant médiatisé que le simple) pour entrer dans l’Histoire. Il n’en fut rien, les vainqueurs du dernier Wimbledon ont sombré dès le 1er tour face à des Colombiens quasi-inconnus, avant de connaître la même mésaventure en double-mixte aux côtés de Garcia et Mladenovic. De bien tristes contre-performances qui symbolisent parfaitement le bilan déplorable des Bleus du tennis à Rio, et ce, aussi bien en double qu’en simple.
Car en solo, les résultats du clan tricolore n’ont guère été plus convaincants. Paire à part, Cornet, Garcia et Maldenovic toutes trois sorties au 2e tour, Tsonga blessé et éliminé par le modeste luxembourgeois Gilles Muller, Simon logiquement battu par Nadal et enfin Monfils, dernier représentant de l’Hexagone qui a tenté de sauver les meubles, signant notamment une jolie victoire face à Marin Cilic avant de tomber en quart contre Kei Nishikori, non sans avoir pourtant obtenu 3 balles de match dans le tie-break de la manche décisive… Un Gaël Monfils qui déclarait néanmoins après son élimination “n’avoir aucun regret”. Une réaction décontractée de l’Antillais face à la défaite qui contraste, par exemple, avec celle d’un champion tel que Djokovic, effondré après son revers du 1er tour face à Del Potro. Niveau mentalité, ces Bleus-là ont donc visiblement encore beaucoup à apprendre…
Le changement, c’est pour quand ?
Alors qu’Arnaud Di Pasquale nous prédisait entre 3 et 5 médailles (une ou deux en simple et deux voire même trois en double), la délégation tennistique tricolore est totalement passée à côté de son sujet. Mais bien que perdants sur le court, les joueurs ne sont assurément pas les seuls responsables de ce cuisant échec. L’affaire Mladenovic, tout comme la gestion du cas Benoît Paire, montrent une nouvelle fois les errements de la Fédération Française de Tennis.
A l’instar des résultats médiocres obtenus en simple dans les tournois du Grand Chelem ces dernières saisons, ces Jeux Olympiques de Rio mettent à nouveau en lumière l’urgence d’un grand coup de pied dans la fourmilière du tennis estampillé bleu-blanc-rouge. Espérons que le départ de Jean Gachassin, prévu pour février 2017, puisse enfin ouvrir les portes du changement via une refonte en profondeur de l’organigramme de la FFT. Les fans de la petite balle jaune n’attendent que ça.
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