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Accueil du site > Tribune Libre > A la croisée des chemins

A la croisée des chemins

 

La crise des gilets jaunes donne un signal mais un signal désolant : les corps intermédiaires ( à savoir les syndicats, les élus - il faut faire la différence entre les élus de proximité et les professionnels de la politique - et même mais dans une beaucoup moindre mesure les associations) sont disqualifiés pour porter les revendications populaires.

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La France est un des pays d’Europe où le taux de syndicalisation est le plus bas, ce qui ajoute à la non-représentativité des organisations qui ont vocation de représenter les travailleurs.

Pourtant les organisations syndicales travaillent, leurs services d’études sortent parfois des contributions qui ne manquent pas d’intérêt mais hélas pour eux ! rien n’y fait, ils sont actuellement incapables de rassembler au-delà du carré de leurs militants les plus fidèles. En un mot, ils ne prêchent que des convaincus et peinent à mobiliser au-delà de ce noyau.

Mélenchon se targuait de pouvoir réunir plus de un million de personnes, en septembre 2017 au début du quinquennat de Macron, sur des revendications de bon sens et qui font d’ailleurs partie de ce qui émerge des réunions de gilets jaunes sur les ronds points ou ailleurs ; il a lamentablement échoué, n’ayant sans doute pas perçu la désaffection d’une majorité de citoyens pour ce qui s’apparentait peut-être à de grotesques jeux de pouvoir.

Georges Sorel souvent dénoncé, à tort selon moi, comme un des pères tutélaires du fascisme ( dont on n’oubliera pas qu’il fut à l’origine un mouvement d’organisation du prolétariat par un socialiste en rupture de ban, Mussolini ) a théorisé les questions de violence dans l’action revendicative.

La première violence étant, selon lui, celle qu’exercent les forces de pouvoir pour résister aux forces de changement.

Pour Sorel la violence du peuple est légitime quand elle s’exerce contre les forces de maintien d’un ordre inique.

Le contexte du début du siècle passé était évidemment essentiellement différent de celui de la période contemporaine.

Les conquêtes ouvrières dans l’unité et derrière les organisations syndicales ont grandement fait avancer la situation des citoyens mais c’est justement la volonté de retour en arrière, de revenir sur les conquêtes sociales chèrement acquises dans le passé qui suscite la colère de ceux qui à tort ou à raison s’estiment des ou de futurs laissés-pour-compte.

Ce qui est plus étonnant mais s’explique par un lourd passé de trahisons, c’est la volonté du mouvement des gilets jaunes de refuser de s’inscrire dans les structures existantes pour faire progresser leurs demandes.

Depuis des dizaines d’années le grignotage insidieux de certains droits sociaux, les agressions contre le service de santé confronté à la nécessité de la rentabilité comptable qui entraîne des fermetures d’unités dont la vocation de salubrité publique est en quelque sorte niée, la concentration d’activités qui se traduit par la désertification de zones entières, l’abandon à la lèpre du temps de nombreux centres-villes où les commerces fermés ajoutent à la désolation ambiante, la multiplication des zones commerciales où le consommateur est invité à se laisser achalander mais est par ailleurs dissuadé par manque d’espaces dédiés de s’inscrire dans des activités de la vie collective, l'absence de réelle politique de transport...sont autant de vecteurs du mal-être d'une partie de la population.

Pour un grand nombre de familles, la promenade du Week-end se limite maintenant aux galeries du Centre commercial le plus proche à l’exclusion de toute autre manifestation plus digne d’intérêt.

 

Pourquoi les corps intermédiaires dont la vocation est pourtant de porter les interrogations du peuple sont-ils à ce point délégitimés, je n’ai pas de réponse. J’ose pourtant une interprétation : depuis des décennies les gouvernements ont acheté la soumission des citoyens sous l’alibi d’œuvrer en leur intérêt ; l’accès au minimum de bien-être reste et même devient impossible pour un nombre significatif tandis qu’une minorité s’enrichit honteusement (ce qui ne pouvait pas manquer de nourrir des frustrations qui ont choisi le mouvement des gilets jaunes pour s’exprimer).

En l’occurrence je ne puis que constater l’état du dialogue social qui semble en voie d’extinction, faute d’écoute d’un côté et de personnes encore crédibles de l’autre.

Se trouvant devant un phénomène qu’ils n’avaient pas prévu ( Mélenchon prétend qu’il avait senti le vent de cette révolte se lever et l’avait évoqué dans un ouvrage que je n’ai pas lu donc je suis bien obligé de lui faire crédit ), les gouvernants ont d’abord essayé de décrédibiliser le mouvement le réduisant à quasi rien.

