Sarkozy et son
gouvernement annonce une nouvelle attaque contre les retraites. Leurs
arguments, sans fondement, visent uniquement à satisfaire le patronat
et les plus riches.
La retraite à 67 ans
À
peine les élections européennes terminées et prenant prétexte du
déficit de la sécurité sociale, le gouvernement prépare l’opinion à une
attaque sans précédent : reculer l’âge légal de la retraite à 67 ans.
C’est Brice Hortefeux, qui n’avait pas encore changé de ministère, qui
a ouvert les hostilités en prenant exemple sur l’Allemagne, « idée »
reprise ensuite par Fillon, qui considère que reculer l’âge de la
retraite « n’est pas une question taboue », ce qui n’est pas très
étonnant de la part de celui qui, en 2003, avait mené l’attaque contre
les retraites de la fonction publique en allongeant le nombre
d’annuités nécessaires à 40 ans. Mais, pour nous rassurer, on nous dit
également que rien n’est décidé et que le débat sera ouvert début 2010,
au moment où le Conseil d’orientation des retraites (COR) rendra public
son rapport annuel. Difficilement croyable ! Quoi qu’il en soit, le
pavé est lancé est c’est une première. Depuis 1982, l’âge légal de
départ à la retraite est fixé à 60 ans. Les contre-réformes
successives, celles de 1993, 2003 et 2007, avaient privilégié
l’augmentation de la durée de cotisation, de 37,5 à 40 annuités, puis à
41 annuités d’ici à 2012. Toucher à l’âge légal était toujours
considéré comme un sujet tabou. C’est ce verrou que le gouvernement
tente de faire sauter. Le gouvernement va ainsi dans le sens du Medef,
qui considère depuis longtemps que pour « rééquilibrer » les retraites,
il faut « ajouter » aux 41 années de cotisation un report de l’âge
légal, préconisant ainsi le passage de 60 à 63,5 ans dès 2012.
Des années d’attaques
La
prochaine contre-réforme des retraites s’inscrit dans une attaque
globale commencée il y a plus de quinze ans. C’est en 1993 que les
« réformes » Balladur s’attaquent au privé, dans l’indifférence la plus
totale, en particulier de la part des directions syndicales, en
augmentant le nombre d’annuités de 37,5 à 40 ans. Mais aussi en
modifiant le calcul de la pension, en l’indexant sur les prix et non
plus sur le salaire moyen d’activité (soit environ 20 % de pension en
moins en 10 ans) et en prenant, comme base les salaires des 25
meilleures années (et plus des 10). Même chose en 2003, avec la
contre-réforme Fillon pour les salariés de la fonction publique, mais
en ajoutant des décotes, soit des baisses de pension supplémentaires
(5% par trimestre manquant), pour les salariés en-dessous des annuités
requises, mais ayant l’âge légal de départ, c’est-à-dire 60 ans. Pour
terminer, la dernière contre-réforme, en 2007, s’est attaquée aux
salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF…) qui, par « équité »,
ont vu également l’augmentation de la durée de leurs cotisations à 40
ans. Pour nous faire avaler la pilule, les arguments avancés par les
gouvernements et le patronat sont toujours les mêmes : déficit,
problème démographique, équité…
Le « trou » de la Sécu : vieille rengaine
Le
déficit de la Sécurité sociale et des caisses de retraite serait
tellement énorme (24 milliards d’euros) que le gouvernement se déclare
impuissant et que le seul moyen de « sauver nos retraites » serait de
travailler jusqu’à 67ans. En revanche, le gouvernement, trouve tout à
fait normal d’aider les plus riches via le bouclier fiscal, de venir en
aide à coup de centaines de milliards aux banquiers et d’exonérer le
patronat de toute une partie de ses cotisations en puisant dans les
caisses de l’État ou de la Sécurité sociale. C’est donc une question de
choix. Les richesses existent . C’est d’autant plus inacceptable que,
si le déficit de la Sécurité sociale augmente, ce n’est pas parce que
les salariés se soignent mieux, mais parce qu’il y a de plus en plus de
chômeurs et de moins en moins de cotisations qui rentrent. La seule «
piste » possible pour les salariés ne consiste pas à accepter de
travailler plus longtemps ou de partir avec une retraite de plus en
plus maigre, mais à imposer l’interdiction des licenciements et la
réduction du temps de travail jusqu’à ce que tout le monde ait un
emploi. En un mot, travailler moins pour travailler toutes et tous.
