2025, moins Valls
Les bronzés de retour : reposés, remontés, faussement détendus, prétendument unis, ils nous promettent des lendemains qui chantent…dans 12 ans. Valls n’attendra pas si longtemps.
On savait depuis quelques semaines que François le français avait retrouvé son légendaire sens d’humour et de la vacherie. Confirmation en a été donnée hier avec un séminaire de réflexion organisé à l’Elysée sur le thème « la France de 2025 ». Aucun ministre ne manquait autour de la table pour présenter son petit pensum sur l’avenir de notre beau pays, dans 12 ans : son plein emploi, sa croissance à deux chiffres, ses innovation technologiques, sa paix social, l’ascenseur du même nom réparé, l’amour l’amitié et la joie entre les populations, des Roms accueillis comme des hollandais, les quartiers nord de Marseille aussi violents que les quartiers sud de Neuilly, le beau temps en décembre, l’amour dans le pré toute l’année, des banquiers honnêtes, l’UMP riche, le FN à 2%, le SMIC à 2000 euros net, Mélenchon dans les bras de Valls, Taubira pour tenir la chandelle, le PSG avec des joueurs français, Gérard Depardieu avec un passeport français, BHL ministre des affaires étrangères du gouvernement Bartolone, Delphine Batho à la tête de Veolia, Cécile Duflot sans jean, Arnaud Montebourg présentateur du Grand Journal, Harlem Désir…rien, comme aujourd’hui…2025 on vous dit, la grâce touchée, la félicité retrouvée, le maire d’Hénin Beaumont libéré, la France maître du monde. Et tout cela c’est à François Hollande et ses boys and girls qu’on le devra.
On ne se doutait pas, comme ça, en blackboulant l’ex de Royal au Château, qu’on allait vers un tel futur. On pensait plutôt tenir là une sorte de Marty McFly, un type tombé par hasard, un peu, dans une époque qui n’est pas la sienne, un costume qui taille trop étroit. Et puis non, pas du tout, le gaillard se révèle peu à peu plus aigle que pigeon. Ou plutôt plus rusé que doué. Parce qu’au jour d’aujourd’hui, à 12 ans du bonheur total, rien ne fonctionne ou presque, même si, le doigt levé, le culbuto sent que « la reprise est là ». Moscovi(nividivi)ci, lui, n’a rien vu, ni à 12 ans, ni à un mois, même pas le rebond inespéré et récent de la croissance, même pas le mensonge de Cahuzac. L’emploi, lui, ne semble pas prêt de rebondir, sauf miracle. Les impôts ne vont pas baisser, le pouvoir d’achat, pas augmenter. Pas tout de suite. Mais dans 12 ans, si. Ce qu’il faut que nous, pauvres citoyens lambda, comprenions, c’est que tous ces gens là, tantôt chafouins, tantôt bagarreurs, travaillent tous ensemble depuis le début pour tenir le cap, et que ce cap s’appelle 2025. Ca rira mieux demain. Ou après demain. Ou après après…enfin ça ira mieux, c’est-ce qui compte. Les Municipales de 2014 ? Peu importe ! La présidentielle de 2017 ? Une formalité ! C’est 2025 qui importe, le reste n’est que faribole. 2025...d’ici là quoi ? Deux quinquennats de Hollande (admettons) et puis quoi ? Trois ans de Valls ? De Montebourg ? De Copé ? De Wauquiez ? De (Jean) Sarkozy ? Parce qu’enfin y arriver en 2025 c’est une chose, mais avec qui ?
Ce qui compte c’est la vision, nous dit Harlem Désir, le vide socialiste, « c’est toujours mieux que Nicolas Sarkozy qui ne voyait pas plus loin que le prochain SMS » a-t-il allumé sur France Info hier matin. Ce qui compte, c’est la division, réplique Valls, qui en est allé de son petit couplet dissonant en fin de banquet, en déclarant que pour lui l’essentiel pour les 10 ans qui viennent était de contenir le flux migratoire et de faire la démonstration que « l’islam était compatible avec la démocratie ». Valls est-il compatible avec le hollandisme, en voilà un autre débat pour les semaines à venir. Un débat que monsieur Désir sans avenir sera incapable de gérer, évidemment, comme il sera sans doute incapable d’éviter le naufrage annoncé du paquebot rose dans quelques mois. 2025 est aussi un moyen commode de détourner le regard de ces bisbilles là, assez fréquentes en politique, certes, mais à plus ou moins long terme catastrophique pour le gouvernement, qui ne tiendra certainement pas 12 ans à ce rythme. Ni 12 mois. Bartolone, Montebourg and Co n’attendront pas longtemps avant de ramasser les miettes.
Tout ce show de rentrée très filmé (les bises, les accolades, les devoirs de vacances sous le bras en montant l’escalier de l’Elysée) n’est qu’un exercice de communication de plus, aussi vide et creux que certains SMS. Coincé entre l’obligation de résultats rapides, et l’urgence de ne pas sortir complètement à poil des prochaines Municipales, Hollande s’en remet aux calendes grecques, au cas où.
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