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Accueil du site > Tribune Libre > 1er juin 2013 : L’école en France

1er juin 2013 : L’école en France

1er juin 2013, les parents comparent les écoles avant de choisir, les enseignants cherchent une embauche. Comment est-on arrivé si vite à cette situation ?

Depuis plusieurs années, des idées qui paraissaient saugrenues voire farfelues étaient émises par des politiques. On jugeait alors ceux-ci vieillissants ou vivant en dehors de la réalité. Certaines de ces idées provocatrices avaient déclenché des milliers de commentaires et des prises de position catégoriques, mais commençaient ainsi à être envisagées et même tolérées.

Si une autre coalition ou un parti (c'était devenu improbable) était devenu majoritaire, cela aurait-il empêché cette mutation de l'enseignement ? Il est vraisemblable que seule la forme aurait changé : une consultation nationale aussi inutile que les précédentes ou l'impératif d'une harmonisation européenne auraient été assénés d'une manière péremptoire.

En 2011, les communautés de communes qui jusque-là s'étaient constituées relativement librement ont été gentiment priées de se regrouper. Sitôt l'élection présidentielle, elles ont été fusionnées d'autorité et sont devenues les Méga Communautés de Communes.

Dans le même temps, la déscolarisation des enfants les plus jeunes s'est accélérée et l'âge d'admission à l'école est 5 ans. Avant cet âge, les parents doivent trouver un jardin d'enfants ou une structure privée. Certains empruntent, comme au Japon, pour obtenir les meilleures conditions de préscolarisation.

L'école, comme dans les autres pays d'Europe vous a-t-on expliqué, est regroupée avec le collège. Les directeurs d'école (qui n'ont jamais officiellement existé) ne sont plus qu'un souvenir. C'est généralement le proviseur qui devient le chef de cet "établissement public d'enseignement" financé par la MCC et qui décide avec le président de la MCC du nombre d'enseignants et de personnels.

Les programmes de cet établissement, ainsi que toute autre structure privée, doivent être conformes à un cadre national. 20 % de l'horaire peuvent être consacrés aux langues et cultures régionales ainsi qu'aux religions. La création d'établissements d'enseignement n'est soumise qu'aux impératifs de santé et sécurité.

L'État organise les examens de fin d'année pour établir un classement des établissements, publié comme au Québec.

Les enseignants, qui ont subi comme tous les Français une diminution de 20 % de leur salaire et de leurs avoirs en banque suite à l'abandon de l'euro, étudient les offres des MCC et des autres établissements dont les plus riches proposent des primes et des avantages matériels, en sus de conditions de scolarisation plus agréables.

Ces enseignants sont maintenant embauchés, payés et licenciés par les MCC, y compris les remplaçants. Ceux qui ont choisi de rester fonctionnaires ne bénéficient plus de l'avancement à l'ancienneté. Les plus performants peuvent négocier leurs conditions d'embauche, ce qui ne choque plus dans cette société où seules la compétitivité et la performance dominent. Ils doivent appliquer les méthodes et contenus définis par la MCC.

Les inspecteurs de l'éducation (qui n'est plus nationale) proposent leurs prestations aux établissements d'enseignement pour évaluer et conseiller les embauches et licenciements.

Les syndicats, dont les instances nationales ont distillé les informations, prennent prétexte du trop grand nombre de changements pour limiter les revendications. De toute façon, les enseignants sont submergés par leurs préoccupations matérielles.

Depuis 2011, les parents inscrivent leurs enfants par internet, ce qui permet à l'État ainsi qu'aux services de sécurité (on ne parle plus d'administration) d'accéder à toutes les données et de les vérifier en comparant à la consommation d'électricité grâce aux compteurs "intelligents" qui équipent tous les foyers. Cette année, des données biométriques y sont ajoutées. Au départ, il s'agissait de faciliter les recherches en cas d'enlèvement, maintenant, la surveillance est permanente. Les familles en situation irrégulière sont immédiatement repérées.

Le choix de l'école est totalement libre. Les résultats des évaluations des dix dernières années sont disponibles sur internet, ce qui explique l'acharnement de l'ancienne administration pour les obtenir. Si des parents veulent inscrire leur enfant dans une école qui n'est pas celle de leur secteur, ils devront, s'ils sont acceptés, verser un complément de frais d'inscription. Pour ces frais d'inscription déterminés par les MCC afin de couvrir l'ensemble des dépenses et des salaires, ils disposent d'une allocation parentale remplaçant les allocations familiales et de rentrée. Ils peuvent en utiliser 10 % pour leurs frais et sous réserve qu'il n'y ait pas d'absentéisme. Le reste est versé à l'établissement qui scolarise leur enfant.