Ensuite, embouchant les trompettes de la propagande aidés par les médias mainstream ( qui appartiennent à des personnalités partageant les mêmes intérêts de sauvegarde de leurs privilèges d’argent ), les gouvernants se sont mis à criminaliser les effets en les dramatisant ( les fondements de la république menacés par un porte-palette ou un mini-bull détruisant la porte d’un ministère ! ) plutôt qu’à chercher à remédier aux causes.

La multiplication des fausses nouvelles tant d’un côté que de l’autre ( mais c’est tout de même plus grave du côté de ceux qui maîtrisent les outils de la communication ) n’est jamais que le sous-produit de cet aveuglement à ne pas vouloir nommer les choses ou à les mal nommer.

Les chaînes d’info, certaines avec force mauvaise foi, ont mis la focale sur les scènes de violence parce que c’est à la fois plus vendeur ( rentable ) mais devrait de surcroît susciter de manière complètement biaisée la peur chez le citoyen « raisonnable ».

Au résultat des dernières enquêtes d’opinion on ne peut pas dire que le stratagème porte des fruits étincelants.

Bref, au départ de scènes de cassage et de semblants de guérilla très localisés donc nécessairement fort marginaux, on a presque voulu faire croire ( et les étrangers l’ont cru qui ont pour beaucoup annulé leur séjour ) que Paris était à feu et à sang. C’était l’effet loupe voulu par les reportages diffusés : on ne me fera pas croire que ce matraquage est totalement innocent.

Les gilets jaunes sont sans que cela soit dit de manière explicite réduit à l’image des casseurs qui s’impose dans les esprits.

On imagine bien qu’ayant conditionné les esprits et attendri les cœurs sur les victimes collatérales de certains excès le fameux débat initialement piloté par Chantal Jouanno ( avant que des indiscrétions savamment distillées ne déballent le niveau astronomique de son salaire qui est une insulte à ceux dont elle était censée sonder les intentions et les rapporter fidèlement ) ait très peu de chances d’aboutir à une vision sans ambages de la France dans tous ces aspects et sous toutes ses coutures.

Il est bon de garder présent à l’esprit le souvenir des cahiers de doléances sous l’ancien régime dont Tocqueville ( 1805-1859 ) a fait une analyse fouillée. Il s'est convaincu que la révolution de 1789 s’inscrivait déjà dans les revendications de ce qu’il était convenu d’appeler le peuple à l’époque, à savoir au minimum les lettrés, ceux qui étaient capables de rédiger une missive.

Je ne résiste pas au plaisir de vous citer le philosophe par un extrait de ses œuvres complètes …

« Je lis attentivement les cahiers…

Je vois qu’ici on demande le changement d’une loi, là d’un usage et j’en tiens note.

Je continue jusqu’au bout cet immense travail et, quand je parviens à réunir ensemble tous ces vœux particuliers, je m’aperçois avec une sorte de terreur que ce qu’on réclame est l’abolition simultané e et systématique de toutes les lois et de tous les usages ayant cours dans le pays ; je vois sur le champ qu’il va s’agir de la plus VASTE et plus DANGEREUSE RÉVOLUTION qui ait jamais paru dans le monde »

Alors fausse bonne idée de la part d’un gouvernement aux abois ?

Il doit espérer en son for intérieur qu’ayant ouvert la porte personne ne se précipitera pour rentrer et étaler l’étendue de ces revendications auxquelles il lui est impossible de répondre sans mettre en péril les institutions de la Cinquième république.

On passera sur l’étrange philosophie de Luc Ferry appelant à l’usage par les policiers de leurs armes, ce qui est tout à fait inhabituel de la part de quelqu’un qui a eu une fonction politique officielle ( aux côtés de Nicolas Sarkozy). Cette attitude témoigne de la perplexité de ce monsieur devant des événements qu’il ne comprend pas et dont il voudrait s’affranchir une fois pour toutes.

Si on est charitable, on peut mettre cet abus de langage sur le compte de la fatigue intellectuelle que ses nombreuses fonctions font peser sur son intellect.

Jean-François Kahn dans une récente chronique s’inquiétait d’une situation qui pourrait nous conduire au fascisme. Si risque il y a, il est plutôt du côté du pouvoir où les tendances autoritaires se renforcent et qui pourraient vouloir à tout prix reprendre le contrôle de la situation en faisant table rase de ces écueils qui se mettent sur sa route.

