11-Septembre : Caroline Fourest bientôt sanctionnée par le CSA ?
Le 5 février 2013, France5 diffusait le documentaire de Caroline Fourest : "Les Réseaux de l’extrême : Les Obsédés du Complot".
Ce documentaire, dont l'un des objectifs était de discréditer notre association, présentait un certain nombre d'entorses à la déontologie journalistique. Nous les avons synthétisées dans une note détaillée que nous avons adressée au Conseil supérieur de l'audiovisuel quelques semaines après la diffusion. En effet, l'organisme a en charge "la déontologie de l'information et des programmes" et précise que : « Les éditeurs sont en particulier tenus de vérifier et de donner la source de leurs informations, de faire preuve d'honnêteté et de rigueur dans leur présentation et leur traitement et d’éviter d’induire le téléspectateur en erreur. »
Caroline Fourest a bien évidemment cherché à induire le téléspectateur en erreur en ayant recours à des mensonges, manipulations et amalgames afin d'imposer son point de vue sur un sujet qu'elle n'a visiblement pas pris le temps d'étudier.
Le CSA nous a confirmé à plusieurs reprises que le dossier était à l'étude et qu'une réponse nous serait apportée prochainement. Son président, Olivier Schrameck, déclarait il y a quelques mois considérer « comme essentielles l’indépendance et l’impartialité […] et bien entendu le pluralisme renforcé garanti par la collégialité ». Toutes les conditions sont donc réunies pour que le CSA sanctionne Caroline Fourest, ainsi que la chaine France5, et la société "Et la suite" en sa qualité de producteur du programme, pour ce documentaire malhonnête.
Vous trouverez donc ci-dessous la note que nous avons fait parvenir au CSA il y a plusieurs mois.
—La rédaction de ReOpen911—
Reportage de Caroline Fourest / France 5 « Les Réseaux de l’Extrême » – Manquements à la déontologie journalistique
Madame, Monsieur,
Nous avons pris connaissance du reportage « Les Obsédés du Complot » [1] réalisé par Caroline Fourest et diffusé par France 5 dans l’émission « Le monde en face » le 5 février 2013, dans le cadre d’une série de quatre documentaires intitulée « Les Réseaux de l’extrême ».
Nous souhaitons vous faire part d’un certain nombre d’éléments tirés de ce documentaire qui nous semblent gravement contraires à la déontologie journalistique et préjudiciables à la qualité que les téléspectateurs sont en droit d’attendre en termes d’éthique journalistique dans un documentaire diffusé sur une chaîne du service public.
Le reportage « Les Obsédés du Complot » et le débat qui s’en est suivi entre Caroline Fourest et la journaliste de France 5, ont, ensemble, dérogé gravement à la déontologie journalistique de base en ce qui concerne leur traitement de la question relative au 11-Septembre et à l’association ReOpen911 :
- (I) en recourant à des amalgames ;
- (II) en cherchant à criminaliser le doute et à pratiquer une sorte de stigmatisation des soi-disant « complotistes » ;
- (III) en commettant des erreurs ou en présentant des contrevérités factuelles manifestes ;
- (IV) en se rendant coupable d’omissions ;
- (V) en refusant d’organiser un débat contradictoire sur le fond ou en n’offrant pas de droit de réponse aux personnes mises en cause.
Nos remarques se limitent aux fautes journalistiques en relation directe avec la question du 11-Septembre et l’association ReOpen911.
I) L’amalgame comme méthode journalistique
La série documentaire réalise sciemment - déjà dans son titre - un amalgame entre l’ensemble des personnes qui s’interrogent sur des événements géopolitiques contemporains (comme le 11-Septembre) et des mouvements extrémistes qui propagent des idées racistes et/ou antisémites et violentes comme l’extrême droite ou les islamistes radicaux.
Le téléspectateur pourrait être tenté de croire qu’il serait suffisant d’avoir un esprit critique sur le 11-Septembre pour tomber dans les réseaux de l’extrême. Il s’agit d’une culpabilité par amalgame et association avec d’autres organisations ou personnes que nous ne cautionnons pas, et qui, pour certaines, développent des idées basées sur la haine et le rejet de l’autre. Nous estimons, d’ailleurs, que le fait de mentionner l’association ReOpen911 (ou ses membres) comme faisant partie de ces réseaux de l’extrême est de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération, par rapprochement, amalgame ou allusion. Le procédé de l’amalgame utilisé dans cette série documentaire constitue manifestement un élément dérogeant gravement à la déontologie journalistique.
