Merci pour ce commentaire
supplémentaire. Il allait de soi qu’avant l’introduction de l’euro,
des systèmes de compensation entre les pays étaient en place. Les
règlements internationaux faisaient le plus souvent appel au SWIFT.
Ces plate-formes existaient pour faciliter les transactions et
réduire autant que possible les risques de non paiement d’une des
parties concernées. Un risque non négligeable, surtout lorsque les
opérations se dénouaient en devises. Si l’euro avait été conçu
comme une véritable monnaie unique, l’harmonisation des systèmes
existants s’imposait pour déboucher sur un système unique géré
par la BCE. Dans le cas qui nous occupe, il est tout à fait anormal
que les banques centrales nationales aient toujours des créances ou
dettes entre elles. Tout cela aurait dû être confiné au sein de la BCE,
celle-ci devant être l’unique banque centrale de la zone. Les
enregistrements selon l’origine des transferts ne devaient ressortir
que dans les comptes de la BCE, pas dans ceux des banques centrales
nationales. Il n’aurait donc jamais dû y avoir des créances et des
dettes d’état à état, comme il n’existait pas des créances et des
dettes d’une région à l’autre au sein d’un même pays. Preuve
supplémentaire que l’euro n’est pas une monnaie unique.
Ensuite, le fait que les
banques centrales nationales aient conservé leurs prérogatives vis-à-vis de
leur système bancaire national complique l’affaire. Ainsi, chaque banque nationale est en droit de définir les titres qu’elle accepte en gage pour ses avances. Elle en assume bien sûr la responsabilité. L’UE, en
imposant l’euro, a mis la charrue devant, avant les bœufs. Pour que
ce système soit viable, il fallait impérativement instaurer une
union bancaire, c’est-à-dire soumettre toutes les banques aux mêmes
directives. On s’est contenté d’harmoniser les numéros des comptes
(IBAN) et des banques (BIC). Le reste n’est toujours pas réalisé.
C’est à cause de ce genre de lacunes et omissions qu’un TARGET2 s’avérait nécessaire,
pour rendre le système opérationnel sans pour autant qu’il
résolusse les déséquilibres. Le système tout entier a été mal
pensé. Aujourd’hui, il dérive de plus en plus rapidement et ne
résistera pas. Et ceci d’autant moins que la BCE ne représente
aucune économie, n’a aucune assise véritable. Son endettement dans
le cadre du TARGET2 s’élève déjà à plus de 192,5 milliards
d’euros. Qui couvrira cette somme ?
Concernant l’argent, je
prépare un article sur ce sujet, car là aussi, il existe une foule
d’amalgames et de malentendus. Ce sera sans doute plus ardu à
comprendre que le TARGET2. Pour le graphique, c’est vrai, la gamme
n’est pas aussi étendue. La succession des couleurs est toutefois
respectée. La BCE, par exemple (orange), apparaît toujours en
premier à partir de la ligne 0. La BCE avait encore un crédit en
2008, mais depuis lors, son débit se creuse (192,5 milliards fin avril 2017 !). Ce qui signifie que la
BCE a émis de l’argent dans le contexte du TARGET2 (a donc transféré
des euros vers d’autres banques centrales européennes) qui est
couvert par elle. Mais comme elle n’a aucune économie derrière
elle, on se demande comment elle rembourserait si jamais l’euro
venait à imploser.
Quant à la dernière
remarque, il va de soi que personne n’a intérêt à ce que cela
s’effondre, mais malheureusement ce système est intenable.
Comparez-le au système de Bretton Woods. Là aussi, il fallait que
les pays enregistrant un excédent sur leur balance des paiements les
règlent face aux pays déficitaires et vice versa. Le FMI était
chargé de superviser l’affaire. Les USA, qui avaient imposé leur
dollar comme monnaie de référence, n’ont jamais respecté cette obligation et ce
système a foiré le 15 août 1971. En ce temps-là, nous avions
affaire à une kyrielle de devises. Ici, considérez TARGET2 comme
faisant office de FMI dans le système de la zone euro. Mais comme
rien n’a été prévu pour assurer la liquidation des soldes, ces
derniers s’accumulent et compliquent davantage toute solution. S’il y
a un pays qui a intérêt à se sortir de ce bourbier, c’est
bien l’Allemagne.