Le néo-libéralisme sait, quand il y va de son intérêt, s’affranchir de toute valeur démocratique et il n’hésite pas à instrumentaliser les forces de police pour assurer sa pérennité.
 

La réussite du mouvement est dans l’impact qu’il saura garder sur l’opinion et les gouvernants feront tout pour que jamais le mouvement n’atteigne la masse critique qui engendrera d’irréversibles changements.

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20 réactions à cet article    


  • gaijin gaijin 16 janvier 2019 12:53

    @JaroShaw42
    https://www.youtube.com/watch?v=yvXBC_O0k70
    tout corps branché sur le secteur étant appelé a s’émouvoir ....


  • pipiou 15 janvier 2019 19:49

    Si les GJs étaient réduits à l’état de casseurs ils n’auraient pas été invités sur tous les plateaux des chaines d’infos des dizaines de fois !


    • Elliot Elliot 15 janvier 2019 20:17

      @pipiou

      Ils y font souvent office de punching ball !


    • BOBW BOBW 16 janvier 2019 10:29

      @Elliot : et les "gilets bleus des crs cognent plus fort et blessent davantage que les chemises noires ou brunes, avec les lacrymogènes et les flashballs !


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 15 janvier 2019 21:23

      Votre billet est une bonne analyse qui vaut bien celle des intellectuels patentés invités sur les plateaux télé. En effet, le dialogue ne passe plus. Deux camps se méfient et se défient. 


      • Attila Attila 15 janvier 2019 21:42

        Nicole Notat, Jacques Chérèque, Thierry Lepaon, Edouard Martin, Jean-Claude Mailly.

        Tous récompensés par un pouvoir qu’ils étaient censés combattre après de peu glorieux résultats pour les salariés. La voilà votre explication

        .


        • Paul Leleu 15 janvier 2019 23:15

          @Attila

          la société de consommation, la télé-poubelle, l’indvidualisme, et la désertion politique c’est pas les syndicats qui l’ont inventé ni imposé... c’est le Peuple qui l’a choisie... et ce sont les partis et les syndicats qui ont du suivre cet état d’esprit de la société...

          on a critiqué les gauchistes pendant des décennies, en se foutant de leurs « révolutionnite » alors que le peuple voulait juste « vivre et jouir »... et maintenant, le peuple il chiale comme un gosse qui n’a plus de papa-noël... mais c’est pas aux syndicats et aux partis qu’il doit s’en prendre... juste à lui-même...

          et ma foi, si « le peuple » il a des meilleures solutions que les partis et les syndicats, qu’il le mette en oeuvre immédiatement, et nous démontre son génie... pour le moment, « le peuple », il fait pas mieux ni différent que les alter-mondialistes de Seattle ou de Gènes il y a 20 ans...


        • Samy Levrai samy Levrai 15 janvier 2019 22:22

          La confederation europeenne des syndicats dont font parties 90% des syndicats et qui sert a faire avaler les délocalisations dues a l’article 63 du TFUE mais sans jamais le nommer a tous les pigeons qui l’écoutent.

          Ce n’est pas la 5eme republique qui empêche une politique économique ou restreint la democratie, c’est l’UE et seulement l’UE, notre pauvre 5eme republique dont les premiers articles s’appellent : de la souveraineté, est bafouée tous les jours.


          • biquet biquet 17 janvier 2019 17:32

            @samy Levrai
            Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.


          • sikorezed 15 janvier 2019 22:27

            « Vous pensez donc que des cas particuliers de collusions, d’arrivisme ou toute autre dérive personnelle au sein d’une organisation vaut condamnation de l’ensemble de ceux qui militent honnêtement, sérieusement, avec abnégation ? »



            Bonjour,


            Disons, qu’en dessous d’une ou deux affaire pour mille agent, ok, c’est de l’incompressible, du chaos, de l’entropie, des aléas de la sociabilité.


            Mais bon en police/armée on est a 80-90% de pourriture, en administration 70-80%. Les juges 60-70%, les salariés 50-60%.... Les associations 40-50%....

            En majorité, des associés malfaiteurs, des complice de l’omerta, des membre actif du réseau de dissimulation des crimes, de blanchiment des détournement.


            J’ai bossé dans un certains nombre d’organisation publique et privée, et je suis intègre, et j’étais le seul. Je n’ai que rarement croisé d’autres personnes honnêtes. 


