4 juin 1989 : le Déesse de la Démocratie assassinée sur la place Tiananmen à Pékin
Entre 15 avril et le 4 juin 1989, la place Tiananmen à Pékin fut le théâtre de manifestations pacifiques en faveur de la démocratie en Chine. Étudiants, intellectuels et ouvriers dénonçaient par milliers la corruption et exigeaient des réformes politiques tout en vénérant la Déesse de la Démocratie.
A cette occasion, les protestataires élevèrent sur la grand-place de Pékin une statue dénommée la « Déesse de la Démocratie ».
Écrasée dans le sang par les chars des autocrates de la plus grande dictature du monde.
Cette tribune libre vous invite de vous exprimer sur ces événements à l’occasion de la commémoration de leur 19e anniversaire.
Le 4 juin 1989 restera comme un tremblement de terre politique pour toute la Chine, un séisme sans précédent pour le régime autoritaire de Pékin.
De la place Tiananmen (place de la Paix céleste) la contestation s’étendit en effet à la plupart des grandes villes de l’Empire du Milieu. Les grèves de la faim en vinrent à se succéder au cœur même de la capitale chinoise.
Le 20 mai 1989, le République populaire de Chine proclamait l’état de siège. Le 4 juin suivant, c’était la répression sous les chenilles des chars.
Dans une vidéo qui a fait plusieurs fois le tour du monde, on voit les images historiques d’un jeune contestataire qui fait, seul, front à une colonne de blindés de l’Armée populaire de libération.
S’il est clair que l’intervention fit un assez grand nombre de victimes, leur nombre varie nettement suivant les sources. Le gouvernement chinois donne 300 morts dont 23 étudiants, les sources occidentales et la Croix-Rouge chinoise suggèrent de 2 600 à 3 000 morts (pour la seule ville de Pékin, aucune donnée n’est disponible pour les affrontements en province).
S’ensuivit également une vaste répression politique et des emprisonnements en série.
Aujourd’hui, Washington exhorte Pékin à libérer les prisonniers de Tiananmen.
Selon France 2, en effet, les États-Unis ont exhorté mardi la Chine à donner un bilan complet du massacre de la place Tiananmen en 1989.
Washington appelle aussi Pékin à libérer tous les prisonniers politiques détenus depuis dix-neuf ans, a indiqué le porte-parole du département d’État, Sean McCormack, à la veille du 19e anniversaire de la répression sanglante des manifestations étudiantes.
Certains hurleront « Mais de quel droit ? », rejetant par la même occasion tous les maux de la planète sur le dos de la super-puissance américaine.
Il n’en reste pas moins que 50 à 200 personnes seraient toujours derrière les barreaux depuis ces événements.
De son côté, Reporters sans frontières demande, une fois encore, la libération des quatre journalistes et cyberdissidents emprisonnés pour avoir pris position sur cet événement tabou en Chine populaire. La valeureuse organisation déplore la censure implacable qui subsiste sur ce massacre sachant qu’il est strictement interdit à tous les médias chinois de parler de cet événement majeur dans l’histoire de la Chine contemporaine.
Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises :
- de libérer les 31 journalistes et 48 cyberdissidents et internautes actuellement emprisonnés ;
- d’abolir la censure dans la presse et sur internet à propos des événements du 4 juin 1989 ;
- de mettre fin au harcèlement et aux mesures vexatoires (mises en résidence surveillée, filatures, écoutes téléphoniques...) à l’encontre des journalistes ayant participé au "Printemps de Pékin" ;
- d’autoriser les journalistes et dissidents exilés à rentrer en Chine en toute sécurité ;
- de permettre à la presse chinoise et internationale de rendre compte sans entraves des activités des groupes dissidents.
Par ailleurs, une citoyenne chinoise, Ding Zilin, mère de l’une des victimes du massacre du 4 juin 1989 a, quant à elle, adressé une lettre ouverte aux autorités, publiée sur le site des Mères de Tiananmen : www.tiananmenmother.org (dont la version anglaise est en préparation), réclamant la mise en berne du drapeau national pour honorer la mémoire des victimes des événements de juin 1989.
Sur France 24, Liu Xiaobao, dissident chinois, revient sur les terribles événements qui endeuillèrent la Chine ce jour-là : « Fondamentalement, je pense que rien n’a changé depuis 1989. La Chine est toujours une dictature. Le gouvernement continue de réprimer les voix dissidentes venant du peuple ».
Le dissident en vient à appeler au concours du président de la République française : « J’espère que lors de la prochaine visite de Nicolas Sarkozy ici, ou de celle d’un dirigeant chinois en France, le président français va parler franchement avec les Chinois des réformes politiques et des droits de l’homme. C’est ça la vraie amitié franco-chinoise ».
Pour Amnesty International, « la répression continue de s’aggraver, comme en témoigne la détention de défenseurs des droits de l’homme, de dissidents politiques, de journalistes, avocats et pétitionnaires, ou comme le montre la répression violente intervenue au Tibet en avril dernier ».
D’après Radio Canada, la directrice de Human Rights Watch pour l’Asie, Sophie Richardson a déclaré : « Le gouvernement chinois devrait montrer au public olympique qu’il est sérieux sur les droits de l’homme, en libérant les détenus de Tienanmen ».
Bien entendu, certaines voix vont s’élever pour protester contre la détention par les Américains de terroristes supposés à Guantanamo ou encore l’installation d’une base militaire de l’oncle Sam au Kosovo.
Mais, quoi qu’il en soit, on ne peut que se joindre aux exhortations des dirigeants américains, des organisations des droits de l’homme et de Reporters sans frontières sachant que Pékin s’est engagé devant le CIO à respecter l’idéal olympique ce dont la Communauté internationale a été conduite à douter après les récents événements au Tibet ainsi que la condamnation de citoyens chinois en raison de leur liberté d’opinion et de pensée.
Et, pour reprendre les propos du citoyen chinois Liu Xiabao, « parler franchement avec les Chinois des réformes politiques et des droits de l’Homme. C’est ça la vraie amitié franco-chinoise ».
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