Des agences proposent de conseiller les parents et de faciliter l'inscription souhaitée, moyennant une participation financière.

Si leur enfant est reconnu en situation de handicap, l'allocation parentale est augmentée mais ce sont les parents qui doivent, selon les critères définis par la Maison Départementale des Personnes Handicapés, embaucher l'accompagnateur pour la scolarisation. Des associations leur proposeront leurs services, mais aussi des organismes à but lucratif bien informés. L'État n'ayant jamais voulu créer d'emplois d'auxiliaire de vie scolaire, a retardé au maximum l'application de cette obligation et sitôt l'élection présidentielle, décrété que cette question devait être réglée de manière globale pour assurer une continuité entre le domicile et l'école. Le complément d'allocation étant insuffisant, les familles sollicitent leur mutuelle ou assurance.

L'enseignement professionnel dans les lycées a été laminé par les suppressions de la majorité des options. Ce sont maintenant les entreprises qui forment une main d'œuvre captive et bon marché.

Il fallait trouver des solutions, la situation précédente n'était pas satisfaisante, ressassent les campagnes de communication gouvernementale et les médias à l'approche des vacances d'été (du 14 juillet au 20 aout 2013).


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10 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 28 février 2011 14:00

    En plus, c’est réaliste...


    • Abou Antoun Abou Antoun 28 février 2011 14:03

      Oui, on se dirige tout droit vers quelque chose comme ça. Si ce n’est pas 2013 ce sera 2015 ou 2017, mais c’est vers quoi on tend.
      Vous oubliez seulement le rôle des cultes qui ont repris du poil de la bête. Les familles pourront choisir mais pas exclusivement sur des critères académiques. Nous aurons la meilleure école chrétienne, musulmane, judaïque du secteur avec les cours de religion assuré par le prêtre, l’imam le rabbin certifié par la MCC , la French TV et le Ministère des Cultes.
      Quand à être embauché dans une école musulmane si vous êtes un professeur juif (ou d’origine juive) ou bien le contraire, pas évident.
      Et si vous êtes athée, alors bye-bye changez de métier, vous sentez le souffre de tous les côtés.
      C’est bien vers cela qu’on se dirige avec les fourriers de :
      L’école publique
      La laïcité
      et tout simplement la république.
      Votez une fois de plus (une seule) pour ces gredins, ces voyous, ces bandits et vous pouvez dire adieu définitivement à deux siècles et demi de progrès dans tous les domaines.
      Instituteurs, professeurs à la vocation brisée, ne songez pas à vous reconvertir dans l’armée. La défense aura été sous-traitée à la filiale française de ’Blackwater’ qui aura ses propres critères de bien-pensance, ni dans la police nationale puisque les MCC géreront leurs propres milices constituées autour des ’polices municipales’ qui ont maintenant le droit de porter des armes.
      L’Etat, la république ne seront bientôt plus que des souvenirs que la propagande officielle s’efforcera de gommer.


      • Ronny Ronny 28 février 2011 15:08


        1er juin 2013...

        On est toujours sans nouvelles de Gaetan Solo, le dangereux terroriste à l’origine du mouvement anarcho-syndicaliste « retour aux racines », qui proposait de créer des associations d’enseignement sans but lucratif, co-gérées par les parents des enfants.

        Gaetan Solo a disparu voilà quatre jours à la sortie de son bureau. Ses collègues disaient l’avoir vu abordé par trois hommes munis d’oreillettes qui l’ont prestement conduit dans un véhicule immatriculé 75N-9999-9, muni d’un gyrophare, et encadré de motos équipées de la même façon. Les enquêteurs se perdent en conjecture sur les relations qu’aurait pu entretenir l’intéressé avec les passagers de ce véhicule, dont les services de police ne semblent pas connaître l’immatriculation.

        (Cf. http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/parodie/article/quelques-breves-afp-a-faire-peur-47302)


        • Gaétan Solo 28 février 2011 15:31

          Sénat _ Mardi 1er mars 2011

          Mission commune d’information sur l’organisation territoriale du système scolaire et sur l’évaluation des expérimentations locales en matière d’éducation :

           à 10 heures

          Salle n° 245

          - Audition de MM. Erick Roser, doyen de l’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et Thierry Bossard, inspecteur général, chef du service de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR), ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.

          à 14 h 30

          Salle n° 245

          à 14 h 30 :

          Audition de Mme Marion Zalay, directrice générale, et M. Jean Pascal Fayolle, chef du service de l’enseignement technique, direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire.