            A ma connaissance, les gents honnêtes ne sont pas dans les organisations, ou du bout des doigt avec honte, et a très faible niveau de responsabilité.


            En général, on les retrouve dans les activités libérales et saisonnière, la ou il peuvent refuser, fuir en cas de repérage, et « rebondir » sur d’autre client ou patron.


            L’honnêteté est illégale, rare, caché, traqués par les puissant malveillants.


            ++





            • Fifi35 Fifi35 18 janvier 2019 11:38

              @sikorezed
              "Mais bon en police/armée on est a 80-90% de pourriture, en administration 70-80%. Les juges 60-70%, les salariés 50-60%.... Les associations 40-50%...".

              Bonjour,
              Je trouve que vous y allez un peu fort. La majorité des personnes sont honnêtes, mais elles doivent avaler des couleuvres ou partir.
              Lutter contre un pouvoir « corrompu » est bien difficile lorsque l’on a une famille à nourrir. Que l’on soit cadre ou simple employé.
              Pourtant la résistance se fait de façon discrète, et elle bien réelle. Chez les policiers, les juges, dans les associations, certains s’opposent à ce qu’ils considèrent comme étant des pratiques ou des attitudes amorales, non éthique en rapport à leurs convictions. Cela se fait sans publicité, sans confrontation. Cela s’appelle l’adaptation au milieu, condition de survie de toute espèce vivante.
              Je suis d’accord avec toi pour le reste : la loi, l’intégrité, c’est pour « les pauvres », puisque ce sont les dominants qui imposent leurs règles.
              Des règles qui sont rongées petit à petit par l’élévation de l’homme


            • Attilax Attilax 16 janvier 2019 08:53

              La grosse banane, c’est la représentation et une partie importante du peuple l’a bien compris. Croire qu’un électeur est un citoyen, c’est n’avoir rien compris à la différence entre démocratie et république, et croire que nos élites sont à notre service, c’est croire au père noël vu que leur intérêt n’est pas le même que l’intérêt général.

              Ça apparaît clairement aujourd’hui, personnellement je me réjouis que cette hypocrisie vole enfin en éclat aux yeux de tous. On va peut-être pouvoir passer à autre chose.


              • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2019 09:09

                Macron a dit : « Le rétablissement de l’ISF n’améliorera pas le sort des Gilets jaunes ».

                 

                A cet apprenti sorcier je demande : est-ce que l’augmentation des taxes et des impôts améliorent la situation des riches ?

                 

                Ces bobos qui adorent tant le colibri de Pierre Rabhi devraient savoir que dans « ISF » le « S » signifie solidarité.


                • Clark Kent François Pignon 16 janvier 2019 09:22

                  Pas un mot sur le « clientélisme »  ?

                  Partis, élus, syndicats et associations ont tous pratiqué une forme ou une autre de clientélisme en prétendant favoriser une partie de la population dans le but d’obtenir ses suffrages. Et la « population » en question est complice de ces pratiques qu’elle a utilisées pour bénéficier d’avantages de subventions et de promotions pour elle-même ou ses enfants. Sauf que ça marche de moins en moins bien et que les démagogues bluffent alors qu’ils n’ont plus aucune carte en main.
                  Dans certaines corporations comme celle des dockers, le clientélisme est allé jusqu’à l’obligation d’adhérer à un syndicat pour être embauché.
                  Les syndicats ont été des courroies de transmission des partis en France ou du patronat en Allemagne (ce qui explique d’ailleurs le taux de syndicalisation dans ce pays où la carte syndicale est une assurance tous-risques et non l’adhésion à une lutte).
                  Bien que le vote se déroule dans un isoloir, ce soutien a été la manifestation d’une forme de dépendance, de relation « hiérarchique » ou, tout au moins d’une « reconnaissance du ventre ». Une forme de dépendance qui est loin d’avoir disparu mais que les intéressés supportent de moins en moins bien quand ils ont le ventre vide.


                  • BA 16 janvier 2019 11:03

                    Mardi 15 janvier 2019, l’institut de sondage ELABE publie une étude très intéressante sur les Gilets jaunes.


                    Gilets jaunes : 67 % des Français soutiennent le mouvement. Par rapport à la semaine dernière, c’est une hausse de 7 %.