II) Criminaliser le doute et la stigmatisation ad hominem des « complotistes »
Dans le prolongement du procédé de l’amalgame, donner à penser que ceux qui se posent des questions sur le 11-Septembre auraient des accointances avec des mouvements extrémistes revient à criminaliser une pensée et à stigmatiser un groupe d’individus.
Ce processus de criminalisation de la pensée aboutit, en effet, à stigmatiser et à discriminer un ensemble de personnes en raison de leurs opinions qui n’ont pourtant aucun lien [2] avec une quelconque orientation politique.
Ce procédé, lorsqu’il est relayé par un média de masse, aboutit à porter atteinte à la liberté d’expression en faisant peser sur les personnes désignées des « stigmates sociaux » et des pressions psychosociales propres à les dissuader d’utiliser leur liberté de pensée publiquement.
Ce procédé est en outre susceptible de créer une réaction hostile à l’égard des personnes désignées sous le terme dénigrant de « complotistes » [3]. Plusieurs membres de l’association ReOpen911 ont d’ailleurs déjà reçu des insultes ou des menaces d’agression physique.
Dire ensuite que tous les « complotistes sont des extrémistes » revient à désigner à la vindicte publique une catégorie de personnes. Ce procédé, a été, on le sait, d’utilisation courante dans la période des années noires en France ou pendant le maccarthysme aux Etats-Unis, avec les dégâts que l’on sait.
Ainsi, une catégorie de personnes ne peut être stigmatisée à la légère et sans que des éléments incriminant précis et graves soient portés à la connaissance du public pour justifier cette incrimination. Par exemple, si des journalistes souhaitent utiliser le terme générique de mafia pour désigner un groupe de personnes, ils ne peuvent légitimement le faire qu’en s’appuyant sur des faits précis, graves, et concordant, allant dans ce sens.
Qualifier les sceptiques de « complotistes » puis les accuser d’être « extrémistes », sans autre forme de procès, ne respecte pas cette règle élémentaire du journalisme. Le fait de ne pas respecter sciemment une telle règle relève manifestement de la volonté de stigmatiser un groupe d’individu et de lui nuire.
Ainsi, en criminalisant une pensée légitime et en pointant du doigt un ensemble de personnes, le reportage et la série documentaire ne respectent manifestement pas les règles de la déontologie journalistique.
III) Des erreurs/contrevérités factuelles grossières
Nous avons en outre relevé un certain nombre d’erreurs factuelles graves :
(i) Caroline Fourest prétend que notre association est la branche française d’une association américaine (18:18) : ceci est totalement faux ; nous n’avons aucun lien organique, politique avec d’autres associations.
(ii) Caroline Fourest prétend avoir eu des difficultés à trouver un « complotiste » voulant témoigner et discuter avec elle (41:38). Elle n’a pourtant jamais contacté notre association pour débattre avec nous, ce que nous aurions fait volontiers. Nous avons d’ailleurs répondu à toutes les questions des deux équipes (StreetGeneration et Et La Suite Production) qu’elle a envoyées à notre rencontre les 9 et 10 septembre dernier alors que ces journalistes ne nous avaient pas indiqué la véritable utilisation qui allait être faite des images.
(iii) Caroline Fourest présente un certain Jean-Claude (il s’appelle en réalité Jean-Michel) qui a eu des mots désobligeants (37:00) envers les journalistes, en prétendant que nous serions hostiles aux médias, alors qu’il suffirait de visionner les rushs pour se rendre compte qu’il s’agissait de propos isolés et non représentatifs. Caroline Fourest a ainsi dérogé au paragraphe « 4.4. Montage, travail de l’image » de la Charte des Antennes de France Télévisions [4] qui stipule que le montage « doit rester le plus fidèle possible à la lettre et à l’esprit du propos ».
(iv) Caroline Fourest manipule un extrait vidéo (19:20) en modifiant un sous-titre et en tronquant un passage [5] afin de dénaturer les propos tenus par un sympathisant de notre association, ce qui constitue une nouvelle violation du paragraphe sur le montage et le travail de l’image de la Charte des Antennes de France Télévisions.
