Il me semble qu’on ne peut qu’être en total accord avec l’insistance de l’auteur sur la valeur cardinale de l’exemple en matière de morale.
On peut faire les prêchi-prêcha que l’on veut, parler la main sur le coeur et donner accès à la meilleure littérature qui soit en la matière, on gâtera tout si, soi-même, on ne donne pas l’exemple.
Que l’on soit VIP, parents, enseignants ou simple manant, nos comportements expriment nos valeurs en acte, cad, plus fort que n’importe quel discours.
L’essentiel de notre influence, bonne ou mauvaise, passera par là.
Car les valeurs ça ne s’acquiert pas rationnellement (cf. Kant sur l’impossibilité du rationnel de fonder l’éthique), mais par l’exemple, par l’observation du beau, du bien et du bon qu’amènent les comportements respectueux de certaines valeurs et, notamment ceux respectueux de la personne d’autrui.
Les élites nous donnent le pire exemple, c’est un fait, n’en parlons plus. Nous verrons comment y remédier lorsque viendront la révolution ou le chaos.
Ce qui me pose problème en tant que psychologue de l’éducation nationale, c’est que la posture de Rosemar, aussi « vraie » (et sincère bien sûr) qu’elle soit (en tant que représentative d’une réalité de terrain) est aussi une posture ... victimaire, cad, accusatrice pour être mieux défensive.
Or, en matière de morale, il n’est de meilleur principe que le bon vieux « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Autrement dit, chère Rosemar, je crois que les enseignants, incontestablement soumis à forte pression, seraient bienvenus de réfléchir à leurs pratiques pour se demander jusqu’à quel point elles sont morales.
Où est la morale quand l’enseignant ou l’établissement décide unilatéralement des sanctions et se plaint après qu’elles soient contestées par les parents ?
Je passe mon temps à recevoir des parents (paranos, dépressifs, tout ce que vous voulez.. peu importe) qui sont REELLEMENT victimes de violence institutionnelle, cad, qui font l’objet du plus total irrespect de la part de l’institution, et donc, concrètement de la part d’enseignants et/ou de directeurs.
Que ces parents soient agressifs, on peut le comprendre. Vu ce qu’ils subissent, eux et leurs progéniture !
Il ne s’agit pas de les excuser mais de montrer qu’ils ont la même attitude violente enracinée dans le fameux doublet « frustration-agression » à partir duquel les enseignants eux mêmes réagissent et se font accusateurs de l’élève, de ses parents, de l’autorité de tutelle et bientôt du monde entier qui part à vau l’eau.
Qu’on me comprenne bien, je ne jette pas la pierre aux enseignants.
Je dis que la très juste sentence de Rosemar « c’est d’abord à chacun d’entre nous de donner l’exemple » signifie avant tout pour les enseignants qu’il est tant que se généralise une attitude d’introspection pour prendre leur patate chaude et faire évoluer des pratiques qui a bon droit on été depuis longtemps labelisées comme participant de la « violence institutionnelle ».
Le respect de la personne, cela passe par le respect de sa liberté. Comment les enseignants résolvent-ils cette équation dans le contexte de leur classe ?
La plupart ne considèrent que leur propre liberté. Sans même en avoir conscience ils se la jouent « tyran éclairé et bienveillant », cultivant leur toute-puissance, sûrs de leur bonne volonté, de leurs bonnes intentions, et jamais soupçonneux de la possibilité de faire violence aux élèves en les tenant avec obstination à l’écart d’un fonctionnement démocratique.
Voilà donc le problème moral numéro 1 que doit, je crois, affronter l’école de la République : elle n’est pas morale une seule seconde lorsqu’elle n’est pas démocratique, donc respectueuse de la personne de l’élève, respectueuse de son libre-arbitre.
A part les écoles Montessori, vous en connaissez vous des écoles véritablement démocratiques ?
Je n’en connais pas.
Comment en imaginer ? J’ai évoqué cela ici : Refondation : de la violence éducative à l’éducation démocratique - AgoraVox le média citoyen
Pour conclure, je tiens à préciser pourquoi je ne jette pas la pierre aux enseigants : ils n’ont fait que reproduire les modèles (désastreux) qu’on leur a offert ET à aucun moment l’institution ne leur a offert les moyens d’une véritable réflexion sur leurs pratiques éducatives.
La formation « ultra light » (sur côté psycho) qu’ils ont reçu en IUFM ne les a pas outillé pour cela, ni au plan conceptuel, ni au plan des valeurs.
Donc je ne reproche pas à Rosemar d’être dans une posture victimaire. Je dis qu’elle l’est, comme la plupart des enseignants et il est temps, grand temps de passer à autre chose.
Du moins c’est ce que je crois...
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