                    Total « soutien + sympathie » : 67 %


                    Total « opposition + hostilité » : 25 %


                    Total « indifférence » : 8%


                    https://pbs.twimg.com/media/Dw8U0aDWwAIyQiI.jpg



                    • Taverne Taverne 16 janvier 2019 12:12

                      « A la croisée des chemins » et donc au carrefour, au rond-point. Quelle route devons-nous prendre ? Devons-nous suivre le panneau « toutes directions » ou bien emprunter des routes personnelles, différentes, en toute co-errances à défaut de cohérence générale ?

                      La seule chose sûre, c’est qu’il faut de bonnes chaussures et délibérer sans cesser d’avancer, plutôt que de se fier sans réfléchir à la voix synthétique du GPS de l’européo-mondialisme et du consumérisme irresponsable


                      • zygzornifle zygzornifle 16 janvier 2019 12:17

                        il faut faire la différence entre les élus de proximité et les professionnels de la politique

                        Bizarre je ne connais que des professionnels , des crotales au puissant venin ....


                        • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 16 janvier 2019 18:15

                          Tout le monde est au même « rond point jaune » : ça clignote mais le feu vert n’est pas permis avant de choisir la meilleure orientation : 

                          https://www.facebook.com/notes/mohammed-madjour/gilets-jaunes-lettre-de-macron-le-dialogue-naura-pas-lieu/3004069742951752/


                          • BA 17 janvier 2019 08:18

                            Un article de Juan Branco explique la corruption qui règne au plus haut sommet de l’Etat :


                            Sur un certain Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement.


                            https://blogs.mediapart.fr/juan-branco/blog/101218/sur-un-certain-benjamin-griveaux-porte-parole-du-gouvernement


                            L’explosion des rémunérations des cabinets ministériels du gouvernement Philippe ne fait que reproduire un système mis en oeuvre par les aînés du gouvernement, à commencer par Emmanuel Macron.


                            Benjamin Griveaux, lorsqu’il était conseiller ministériel, touchait plus de 10 000 euros par mois au cabinet de la « socialiste » Marisol Touraine pour du « conseil politique ». Cela ne suffisant pas, il partit vendre son « influence » à Unibail (« influence », terme que l’élite utilise pour « corruption ») pour 17 000 euros par mois.


                            Sa mission ? "S’assurer que personne au ministère des finances ne propose d’abolir une niche fiscale favorable à l’entreprise." Ses moyens ? Les réseaux que l’Etat lui avait confié.


                            Nous étions en 2014.


                            Entre temps, il octroyait à son ex-futur ami Attal, Gabriel, 23 ans, aucune expérience professionnelle ni diplôme du supérieur au compteur, un salaire de 6 000 euros par mois dans le même cabinet, où il le chargeait de recruter chargés de missions - et parlementaires socialistes qui serviraient à faire en sous-main la campagne de Macron.


                            Attal était, théoriquement, rémunéré pour servir l’Etat, par le ministère de la santé et des affaires sociales. Il avait pour cela voitures de fonction, secrétaires et chefs cuisiniers à disposition. Il mettrait ces moyens au service de son ambition.


                            Au même moment, le cabinet Macron explosait les limites imposées par François Hollande en termes de conseillers. Il n’en comptait pas moins de... six en communication.


                            Stéphane Séjourné, ancien lobbyiste, compagnon de Gabriel Attal, propulsé chez Macron après avoir été recruté chez Huchon, et Ismaël Emelien, ancien d’Havas dont la femme y travaillait et qui ferait attribuer des contrats sans appel d’offre à la multinationale pour des montants supérieurs à 300 000 euros sur les fonds de communication du ministère, y organisaient des événements pléthoriques avec les moyens de l’État pour préparer la campagne d’Emmanuel Macron, séduisaient les parlementaires, bref, préparaient eux aussi au détriment du bien commun l’ascension de leur chef.


                            Gabriel Attal, 29 ans, est devenu député, porte-parole du parti puis ministre grâce au soutien de Stéphane Séjourné, qui dirigeait effectivement le comité d’investitures d’En Marche et s’occupait des nominations du groupe LREM à l’Assemblée.


                            Stéphane Séjourné - qui a masqué sa relation et les renvois d’ascenseur qu’il mettait en place avec Attal sous le prétexte commode de l’impossible outing, alors qu’ils étaient pacsés - a été nommé à l’Elysée comme conseiller politique, tandis qu’Ismaël Emelien - qui y a recruté Ludovic Chaker, lui-même en charge du recrutement d’Alexandre Benalla, en charge de la mise en place d’une « garde prétorienne » que les menus excès de ce dernier ont fait tomber - était nommé conseiller spécial. Toujours rémunérés aux frais de l’Etat.