On vit trop longtemps ?
Depuis
le temps, on connaît la musique : le problème serait démographique. On
vit plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps. C’est
présenté comme du bon sens. Comme si un progrès social (l’allongement
de la durée de la vie) devait être vécu comme une calamité ! Comme si
la progression des dépenses sociales ne servait pas le bien-être de la
population, mais le contraire ! Travailler plus longtemps ? A l’âge de
toucher leurs droits à la retraite, six salariés sur dix ne travaillent
plus. Ils sont soit au chômage, en plans divers et variés de «
cessation progressive d’activité » et autres « dispense de recherche
d’emploi » après licenciements, virés par des patrons qui trouvent les
vieux « pas assez productifs et trop chers », soit au RSA (le nouveau
RMI)… De fait, l’âge réel de fin d’activité, aussi bien dans le public
que dans le privé, se situe autour de 58 ans. Tout le discours sur la
nécessité de travailler plus longtemps est donc faux : le véritable
objectif est de nous faire partir avec des pensions de plus en plus
faibles (aujourd’hui, 50 % des retraités vivent avec une pension
inférieure au Smic).
La retraite, c’est la continuation du salaire
Les
moyens pour financer les retraites existent. Ce sont les richesses
produites dans l’activité salariale. Il faut beaucoup de culot et de
cynisme pour affirmer qu’il ne serait plus possible de financer les
retraites sans allonger la durée de cotisation. L’argument ne tient
pas. Il faut prendre sur les profits, augmenter les cotisations
patronales, pour financer les retraites qui sont un salaire collectif,
une partie de la richesse née du travail et immédiatement reversée
(comme pour l’assurance maladie) aux pensionnés. La retraite est la
continuation du salaire, c’est-à-dire un droit social à ne plus
travailler pour le compte d’un patron, tout en étant payé quand même,
et à diversifier ses activités librement. La retraite prouve que le
salaire, défini comme un salaire social et non individuel, peut être un
moyen puissant, s’il est défendu, augmenté et élargi à toute la
population (y compris aux jeunes en formation dès 18 ans), d’échapper
en partie au marché du travail. Un autre mode de relations sociales,
non concurrentielles, est possible. D’abord, bien sûr, pour satisfaire
des besoins urgents (se soigner, faire et éduquer des enfants dans les
meilleures conditions sociales et médicales, réparer les dégâts du
travail par la retraite en bonne santé) que les patrons ne voulaient
pas reconnaître, ou qu’ils ont essayé de contrôler en proposant des
systèmes sociaux « maison », où les salariés restent dans la
soumission. Le salaire social est donc un moyen de gagner du temps
libre payé, sans être sous la domination du patron et de son système de
temps réquisitionné exclusivement pour la valorisation.
L’argent existe
Plus
le salaire social général diminue, plus la part qui revient aux classes
possédantes augmente. Ainsi, depuis les vingt dernières années, la part
de richesse revenant aux salariés a diminué de plus de 10 points, au
profit de celle qu’accaparent les possédants. En même temps, la
productivité du travail n’a cessé de croître (plus de 50%). Entre 1960
et 2006, le produit intérieur brut (PIB), en euros constants, a
progressé de 328 %, quand l’augmentation des besoins du financement des
retraites, sur la même période, est estimée à 104 %. Ce qui veut dire
que même si la part du PIB servant au financement des retraites
augmente, il reste en réalité une large marge de manœuvre, à condition
que les revenus du capital n’accaparent pas l’essentiel des gains de
productivité. Cela veut dire partager le travail entre tous, en finir
avec le chômage. 100000 chômeurs de moins représentent un gain de 1,5
milliard d’euros par an. Une hausse de 1 % des salaires suffirait à
dégager, chaque année, 1 milliard d’euros pour les retraites. La fin
des exonérations des cotisations patronales rapporterait 30 milliards
d’euros. L’argent est bien là. Il faut changer le rapport de forces
afin d’imposer une autre répartition des richesses.
