Staline n’aurait pas pris l’initiative d’attaquer les Allemands, ça n’a jamais été son intention (le traité d’amitié, de coopération et de délimitation signé avec l’Allemagne lui convenait très bien). Donc, si Hitler avait retardé son attaque de l’URSS d’un ou deux ans (voire plus), les communistes auraient continué à dénoncer l’impérialisme britannique comme l’ennemi principal et les gaullistes comme des bellicistes réactionnaires et colonialistes encore un ou deux ans de plus. Et ils auraient campé sur leur ligne « pacifiste anticapitaliste » qui les isolait complètement.
Ne vous ne déplaise, les communistes peuvent remercier Hitler (et non Staline) de les avoir sauvés d’un discrédit majeur et d’un isolement total en les contraignant à changer radicalement de ligne politique. Il n’y a que sur leur analyse du régime de Vichy qu’ils n’ont jamais changé.
"La solidarité des communistes avec l’URSS était impérative mais
difficile à faire comprendre aux français. Le PCF aurait-il dû reculer
devant cette difficulté internationaliste ? "
Hormis une poignée d’inconditionnels aveuglés, qui pouvait bien croire (en juillet 40 !) que le pacte germano-soviétique avait été un « facteur de paix » ? L’argumentaire absurde de Duclos-Thorez discrédite déjà suffisamment le PC pour qu’Onfray n’ait nul besoin d’en rajouter dans l’affabulation.
En déchirant le pacte de non-agression et le traité d’amitié et de coopération qui le liait à l’URSS, Hitler aura sauvé les communistes en leur évitant d’être durablement discrédités aux yeux des Français.
"Il était évident en ces temps que la position du PCF clandestin, avec ses
dirigeants disséminés et menacés, était purement stratégique pour
aboutir, comme cela fut démontré, à la défaite allemande grâce à l’URSS,
et de sauver beaucoup de camarades clandestins avant la guerre avec
l’URSS.«
Vos »évidences" sont basées sur des reconstructions a posteriori comme si l’histoire avait été écrite d’avance !
Mais ni la rupture unilatérale du pacte germano-soviétique (complété par un traité d’amitié et de coopération signé immédiatement après le partage de la Pologne) à l’initiative des Allemands et à la grande consternation de Staline, ni la défaite allemande en URSS n’étaient programmées à l’avance. C’étaient seulement des possibilités.
L’analyse du PCF clandestin en 1940 est stupéfiante d’irréalisme. Quiconque lit sans à priori l’appel du 10 juillet ne peut être que frappé par le manque de lucidité de Duclos et Thorez, c’est consternant.
Au bout du compte, seule la folie croissante d’Hitler aura sauvé les communistes de leurs erreurs stratégiques qui les conduisaient à un isolement total en les remettant malgré eux sur les bons rails du patriotisme républicain.
Il suffit de comparer combien il y a eu de militants communistes fusillés, torturés, déportés avant le 22 juin 1941 (date de l’invasion allemande de l’URSS) et après cette date. C’est suffisamment éclairant.
Comparer aussi ce que la presse communiste clandestine écrivait au sujet des gaullistes avant et après l’été 41. C’est édifiant.
Le PCF était un parti de militants disciplinés qui faisait ce que Moscou lui ordonnait de faire.
"En clair, s’en s’en rendre compte, on tisse les bases sur lesquelles
reposera, ultérieurement, la principale force politique de la Résistance
française.«
Oui, vraiment sans s’en rendre compte !
Les communistes peuvent remercier Hitler de les avoir remis sur les rails de l’ »union sacrée" contre le nazisme avec la fraction patriotique de la bourgeoisie honnie. Sinon, ils seraient restés encore longtemps sur leur ligne léniniste sectaire dictée par Moscou qui les aurait conduit à un isolement total (un peu comme Lutte Ouvrière aujourd’hui).
Tout le prestige du PC à la libération revient donc (involontairement) à Hitler, et non à Staline qui détestait les Britanniques et n’avait aucunement l’intention d’attaquer l’Allemagne avec qui il avait signé un traité d’amitié (venant parachever le pacte). Mais, en attaquant l’URSS, Hitler ne lui a pas laissé le choix, c’était une question de survie.
Moralité : en faisant plein d’acrobaties politiques, on peut quand même finir par retomber sur ses pieds !