A la découverte du Bon Soldat d’entreprise
Suite de nos rendez-vous de l’été pour découvrir le monde mystérieux de l’entreprise. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à un personnage emblématique d’une grande entreprise : le bon soldat. Celui qui dit toujours « oui », celui qui largue la bombe sans se demander le nombre d’habitants se trouvant en dessous.
Qu'est-ce qu'un bon soldat ?
Un bon soldat est un employé qui ne réfléchit pas. Il suit les ordres sans se poser de questions. Il laisse les questions aux autres, enfin pas à tous les autres, plutôt à sa hiérarchie.
A quoi sert le bon soldat ?
Une entreprise médiocre ne saurait fonctionner sans le bon soldat. Celui-là même qui va aller s’écraser contre un mur à l’endroit où on a dessiné une croix, juste parce que son chef lui a dit de le faire. Sa capacité de se rebeller est assez limitée, tout juste sera-t-il tenter de demander « à quelle vitesse dois-je m’écraser, chef ? ».
Le principe du fonctionnement d’un bon soldat est assez simple. En gros, il se croit dans l’armée, en conséquence de quoi il ne questionne jamais les ordres (et se lève tôt le matin en plus, ce qui le rend doublement con). Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une certaine forme d’intelligence, voire de l’esprit critique. Cependant il estime qu’il n’a pas toutes les billes en main pour décider, et il s’en remet entièrement à la clairvoyance de ses chefs (preuve de l’impossibilité qu’a son esprit critique à se déployer au-delà des barrières qu’on a érigées autour de lui). Pris à part, la lucidité du bon soldat est fascinante. Il sait qu’il va se prendre le mur, il sait même qu’on ne trouvera pas de traces de pneu au sol après qu’il se soit écrasé, cependant il fait une confiance aveugle à sa hiérarchie (« le mur n’existe pas », Matrix revisited). Cela ne va pas sans poser quelques questions d'ordre philosophique. Ainsi, la confiance aveugle saurait-elle être coupable ?
Il est à noter enfin que le bon soldat est nécessairement quelqu’un de reconnu dans l’entreprise pour sa compétence, voire son intelligence (soyons fous). Ainsi, il sert de caution à sa hiérarchie qui le présente souvent comme l’expert bien pratique qui validera devant la Direction Générale les plans prévus. C’est son engagement sans faille qui souvent provoque le crash final, car délaissant son rôle d’alerte, ou le jouant en dessous du seuil audible, il devient le complice éclairé d’une conspiration de la médiocrité.
Après le mur
L’avantage du bon soldat est qu’il ne meurt jamais. Il ne saurait, en effet, être le bouc émissaire des désastres qu’il provoque malgré lui, trop insignifiant qu’il est pour simplement se faire punir. Alors on le recycle à l’infini, et il trouve de nouvelles batailles à perdre, au garde-à-vous.
Quelque part, je l’admire.
Quand il ne me fait pas de la peine.
- Je voudrais être un bon soldat ! dit Luke
- Personne par le respect de la hiérarchie ne devient bon, répond maître Solda.
En tout cas, vue la chaleur ambiante, un bon solda ne me ferait pas de mal. Au citron tiens.
C’était l’article fainéant du jour.
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Relisez :
- A la découverte du gourou d’entreprise
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