Balades en Bretagne : tour du Cap d’Erquy
Proche du Cap Fréhel, le Cap d’Erquy (Côtes d’Armor) est moins connu que son prestigieux voisin. Il offre pourtant de superbes points de vue maritimes et de bien séduisantes plages. Long d’environ 18 km, ce circuit pédestre peut être parcouru dans la journée, casse-croûte et bain de mer compris...
Le plus facile consiste à se garer sur l’un des parkings qui longent la grande plage d’Erquy sur le boulevard de la Mer. De là, on rejoint en quelques minutes le centre du bourg par la rue de la Saline pour s’engager dans la rue Clémenceau. 300 mètres plus loin, la rue se divise en deux : laisser la rue Notre-Dame à droite et prendre à gauche la rue de L’horizon bleu. Après 300 mètres de ligne droite, une patte d’oie : ignorer à gauche l’impasse de L’horizon bleu, et à droite la rue de L’horizon bleu qui s’infléchit vers le sud-est, pour prendre, juste en face, le chemin de La louve marqué par un panneau d’interdiction de circuler à tout véhicule motorisé. Au terme d’une marche d’environ 1,5 km sur le tracé de l’ancienne voie ferrée qui reliait naguère Yffiniac à Matignon, le chemin croise la rue de Clairville. Dès lors, il descend dans un très reposant cadre boisé vers la mer, toujours sur le tracé de l’ancienne voie ferrée, comme le montrent la pente régulière et les courbes très ouvertes.
Au bout d’un kilomètre, l’ancienne voie ferrée passe sur un pont de bois. C’est là qu’il faut la quitter pour descendre sur le chemin creux qui passe en-dessous et qu’il va falloir suivre vers le nord en direction de la mer. Auparavant, on peut aller, à quelques dizaines de mètres de là, admirer le marais de l’Islet vu du haut du viaduc de la voie ferrée, seul vestige, avec l’ancienne gare de Plurien, de la ligne d’intérêt local fermée en 1848. Retour sur le chemin, désormais balisé GR 34 : à 400 m, au lieudit La vallée Denis, un choix s’offre au promeneur : soit prendre à gauche le tracé du GR 34 pour rejoindre, à 2 km de là, la pointe du Champ du Port, soit, si la mer est suffisamment basse, lui préférer la grève jusqu’à cette pointe. Deux avantages à cette variante : 1) être assuré, notamment en été, de ne pas rencontrer de voitures jusqu’à la pointe dans le dernier kilomètre ; 2) pouvoir observer les oiseaux et les végétaux maritimes, dont les nombreuses salicornes, bien connues des fabricants de soude et de savon, mais aussi des cuisiniers sous la forme du goûteux cornichon de mer. Durant cette partie de la balade, très belles vues sur l’estuaire de l’Islet (également dénommé la Bouche d’Erquy) et les plages de Sables d’or.
Un estuaire qui, à la pointe du Champ du Port, abrite un petit mouillage protégé par une jetée construite naguère pour permettre l’évacuation par la mer des pierres extraites non loin de là. Dénommé le port des Hôpitaux (ou port de La Noë), ce modeste mouillage est dominé par un très séduisant ensemble de rochers granitiques d’où la vue sur la côte en direction du cap Fréhel est superbe. Au pied du rocher, tournée vers le nord, une très jolie plage nichée derrière la dune. À partir de là, l’itinéraire suit la côte vers le nord-ouest, en arrière de la plage Saint-Michel, jusqu’au lieudit La Fosse Eyrand, un ancien et spectaculaire site de carrières de grès rose dont les bureaux, la forge et les habitations ouvrières sont désormais occupés par un centre de vacances. Avant d’arriver là, on aura pu admirer, à 800 m en mer, et facilement accessible à marée basse, l’îlot rocheux Saint-Michel dont les 25 m de hauteur sont couronnés par une élégante chapelle sur l’emplacement d’un monument du 13e siècle probablement construit pour protéger les marins des naufrages. La Fosse Eyrand passée, le GR 34 aborde ensuite les plages du Guen et de Lanruen en longeant cette dernière à la lisière d’un bois de pins. Superbe ! Le meilleur reste toutefois à venir...
Le meilleur, c’est le cap et ses promontoires déchiquetés de grès rose qui s’avancent dans la mer. Mais avant de parvenir à la pointe, ce sont des landes de bruyère, sur lesquelles, une fois en haut de la falaise chemine le sentier, avec, en arrière-plan, de très belles pinèdes. Attention à la sécheresse de l’été : il est déjà arrivé que des incendies se déclarent, heureusement vite maîtrisés.
Dès la fin juin, le violet des bruyères éclate sur la lande d’Erquy. Mêlé ici et là à l’or des ajoncs, c’est un superbe itinéraire qui progresse le long des falaises. Survient la plage du Portuais. Une plage qui se mérite : nichée au débouché d’un vallon, elle offre son cadre sauvage et ses 300 m de sable aux courageux qui ont crapahuté jusque-là, faute de parking à proximité. Au-delà de la plage, le sentier remonte sur la falaise, toujours dans le même environnement de bruyères, d’ajoncs et de pins.