          à 15 h 30 :

          Audition de MM. Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, et Laurent Cros, délégué général de l’association « Agir pour l’école ».

          à 16 h 30 :

          Audition de M. Eric Charbonnier, expert à la direction éducation de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

          à 17 h 45 :

          Audition de M. Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO), ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.


          • Gaétan Solo 28 février 2011 15:44

            Si à le lecture de l’agenda du Sénat, vous imaginiez qu’une association allait vous représenter, voici des renseignements concernant Laurent Cros (association « Agir pour l’école » http://www.linkedin.com/pub/laurent-cros/14/a41/976)

            Poste actuel
            • Délégué général

              chez Agir pour l’école

            Postes précédents
            • Adjoint-chef de bureau - Bureau Education nationale

              chez Ministère du Budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat

            • Consultant

              chez Oliver Wyman

            Formation
            • Ecole nationale d’Administration
            • Ecole centrale de Lille
             

            • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 28 février 2011 19:04

              Il ne manque que le chèque scolaire, dans votre description, pour avoir enfin une vrai école, libre, formant des êtres libres et non pas formatés par une administration monolithique.

              Une école où chacun peut trouver enfin un mode d’enseignement adapté, et non un enseignement uniforme et indigeste pour la grande majorité des élèves.

              Une école tournée vers l’enfant. Non, en tant qu’« enfant roi », mais vers la formation de citoyens libres, différents les uns des autres, dans le respects de cette différence, mais avec un objectif commun : faire en sorte que l’ascenseur social fonctionne enfin en France (pour rappel, la France est le dernier des pays de l’OCDE en ce qui concerne l’ascenseur social).

              Une école où les professeurs sont valorisés parce que responsables.

              Une école où de vrais syndicats, représentant la majorité des personnels, négocient avec des directions existantes, et non des magmas administratifs irresponsables.

              Une école où les professeurs ne sont plus jugés à l’ancienneté ou à leur appartenance à des pseudo-syndicats qui ne défendent qu’eux même, mais où ils sont jugés en fonction de leur talent, de leur expérience, de leur initiative et de leurs résultats.

              C’est vrai que ça fait rêver. Mais avec tant de moutons préférant vivre sous la domination d’un état omniprésent, qui pensent que l’état est omniscient et qu’il suffit d’être haut-fonctionnaire pour détenir une compétence inatteignable par le commun des citoyens, alors ce beau rêve risque de le rester encore longtemps.

              À la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets, qu’ils savent donc mieux qu’eux ce qui leur est profitable. Ludwig von Mises


              • Gaétan Solo 28 février 2011 20:43

                À chacun son idéal et je respecte tout à fait le vôtre.
                Mon souhait est que les partis politiques s’expriment précisément sur cette évolution ou cette mutation de l’école. Jusqu’ici je n’observe que des réactions, des prises de position par rapport à l’existant ou aux décisions prises.
                Le non-dit est prédominant, c’est le principal écueil de la politique française, du moins à mon avis.


              • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 1er mars 2011 14:35

                Ce qui est important, c’est bien d’avoir le choix. Vous êtes surement tout à fait capable de dire ce qui est bon pour vous et pour vos enfants, et au moins aussi bien qu’un quelconque haut fonctionnaire. La pluralité des offres garanti à chacun de trouver chaussure à son pied.


              • Gaétan Solo 2 mars 2011 12:18

                Ne vous faites plus aucune illusion : Le rapporteur de la mission, Jean-Claude Carle (UMP, Haute-Savoie) estime qu’« avec l’enquête PISA, l’OCDE a identifié que les systèmes produisant les meilleurs résultats associent une autonomie au plan local et une responsabilisation effective, facteurs qui sont au cœur de notre mission. Avec cette dernière, le Sénat montre toute l’importance qu’il attache à l’efficience du système scolaire et à la réussite de tous les élèves. ». Le Post


                • Gaétan Solo 3 mars 2011 09:00

                  C’est la liberté du choix de l’école qui prévaut, ajoutant ainsi de la concurrence dans le système. Depuis quelques années, le gouvernement a entrepris d’ouvrir davantage la porte aux écoles privées. Ainsi, certaines écoles appartiennent à des regroupements de professeurs et sont gérées par ceux-ci ; d’autres, par des entreprises privées. Pour assurer le bon fonctionnement de ce système et la prise en compte des besoins de tous les élèves, le gouvernement a mis en place un système d’inspection qui vise à promouvoir la qualité des services éducatifs. Les parents et les élèves sont également invités à utiliser Internet pour se plaindre ou demander qu’une école soit inspectée. Le Devoir

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