                            Griveaux est lui devenu ministre et porte-parole du gouvernement, avant de faire exploser ses dépenses en cabinet.


                            Tous ont trahi leurs familles politiques d’origine, mais aussi leurs fonctions et cet Etat qui les a rémunérés et propulsés aux plus hautes responsabilités. Alors faut-il vraiment se montrer surpris que le système qui les a propulsés se remette en place maintenant qu’ils sont au pouvoir, qu’ils octroient des salaires délirants à leurs propres conseillers après s’être eux-mêmes servis ?


                            Faut-il s’étonner que Attal et Griveaux, aux poches bien remplies, soient devenus respectivement le plus jeune ministre de la Ve République et (croit-il), le futur Maire de Paris, le tout sans n’avoir rien démontré ni fait de leur vie, en faisant appel aux services de Mimi Marchand via Ramzy Khiroun, dirigeant de facto de Lagardère Active (et donc patron de facto de Paris Match) pour leur peopolisation ?


                            Faut-il s’étonner qu’ils l’aient fait après que leur « boss », Emmanuel Macron, ait recruté la « papesse du people » sur recommandation de Xavier Niel, son « ami », qui avait lui-même rencontré et utilisé Mimi Marchand alors qu’ils sortaient tous deux de prison, et qui depuis sert et dessert ses amis et ennemis, effaçant les informations qui pourraient les gêner, propulsant les politiques qui pourraient l’aider ?


                            Ce même Xavier Niel dont la fortune dépend de la régulation de l’Etat, qui, en lui retirant des licences, pourrait le réduire à néant comme il l’a rendu milliardaire ?


                            Ce même Xavier Niel qui a investi dans tous les médias parisiens non détenus par des oligarques jusqu’alors, de Mediapart à Le Monde en passant par l’Obs, pour « qu’on ne le fasse pas chier » (dixit), et pour, avec l’aide de son homme de main Louis Dreyfus, s’assurer que les « bons » journalistes seraient recrutés et promus, les autres virés ou inhibés.


                            Ce même Xavier Niel qui, en janvier 2014, lors d’un déjeuner, m’annonçait l’élection de Macron. Macron qui n’était alors que secrétaire général adjoint de l’Elysée, que personne ne connaissait, et qui ferait bientôt les couvertures de tous les médias de Niel, comme il le ferait de tous ceux de Lagardère.


                            Faut-il s’étonner de la série d’articles publiés au coeur de l’été par Paris Match qui dressaient l’hagiographie d’Attal avant sa nomination au gouvernement  ?


                            Que Bruno Jeudy, valet de tous les pouvoirs, ait ainsi répondu aux commandes de Khiroun et Marchand ?


                            Que Lagardère, qui fut client de Macron chez Rothschild avant de devenir son « ami », là-aussi, propriétaire de Paris Match, l’ait autorisé ?


                            Tous ces gens remettent en place à leur échelle le système créé par leur aîné, qui consiste à piller les poches de l’Etat après avoir prétendu se mettre à son service.


                            Rappelons que Macron cumulait les millions à Rothschild à à peine trente ans en y vendant réseaux et connaissances de l’ENA, de l’IGF et la commission Attali. Réseaux et connaissances censés lui avoir été attribués pour servir l’État, et non pas se servir soi.


                            Tous ces gens, par l’élection, pensent avoir été sanctifiés, et par la complaisance que le petit Paris - qui est au courant de toutes ces manoeuvres, les voit et les couvre en direct - leur a octroyé, légitimes pour à leur tour créer leurs réseaux d’affidés.


                            Voilà comme se constituent en France les « miracles » que la presse va bêtement relayer. Voilà comment l’on se retrouve dirigés par des gommeux sans talents, exploitant et pillant les ressources d’Etat au service de leur intérêt.


                            Voilà comment un pays s’effondre dans la médiocrité. Spectateurs des mouvements des grands, finançant leurs ascensions et subissant leurs coups et petits mots lorsqu’ils ont besoin de se défouler, il ne nous reste plus qu’à, ébahis par leur maîtrise, les féliciter.


                            Ces êtres ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption.


                            https://blogs.mediapart.fr/juan-branco/blog/101218/sur-un-certain-benjamin-griveaux-porte-parole-du-gouvernement



                            • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 17 janvier 2019 11:07

                              Dernière nouvelle en provenance de l’agence Pinocchio :Ici.


                              @+ P@py

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