Quelques centaines de mètres plus loin, le site de la plage de Lourtuais apparait, superbe dans son écrin de grès rose fermé à l’ouest par les Châtelets, des îlots détachés du cap. Le GR 34 ne descend pas sur la plage, mais rien n’interdit de le faire, soit pour s’y baigner, soit pour s’adonner au naturisme sur la partie ouest de la plage, soit pour aller découvrir, dans la partie naturiste, les grottes de l’Hermitage et de Galimoneux, sans oublier le rocher de Gargantua et ses deux failles à ciel ouvert. Naguère, il existait un sentier qui permettait de remonter sur la falaise à la pointe ; ce sentier a disparu depuis que le Conservatoire du littoral a balisé les cheminements. C’est dommage !
Revenu sur les hauteurs, le sentier offre de superbes vues sauvages sur les rochers et les grèves. Au cap d’Erquy, la côte s’infléchit en direction du sud-ouest. De là, très jolies vues sur la baie de Saint-Brieuc et, à l’ouest, la côte du Goëlo jusqu’à l’archipel de Bréhat. Près du parking et en différents points de la « garenne d’Erquy », les amateurs d’archéologie peuvent en outre trouver des traces d’occupations anciennes du site, antérieures à l’époque gallo-romaine pour certaines. Mais leur visite, peu spectaculaire, est à réserver aux spécialistes ou aux passionnés.
Après le parking, le sentier suit une route surplombant le petit mouillage de l’anse de Port-Blanc où l’on peut encore voir l’ancienne station de sauvetage en mer, abandonnée dans les années 60. 300 m plus loin, le GR 34 quitte cette route pour atteindre, tout à côté de celle-ci, le corps de garde des Trois-Pierres, construit en 1744. À quelques dizaines de mètres de là, en contrebas, la principale curiosité du lieu, le four à boulets de Port-Blanc datant de 1795. Superbement restauré, on peut y voir les différents orifices permettant de comprendre comment fonctionnait cet ouvrage, et notamment la sole à cannelures, où les boulets étaient portés au rouge, ainsi que le goulet de sortie de ces munitions incendiaires. Si l’on en croit les spécialistes, des dizaines de ces boulets pouvaient être portés au rouge en une heure dans un four de ce type. But de l’opération : canonner depuis les batteries côtières d’éventuels navires anglais et mettre le feu à leurs structures. Il semble toutefois que ce four ait très peu servi, aucune attaque d’envergure n’ayant eu lieu à Erquy, contrairement à Saint-Cast où l’on garde encore le souvenir du débarquement de 1758.
Passé le four à boulets, le sentier s’engage dans un site très sauvage et, par endroits, très fleuri, de débris rocheux issus pour la plupart de l’exploitation du lieu. Nous sommes en effet dans un environnement d’anciennes carrières caractérisés par des fronts de taille de 15 à 20 m de hauteur. Au fond des excavations, parmi les pins et les arbustes, plusieurs lacs se sont formés et offrent un décor tout à la fois surprenant et romantique : ce sont les Lacs bleus, bien connus des habitants d’Erquy, et d’autant plus fréquentés de nos jours qu’ils sont équipés, ici et là, de cheminements en bois visant à sécuriser le site. Régulièrement, des visites des carrières sont organisées pour évoquer l’activité de celles-ci jusque dans les années 30, en partie pour fournir des pavés à la voirie de Paris. On peut également désormais s’imprégner de l’activité des anciens carriers, les fameux « sabots râpés », en écoutant les 10 bornes sonores qui jalonnent cet espace si particulier.
Juste sous les carrières sont implantées les installations portuaires d’Erquy. Un port connu pour ses coquilles Saint-Jacques et ses praires, principalement draguées dans la baie de Saint-Brieuc, mais aussi pour ses soles, ses lottes ou ses bars, pêchés dans les eaux de la Manche à la ligne ou au chalut. Faute d’itinéraire aménagé, impossible de descendre directement au port, une fois parvenu au bout des Lacs bleus. Pour cela, il faut rejoindre la petite route du cap, non sans être allé admirer la vue du principal lac depuis un belvédère en bois. Le retour dans le centre d’Erquy se fait en passant par le lieudit Tu-es-Roc où subsistent quelques exemples de grandes maisons bâties en grès rose local.
Une fois revenu au niveau de la mer, il ne reste plus qu’à regagner la voiture en longeant la grande plage, le cas échéant après avoir fait un détour par le port pour admirer les chalutiers et boire une bolée de cidre dans l’un des cafés-restaurants du quai. Yec’hed mat ! Kenavo !
* À votre santé ! Au revoir !
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