« Il faut donc une autre solution. Elle est donnée dans
le rapport du Cor que je vous invite à lire très attentivement »
affirme-t-il ? Seulement monsieur lit ce qui lui chante dans les rapports
du Cor.
Alors allons-y ?
Le
COR (dans son rapport 2000) reconnaissait qu’avec une augmentation de 15 points
en 40 ans, il était possible de financer des retraites de même niveau que
celles d’avant la contre-réforme de 1993 (passage de 37,5 à 40 années de
cotisation, calcul des retraites sur la base des 25 meilleures années et non
plus des 10, indexation des retraites sur les prix et non sur les salaires).
Une augmentation de 15 points en 40 ans, cela représenterait, chaque année, une
augmentation de 0,25 point de la part patronale et de 0,12 point de la part
salariale.
Depuis
les vingt dernières années, la part de richesse revenant aux salariés a diminué
de plus de 10 points, au profit de celle qu’accaparent les possédants. En même
temps, la productivité du travail n’a cessé de croître (plus de 50%). Entre
1960 et 2006, le produit intérieur brut (PIB), en euros constants, a progressé
de 328 %, quand l’augmentation des besoins du financement des retraites,
sur la même période, est estimée à 104 %. Ce qui veut dire que même si la
part du PIB servant au financement des retraites augmente, il reste en réalité
une large marge de manœuvre, à condition que les revenus du capital
n’accaparent pas l’essentiel des gains de productivité. Cela veut dire partager
le travail entre tous, en finir avec le chômage. 100000 chômeurs de moins
représentent un gain de 1,5 milliard d’euros par an. Une hausse de 1 % des
salaires suffirait à dégager, chaque année, 1 milliard d’euros pour les
retraites. La fin des exonérations des cotisations patronales rapporterait 30
milliards d’euros. L’argent est bien là.
Pour
conclure, môssieu, je réitère mon propos : documentes-toi autre part qu’au
Medef ?
Est-il en service commandé l’avocaillon ? Que connait-il de la Sécurité sociale ? Pas grand chose ? Je l’affirme. Suis pas expert mais mes 20 ans de Cnavts (110-112, rue de Flandre 75019 Paris) me permettent de la ramener. Sait-il par exemple que 4 % des cotisations sociales sur la fiche de paie des salariés servent à financer des régimes cloportes au régime général : artisans, agriculteurs, curés, notaires etc ... et sûrement sa caisse de retraite. Sait-il ce que c’est que la compensation inter-régimes instaurée par chirac en 1975 ? Sait-il, l’avocaillon, qu’en 1946 il fut proposer à tous ces cloportes d’intégrer le régime général ? Qu’ils refusèrent. et qu’aujourd’hui ce sont les salariés qui casquent pour tous ceux-ci ?
Dis moi l’avocaillon au lieu de prendre pour argent comptant les propos et écrits des employés du Medef et de nous les colporter ici, pourrais-tu faire l’effort de t’informer et lire par exemple Bernard Friot (mais il y en a d’autres, si tu veux les liens internet tu demandes) : « le volet financier du dossier « retraites » est vite présenté : il est plus facile de consacrer aujourd’hui aux retraites 12% d’un PIB de 1500 milliards d’euros qu’il ne l’était il y a quarante ans d’y consacrer 5% d’un PIB de 750 milliards, et il sera plus facile encore dans quarante ans de dépenser pour les retraites 20% d’un PIB qui sera alors de 3000 milliards. De quarante ans en quarante ans, le doublement du PIB en monnaie constante permet de consacrer de trois à cinq fois plus aux retraites tout en quasi-doublant la richesse affectée aux actifs ou à l’investissement. Cela, la classe dirigeante le sait parfaitement. Pourquoi alors son acharnement à « sauver » une institution en parfaite santé ? C’est que c’est cette santé qui l’affole. Hier, le salaire était fait de 85% de salaire direct et de 15% de cotisation sociale, et ça ne prêtait pas à conséquence. Aujourd’hui, nous sommes à 60/40 : c’est déjà peu tolérable que 40% du salaire nous paie à ne rien faire, c’est-à-dire à travailler librement, à produire de la richesse et non pas à mettre en valeur du capital... »