(vi) Caroline Fourest prétend également que Mediapart aurait « examiné tous les arguments » des sceptiques et serait arrivé « à la conclusion qu’ils ne tenaient pas » : ceci est totalement faux. Les seuls articles de Mediapart sur le sujet se limitaient à une série estivale sur les « théories du complot », traitées principalement sous l’angle sociologique et non pas sur le plan factuel. [6]
Ce mensonge, ayant pour but de faire croire aux téléspectateurs que nos arguments seraient fantaisistes, nous semble constituer un autre manquement grave à la déontologie journalistique.
IV) Omissions
Caroline Fourest ne parle à aucun moment des familles des victimes, des pompiers, des rescapés, des témoins, des agents gouvernementaux, des universitaires, des journalistes, des différentes associations professionnelles [7] ou encore des millions de simples citoyens qui comme nous, n’ont rien à voir avec une quelconque forme d’extrémisme, mais réclament tout simplement une enquête indépendante sur l’un des évènements les plus importants de l’histoire contemporaine. En revanche, le téléspectateur aura entendu parler de complot, de théorie du complot, de complotiste, de conspiration, ou de conspirationniste à 55 reprises, le tout en 52 minutes.
Ces omissions s’avèrent être une manipulation qui amène les téléspectateurs à croire que la thèse officielle ne serait remise en question que par des amateurs et donc que ces arguments seraient fantaisistes. Un procédé qui assurément constitue un manquement grave à la déontologie journalistique.
V) Absence de débat contradictoire
Un sondage effectué par la Junior Entreprise de l’école HEC en 2011 [8] a montré que plus de la moitié des Français (58%) n’avaient pas été convaincus par les explications qui nous ont été données concernant le 11-Septembre. Pourtant, le groupe France Télévisions, auquel participent financièrement par leur redevance ces millions de citoyens, offre quatre émissions de 52 minutes en prime time à une journaliste dont les méthodes controversées sont pourtant connues [9]. Alors que France Télévisions dit respecter le pluralisme et l'honnêteté de l'information, le groupe n'a cependant jamais diffusé un seul documentaire [10] laissant place aux arguments qui justifient notre démarche.
En outre, à la suite du reportage, un débat entre Caroline Fourest et la présentatrice de France 5 a eu lieu. Aucun représentant de notre association n’a été convié pour débattre du reportage et des questions abordées, malgré nos demandes à l’animatrice de l’émission, Carole Gaessler. Par ailleurs, le service documentaire de France Télévisions, que nous avions contacté avant la diffusion, s’est retourné vers le service juridique qui a simplement envoyé une copie des échanges que nous avions eu au producteur en charge du documentaire, à savoir la société Et la Suite.
L’absence caractérisée d’un débat contradictoire sur le fond du sujet et/ou sur le reportage constitue, à notre sens, un manquement grave à la déontologie journalistique.
Pour conclure, un documentaire qui suscite des réactions indignées au delà de notre association
Voici par exemple ce qu'en a dit le journaliste Denis Robert, auteur de plusieurs enquêtes sur l'affaire Clearstream, sur sa page Facebook :
« "La théorie du complot" c'est ce qu'on nous sert et ressert quand on ne veut pas réfléchir. Ses documentaires sont épuisants de mauvaise foi. »
Ou bien Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) sur le site du Nouvel Observateur :
« Dans son documentaire, elle fait témoigner Rudy Reichstadt, présenté comme animateur du site Conspiracy Watch. Il n'aurait pas été inutile pour l'information du public de préciser qu'il est également collaborateur à la revue "ProChoix" que dirige Caroline Fourest. » [11]
Les éléments mentionnés ci-dessus pourraient être développés et complétés à l’occasion d’un rendez-vous que nous souhaiterions solliciter auprès de vous.
Bien cordialement,
L’association ReOpen911
Notes :
[1] Les Réseaux de l’extrême : Les Obsédés du Complot suivi d’un échange avec l’animatrice de l’émission
[2] Sondage TNS-Sofres pour le nouvel Observateur
[3] Exemples d’utilisation abusive du terme « conspirationniste »
[4] Charte des antennes – France Télévisions
[5] Caroline Fourest prise en flagrant délit de bidonnage
[6] Mediapart dans l'impasse du 11-Septembre
[7] Les associations pour une enquête indépendante sur le 11-Septembre
[8] Sondage H.E.C. pour ReOpen911
[9] Les méthodes controversées de Caroline Fourest
[10] Le 11/9 sur la télévision publique à l'étranger
[11] Fourest et les complotistes : posons les bonnes questions sur la manipulation de l'info
Voir également notre article : Caroline Fourest, de l'obsession à la malhonnêteté journalistique
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